Dans la Vallée de la Drôme et sa Biovallée ®, dans la vallée du Rhône (une écologie industrielle qui veut détruire 500 ha de terres agricoles fertiles...) et ailleurs, le concept d’"écologie industrielle" devient à la mode, tel un nouveau machin miracle qui permettrait de concilier poursuite du système industriel et préservation du vivant et des équilibres naturels féconds. (la question des inégalités sociales et du partage des richesses sont moins abordés...)
Ainsi, l’Usine Vivante organise à Crest le 9 octobre l’atelier "Construire une démarche de coopération inter-entreprises avec l’écologie industrielle et territoriale" basé sur la démarche EIT réalisée dans la Biovallée ®. Ca fait une belle collection de jolis mots non ?
Mais ce concept fumeux d’"écologie industrielle" ne résiste pas à l’analyse, et apparaît comme un nouveau moyen, un nouveau vocabulaire, pour tenter de faire croire que la civilisation industrielle pourrait devenir écologique, durable, soutenable, désirable.
Pire que ça, l’écologie industrielle semble parfois vouloir considérer les industries comme de simples éléments des écosystèmes naturels dont elles seraient un maillon.
Mais une pseudo écologie des industries ne rendra pas Lubrizol moins dangereuse, et ne diminuera pas les émissions de CO2 et les destructions dues à l’extractivisme et au productivisme, tout simplement parce qu’un système de croissance, de développement, absorbe ici ou ailleurs toutes les énergies et matières premières disponibles, et en redemande, en dépassant toutes les limites, c’est l’essence de son fonctionnement. La course au profit et les règles de la concurrence généralisée impliquent de faire plus gros, plus productif, avec moins de travailleurs, d’invertir dans des nouvelles technologies coûteuses, et donc de produire plus pour rentabiliser et de consommer plus pour absorber les productions. Ce qui augmente au final les émissions de CO2, les pollutions, la destruction des terres agricoles et des zones naturelles, ce qui détruit le climat et le vivant partout.
Dans le cadre capitaliste, faire des économies d’énergies et recycler permet de faire des économies d’argent (les entreprises adorent), d’augmenter les marges (les actionnaires adorent), et permet à d’autres industries d’utiliser l’énergie et les matières premières libérées, ici ou ailleurs, et au final davantage d’énergies et de matières premières sont utilisées.
Quand le pétrole manquera vraiment, le système industriel sera ravi de pomper la biomasse, l’énergie solaire et éolienne pour continuer son business. Et les restes de pétrole seront utilisés jusqu’à la dernière goutte partout où il ne pourra pas être remplacé par autre chose. etc.
Quelques articles analysent la fumisterie plus en détail :
- Biovallée ® aime la soupe d’euros de TIGA, tant pis si elle est rouge sang - 19,4 millions d’euros pour du capitalisme « vert » qui continue le désastre ?
- Le capitalisme ne sera jamais vert (Daniel Tanuro)
- Pour 2019, Macron souhaite une « écologie industrielle », mais pas nous - « Le but premier de l’écologie industrielle n’est paradoxalement pas l’écologie : ce qui est en jeu ici, c’est bien l’idée de perpétuer coûte que coûte un système économique non viable et une production toujours plus grande. » (...) Mais en réalité, l’écologie industrielle prétend moins fabriquer des industries écologiques qu’une écologie des industries
- Catastrophisme, pétitionisme ou petitsgestime : comment se prétendre écolo et rester bourgeois
- Cyril Dion et le mythe d’une société éco-industrielle (par Nicolas Casaux)
- L’écologie industrielle appliquée à l’aviation : Avec Air France, compenser les émissions carbone des riches peut nuire gravement à la santé des pauvres - Pour lutter contre le changement climatique, Air France finance un projet de lutte contre la déforestation à Madagascar, mis en œuvre par le WWF et GoodPlanet. Vu du ciel, ce projet contribue à conserver la biodiversité, à stocker du CO2, tout en aidant au « développement humain ». Mais pour les villageois concernés, la réalité est toute autre : ils n’ont plus accès aux terres qu’ils cultivaient et attendent de véritables compensations. Si Air France prétend faire du ciel « le plus bel endroit de la terre », il n’en est pas de même au sol. Enquête à Madagascar.
Si on ne sort pas du cadre capitaliste et de la civilisation industrielle, les meilleurs efforts pour "verdir" la production, la rendre "circulaire", recycler, économiser les ressources, ne mèneront qu’à l’augmentation des désastres.
La Vallée de la Drôme et sa Biovallée ® va-t-elle franchement s’éloigner du capitalisme et de son développement économique ?
Le capitalisme ne sera jamais vert
Pour se désintoxiquer pour de bon des mythes de l’écologie industrielle, de la croissance verte et du développement durable, quelques articles :
- La transition anti-écologique : comment l’écologie capitaliste aggrave la situation (par Nicolas Casaux)
- Les Illusions renouvelables Énergie et pouvoir - Énergie et pouvoir : une histoire
- Philippe Bihouix : « le mensonge de la croissance verte »
- Aujourd’hui il y a deux écologies, incompatibles - L’une entend libérer la Terre de sa dévoration capitaliste. L’autre écologie, gouvernementale, accentue le contrôle social et poursuit l’accélération de la catastrophe
- Capitalisme vert : ils détruisent le monde en prétendant le sauver
- L’écologie médiatique des médias de masse et des ONG poursuit les illusions et le désastre - Décarboner l’économie ne réglera pas grand chose - S’allier aux structures destructrices aide à les faire durer
- Grâce à mes choix de consommation et au boycott, je participe à la lutte contre le système et à la création d’un monde plus juste ?
- Ecologie médiatique extrémiste ou écologie radicale ? - Mais que proposez-vous donc au lieu de critiquer « tout le monde » ??!
- De Paul Hawken à Isabelle Delannoy : les nouveaux promoteurs de la destruction « durable » (par Nicolas Casaux)
- Decroissantisme, une économie de la sobriété - la sortie de la pauvreté dans les pays riches est une question de justice sociale et non de croissance économique
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