Le sport est toujours une des vaches sacrées indéboulonables de la civilisation, qu’il est mal vu de critiquer dans ses principes mêmes.
Dans le sport moderne comme dans le capitalisme, les corps deviennent des machines à compétition ou à profit, des mécaniques à gagner, les personnes n’existent pas :
Le sport n’est pas ce que je croyais - Valentin Sansonetti a dédié une partie de sa jeunesse au tennis de haut niveau. Puis, il en a entrepris la critique méthodique, en proposant un autre horizon, non-capitaliste, au sport. Il le raconte dans une conférence gesticulée passionnante et, pour Frustration, relate son expérience et ses constats
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Les « valeurs du sport » sont en réalité les valeurs du capitalisme. Le « goût de l’effort », la « confiance en soi », le « dépassement de soi », « l’intégration » ou même « la solidarité », sont-ils des mots d’ordre issus d’un séminaire de coworking, ou d’un terrain ? Émanent-ils du manageur ou de l’entraîneur ? Si ces expressions sont totalement transposables d’une situation à l’autre, ce n’est pas un hasard. Remplaçons « sport » par « travail » dans le discours sur « les valeurs » et le tour est joué : la magie du sport, la magie de l’entreprise. Le sport n’obéit qu’à une seule chose, la performance : il la mesure, établit des records – qui n’existent que pour être battus –, exigent toujours plus de nos corps et instaure une concurrence permanente entre tou·te·s les individu·es. Le capitalisme ne fait pas autre chose : il pressurise les corps pour dégager toujours plus de profits, exige à chaque instant une meilleure productivité, davantage d’efforts, et met en compétition tou·te·s les travailleurs et les travailleuses les un·es contre les autres.
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- Le sport, c’est comme le capitalisme, une compétition mortifère
- Mort au sport et à ses infrastructures industrielles !
Le sport c’est sacré, le système tolère à la rigueur une critique de certains de ses aspects, comme le dopage, une marchandisation démesurée, un stade délirant construit au Qatar sur les cadavres de tas d’ouvriers, mais pas touche au principe compétitif, au culte de la performance.
C’est comme la politique, on peut critiquer les magouilles des élus, leur nullité, mais c’est mal vu de dire qu’on n’est pas en démocratie et qu’on veut abolir l’Etat.
Ou comme le capitalisme, ok pour critiquer les multinationales du pétrole et les super-profits des milliardaires de la tech, les privatisations démesurées des communs, mais en revanche pas touche au marché du travail, au principe marchand, à l’argent, à la nécessité de la valorisation du capital, à la concurrence, à la propriété, à la méritocratie...
Ou comme la technologie, ok pour rejeter la 5G, les caméras biométriques, les OGMs, les fusées pour Mars ou le Métavers, mais il est malvenu de vouloir l’abolition des centrales électriques centralisées, des complexes industriels, des autoroutes et des TGV.
Le sport moderne, la compétition sportive institutionalisée, est néfaste à plusieurs niveaux. Il sert donc un monde indésirable, il en fait complètement partie.
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Certains supporters arrivent malgré tout à détourner le sport moderne de masse (le foot notamment) pour en faire un support de lutte sociale et d’organisation populaire rebelle, mais sinon l’horreur du sport apparaît partout.
Il y a pourtant tant d’autres manières de faire de l’exercice physique, de s’activer seul ou à plusieurs : jeu, compétition ludique sans enjeux, sexe, promenade méditative, travaux physiques type permaculture ou construction, danse, émeute, voyage et découverte non touristique, manifs...
On voit par ailleurs la folie du sport s’étendre aussi au marché du jeu vidéo industriel qui alimente l’économie de marché en détruisant la Terre.
Des jeunes déjà dopés aux écrans et au numérique sont encouragés par des élus et des capitalistes à s’enfoncer dans la compétition, le stress, les troubles musculo-squeletiques, la vie asociale, etc.
Il ne suffit pas à la civilisation industrielle de foutre en l’air le climat et de détruire méthodiquement les écosystèmes et les êtres qui les habitent, il lui faut aussi détruire les êtres humains et l’ensemble de leurs relations sociales.
Mort au sport (au sport compétitif, moderne, capitaliste) !
Mort au sport et à ses infastructures démesurées, mort à ses chaines tv, ses journaux sportifs, ses produits dérivés, ses paris sportifs pompe à fric, son esprit, sa capacité à détourner l’énergie, ses modes, ses articles de sport high tech, ses machines à moteur (auto, moto, bateau...), ses objets en matériaux composites et en nanotechnologies, ses pubs, son cash...
Mort au sport, vive la liberté des corps, notre énergie musculaire et notre persévérance mentales peuvent être tellement belles à tant d’autres endroits.
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