Quand Écologie rime avec Alexie

Ou la grande fumisterie des rencontres de l’écologie au quotidien

mercredi 23 janvier 2019, par Rhizome.

Allez, c’est l’occasion d’apprendre un nouveau mot ! « Alexie », c’est le mot que j’ai trouvé pour rimer avec le mot « écologie » tel qu’il est développé dans «  les rencontres de l’écologie au quotidien » qui se tiendront à Die du 25 janvier au 3 février prochain.
Vous remarquerez que cela nous permet de faire une belle rime riche, ce qui vient appuyer le coeur de ses rencontres : la richesse, pécuniaire j’entend…

Et alors, ça veut dire quoi ? Ça veut dire : AVEUGLE

- Oui, puisque quand nous lisons le programme de ces rencontres, comme chaque année, à aucun moment le système capitaliste, l’état, ni même le rôle des multinationales et autres grandes entreprises ou industries n’est remis en cause.

- Oui, puisque quand nous lisons le programme de ces rencontres, il nous conforte bien dans l’idée que le bien être personnel nous dédouane de devoir faire vraiment autrement.

- Oui, puisque quand nous lisons le programme de ces rencontres, nous pouvons aussi avoir un petit haut le coeur quand à l’accessibilité tarifaire, le message est clair : « si t’as pas de tunes, t’es pas écolo ! », ah oups, j’avais pas pu que « si t’as pas de tunes, tu peux aussi aller négocier à l’entrée », trop fastoche ça au moins ça met à l’aise !

- Oui, puisque quand nous lisons le programme de ces rencontres, nous pouvons rapidement nous rendre compte qu’il est fabriqué par des blancs bien pensant issus d’une seule catégorie sociale.

Ce n’est pourtant pas cela que nous annonce l’édito : « Notre société à besoin plus que jamais de l’émergence d’un nouveau "nous", un "nous" qui réunisse les femmes et les hommes, les citoyens et citoyennes engagés en faveur du respect des droits, de l’égalité, et de la liberté, face aux discriminations de toutes sortes.

Ensemble, engageons nous ! » Aïe, Aïe, Aïe ! C’est qui « nous » déjà ?

Alors nous pourrons y parler :
- des fleurs, symboles de l’amour à l’état pur, il aurait peut être mieux valu parler des fusils, symboles de l’amour de l’état pour la pureté de la nation capitaliste
- de la marche avec l’association « Die nous le chemin », oups, j’ai cru que c’était une association chrétienne
- de responsabilité citoyenne, oui, c’est vrai qu’avec nos trois ampoules et nos quelques douches, on oublie souvent que l’on ne représente que 4% de la catastrophe écologique
- d’écologie (d’)intérieure
- de sécurité d’existence collective (heu), de liberté et citoyenneté universelles (sic), de justice (re-sic), d’égalité de tous les être humains (ouille) - eh, oh, on n’a pas élevé les cochons ensemble hein !
- de si les escargots ont un droit et même de se mettre dans la peau d’un arbre, et comment faire des bains de forêts (euh, ça nettoie quand on n’a pas d’eau chaude ?), on pourra aussi pleurer sur l’épaule d’un chevreuil, à ça, c’est les chasseurs qui vont pas être contents !
- de la démocratie intérieure … c’est vrai que quand elle n’existe pas à l’extérieure, nous pouvons toujours la chercher à l’intérieur.
- de techniques de manipulation des foules, ce serait presque de la mise en abîme non ?
- de manger mieux pour agir en citoyen responsable - sur que si le porte monnaie suit, c’est grave la classe. Mais à 70e le panier moyen au magasin biobio du coin … heu, comment dire ?
- de l’occident …. et les autres, une manière bien affirmée de parler de notre suprématie (si si c’est écrit)
- de la viande, ah oui, parlons en ! ah mince, encore une fois c’est à nous petit citoyens de faire attention, ce serait plutôt les grandes industries qu’il faudrait mettre à l’amende, ou l’encadrement démesuré des petits éleveurs, ou la pression des grands groupes sur les petits éleveurs ?
- des pommes sauvages du kazakhstan … et de l’abhération de l’impact du commerce mondial quand pour 44000 tonnes de coupes de poulets désossés nous en exportons 51000, pour 10,2 millions de kilos de lait et de crème importés nous en exportons 9,9, pour 1,5 millions de kilos de pommes de terres exportées vers l’allemagne, nous en importons 1,5 millions depuis ce même pays (source : manuel de transition écologique) ?? orf, ça non, on n’en parlera pas non plus.
- du journalisme de solutions, c’est vrai que quand on lit médias-citoyens-diois, le blog d’un des fondateurs des rencontres, on peut y lire des articles diffamatoires, le planning des café-citoyens de Célia Lavergne, tous un tas d’articles anti-gilets jaunes et j’en passe !

