A Crest et un peu partout, les communes soutiennent les actions citoyennes bénévoles de nettoyage de l’espace public (bords de rivières, pourtours d’immeubles...).
On peut sans doute se réjouir d’une forme de responsabilisation collective face aux déchets qui traînent de ci de là.
Néanmoins, il faudrait aussi, et bien davantage, prendre le problème par l’autre bout, à la racine, celle de la production et de la distribution de ce qui créée des déchets polluants, et du système productiviste qui plus globalement ravage la planète.
- La préoccupation médiatisée pour les déchets et le tri remplace les actions pour mettre fin aux causes des pollutions généralisées
- Les fruits et légumes, bio ou pas, souvent emballés de plastiques
Alors que les plastiques de toute taille, des objets aux microplastiques invisibles, submergent toute la planète et s’infiltrent dans la plupart des organismes vivants, voilà que la préoccupation majeure des autorités est de ramasser quelques déchets et de tenter de les trier par des dispostifs coûteux.
Pendant ce temps les usines polluantes tournent à plein régime, les hypermarchés et le commerce en ligne s’étalent, des tas de machins jetables continuent d’inonder les marchés, les emballages n’arrêtent pas de se multiplier, y compris dans les magasins dits « bios ».
On voit même des fruits coupés en morceaux vendus en barquettes plastifiés dans les supermarchés (tomates, kiwis, oranges, concombres...) ! Fatalement, dans une société vouée à la marchandise et aux profits, les exigences du marketing et du gras business l’emportent toujours sur la sobriété, l’écologie et le bon sens.
La civilisation industrielle et son capitalisme réclament forcément toujours le productivisme, la croissance et la consommation.
Et donc la masse des objets et des déchets continue globalement d’augmenter malgré les petites timides et tardives initiatives d’interdire certains objets jetables en plastique (gobelets, pailles, sacs...).
Même si par extraordinaire tous les déchets étaient récupérés, triés, compactés, brûlés, enterrés, et qu’aucun plastique ou autre ne volerait dans la nature, la catastrophe continuerait.
Avec des vêtements contenant en masse des fibres plastiques, les microparticules se retrouvent dans les rivières et océans via les machines à laver.
Et puis l’énergie nécessaire pour produire et trier ses plastiques et autres polluants est colossale, et puis les rejets industriels sont rarement propres à 100%, et puis l’extraction des matières premières entraînent consommation d’énergie, pollutions et destructions d’écosystèmes, et puis les déchets des entreprises et des matériaux de construction industriels continuent, etc.
- La préoccupation médiatisée pour les déchets et le tri remplace les actions pour mettre fin aux causes des pollutions généralisées
- Les besoins marketing font des consommateurs incapables d’éplucher une orange ou un concombre
Les exortations libérales à la responsabilisation individuelle (« t’as qu’a pas aller au supermarché, t’as qu’a acheter que du bio local, t’as qu’à avoir du fric pour t’acheter un terrain et y construire ta maison « naturelle », etc. ») sont aussi un pis aller, qui culpabilisent, sont irréalistes et ne vont pas suffire. On a besoin de ruptures radicales, de changements structurels et collectifs, pas juste de micro-gestes personnels et de « consomm’action ».
Les déchets, triés ou pas, ne sont qu’une petite partie visible de l’iceberg géant des nuisances industrielles et capitalistes.
Médias de masse, citoyens vertueux, et communes soucieuses de se créer une bonne image « verte » à pas cher mettent la focale là-dessus, c’est porteur et ça détourne l’attention des soubassements gargantuesque de l’iceberg.
Mais à part ça et quelques autres bricoles du même tabac (quelques composteurs publics, quelques pistes cyclables...), on observe plutôt partout le règne du « business as usual ».
Le tri et le ramassage des déchets, même si ce n’est pas inutile, servent, consciemment ou pas, à masquer les problèmes de fond, à se donner bonne conscience pour continuer le même système de production et de distribution glouton, à faire durer cette civilisation industrielle dévastatrice en faisant croire qu’elle pourrrait s’améliorer, devenir vivable, démocratique et respectueuse du vivant.