Nous pourrons aussi parler migrations, mais avec des sociologues, et puis accessoirement des réfugiés (vous savez, pas ceux.celles qui sont entré.e.s de façon irrégulières sur le territoires, non des réfugiés, des vrais !)

Se tiendront même des discussions telles que « que ressort-il des consultations citoyennes sur l’avenir de l’Europe ? » avec les sbires même de la Maison de l’Europe. C’est un peu envoyer le Cheval de Troie non ? Tiens, ça me fait penser aux concertations publiques dans lesquelles tout est déjà décidé d’avance.

C’est bien là la marque d’une opération marketing empaquetée, sans réelle proposition de débat, tout est déjà décidé d’avance au vu des personnes invitées qui représentent tout bonnement, sur les quelques événements qui se veulent traiter du sujet dans le « fond », les instruments de la mise en scène du « débat démocratique » qui nous ligote au quotidien.

Et puis comme tout n’est pas à rejeter en bloc, allez, un petit coup de nucléaire parce que ça, c’est le moment d’en parler quand même avec nos centrales qui arrivent à date de péremption ; le film « les coriaces sans les voraces » qui revient sur la lutte des fralib qui ont récupérés leur usine de thé de la délocalisation et sauvé leurs emplois en transformant l’entreprise en scop ; du démantèlement de la jungle à Calais avec le film « Regarde ailleurs » ; pi un peu d’autonomie collective pour relever le niveau. Mais bon, ça fait un peu léger sur tout un programme.

Ce qui est drôle quand même, c’est que vers la fin du programme, d’ailleurs, après la fin du programme, puisque cela se passera les 8 et 9 février donc en dehors des rencontres à proprement parlé et de surcroit, à Eurre (parce que dans le diois, faut pas trop causer d’autre chose que de développement personnel ?), on commence enfin a entendre parler du problème de la croissance.

Cela reste un peu flou…avec un mot incompréhensible « capitalocène ». Ah, j’ai trouvé, dans la revue l’esprit libre, ils en parlent ! C’est encore un de ces concept théorique et bien empaqueté dans un paquet avec écrit dessus « attention, réservé aux intellos de gauche qui ont le temps de s’en préoccuper » qui nous est dépeint. Avec cette phrase en introduction : « Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme » Slavoj Žižek. Donc c’est bien l’esprit éveillé dans un corps sain que ces deux derniers événements nous proposent de tenter de détruire le capitalisme (mais bon quand même c’est dur hein ?) et de rétablir une écologie censée en mangeant bio pour 25e le repas, en digérant mieux, en dansant après le déjeuner, et en parlant aux arbres ! Oui, bon, c’est vrai qu’alexie, on savait pas trop non plus ce que c’était au départ. Et maintenant, on comprend mieux.

Ah oui on pourra aussi se dire qu’on s’aime ! Mouha bisou bisou.

Sans oublier ce grand proverbe nordiste « Il vaut mieux craindre le silence des pantoufles que le bruit des bottes ….. » et croyez moi, les nordistes ne rigolent pas avec l’écologie !

PS : nous pourrons également mentionner qu’un des lieux qui accueille plusieurs événements dans le cadre de ces rencontres, le Metro’s bar, a refusé à plusieurs reprises l’année dernière de servir des personnes de couleurs ou d’un look un peu trop punk. (sic). Le patron de ce lieu ainsi que son fils sont d’ailleurs impliqués dans une sale histoire d’agression physique ces derniers jours à Die, qui n’est pas la première attaque xénophobe émanant de ce bar. En terme de discrimination et de non-violence, c’est moyen ageux … moyen tout court


Forum de l’article

  • Quand Écologie rime avec Alexie Le 24 janvier 2019 à 11:30, par jef jaquier

    Là je dois m’élever haut et fort, au nom de la défense de la Poésie, contre cette définition de la rime riche, qui ferait se retourner dans leur tombe tous nos grands poètes, et tomber de leur chaise Rimbaud, Baudelaire ou Georges Pompidou : alexie et écologie ne forment tout au plus qu’une rime pauvre.

    Que je vous rappelle, cf linternaute, la définition de rimes riches : "
    En poésie, rimes possédant trois homophonies entre voyelles toniques et consonnes, et ce dans quatre combinaisons différentes : voyelle/consonne/voyelle, consonne/voyelle/consonne, consonne/consonne/voyelle ou voyelle/consonne/consonne. _

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