Gilets jaunes - Revue de presse du 1-2-3 juin

Bloquages, péages gratuits, les sociopathes au pouvoir, marche des mutilés par la police, guerre pour l’environnement, arctique, méthane, LREM hors de nos quartiers...

lundi 3 juin 2019, par Auteurs divers.

Articles, posts, images, vidéos, témoignages... autour du soulèvement en gilets jaunes qui dure depuis le 17 novembre 2018.

Manifestations, résistances et actions

# LA ROCHELLE : LE RETOUR DES BLOCAGES - Un dépôt de carburant bloqué par des barricades à base de caravanes renversées -
Retour aux sources : à La Rochelle, des Gilets Jaunes ont organisé hier, vendredi 31 juin, une action de blocage surprise. Ils ont barricadé l’accès au dépôt de carburant avec des feux et des caravanes renversées en travers de la route.
Ils n’ont malheureusement pas pu tenir l’objectif fixé : bloquer tout le weekend. Les forces de l’ordre sont venues expulser les Gilets Jaunes. Qui sont partis après avoir enflammé la barricade.
D’autres actions ont été organisées pour le weekend de l’ascension : blocage de l’entrepôt Amazon en Isère, péage gratuit sur l’autoroute A1 au niveau de Senlis ...
En novembre et décembre dernier, au plus fort de la révolte, les blocages économiques de sites stratégiques se sont multipliés sur tout le territoire au même moment. Conjugué aux manifestations d’une énergie incroyable, ce mode d’action est le seul à même de faire trembler le gouvernement.
Bloquons tout !

# On en a marre de croiser tous les quatre matins des contrôleurs qui prennent un malin plaisir à vous coller leurs amendes, avec le sentiment d’avoir bien fait leur travail, avec leur bonne conscience d’avoir servi la collectivité, bref d’avoir choppé un pauvre et de lui administrer 70 euros de dettes. (...) Nous savons aujourd’hui que le pouvoir cherche à délégitimer et disqualifier toute conflictualité politique, sociale et écologique qui pose la nécessité d’une transformation radicale de nos conditions de vie et d’existence. A travers ce dispositif judiciaire « d’association de malfaiteur », c’est toute action collective et politique qui est susceptible d’être criminalisée comme nous en faisons massivement l’expérience aujourd’hui, que ce soit pour des manifestations, des blocages économiques ou des occupations de lieux de pouvoir. Ce chef d’inculpation permet de présenter au public un acte politique comme un acte de délinquance insensé et sans objectif.
Ce langage juridique masque simplement des opérations politiques qui visent à contenir et éteindre ce qui ne cesse de se rallumer : le dégoût de l’ordre économique et capitaliste qui détruit littéralement nos conditions de vie sur terre, et la rage de voir nos camarades incarcéré-es, blessé-es, mutilé-es. Nous faisons tous aujourd’hui les frais de la répression, gilets jaunes, syndicalistes, écologistes, habitants des zad et des banlieues. (...)

# Gilets jaunes : relancer le mouvement en frappant là où ça fait mal : 🛑"L’expérience montre que les actes les plus efficaces ont été ceux qui ont vraiment fichus la trouille au pouvoir et à son camp retranché.
Voilà pourquoi une stratégie de guérilla est désormais bien préférable à des démonstrations de masse épuisantes et stériles :
frapper là où ça fait mal : la multiplication des blocages de dépôts pétroliers ou de plateformes de grande distribution, la neutralisation de radars ou de péages, même de très courte durée, est bien plus usante pour le système qu’une « grève illimitée » d’une journée ou qu’une centaine de défilés en chansons bonnardes ;
frapper là où ça leur fait peur : les comités « d’accueil » qui marquent désormais à la culotte tout déplacement du président de la République, l’intervention à mains nues d’un boxeur décidé, l’invasion impromptue du ministère Griveaux ou la dernière intervention coup de gueule devant le domicile de la ministre Schiappa, sont beaucoup plus déstabilisantes pour les acteurs du régime que les démonstrations planplan répétitives du samedi."

Maison du peuple

# ** MAISONS DU PEUPLE **
La mode des GJ semble être à l’ouverture de maison du peuple. Un espace a été ouvert ce weekend à Marseille et un autre à Toulouse. En espérant que cela donne des idées à d’autres villes. Pour plus d’infos :
Maison du peuple Marseille
Maison du Peuple de Toulouse et alentours

Analyses, idées

  • Les sociopathes (de France Télécom à Macron) (...) « Sociopathe » désigne cette catégorie d’individus étrangers à toute régulation de la moralité élémentaire et parfaitement insensibles à la souffrance d’autrui, on pourrait même dire à l’humanité des hommes. Lombard, Wenès, Barberot : ce sont des sociopathes. D’humanité, ou plutôt de sa disparition, il est question dans le témoignage du médecin du travail qui a eu à connaître de France Télécom, et parle d’« une violence insoutenable, une inhumanité qu’elle n’aurait jamais imaginée dans cette entreprise ». (...) Toute l’organisation est mise sous tension par l’impératif de la valeur pour l’actionnaire dans un contexte de concurrence externe suraiguë, et toute l’organisation sait, dans ces conditions, que le jeu du profit se jouera à la productivité, donc à la réduction de la masse salariale. Par conséquent que la guerre concurrentielle externe va se réfracter au sein de l’organisation en guerre concurrentielle interne. Quand chacun lutte pour sa propre survie, il n’y a pas à s’étonner que la plus extrême violence se répande partout : réduire les individus à devoir lutter pour leurs intérêts vitaux, c’est organiser leur devenir-sociopathe : plus rien ne les intéresse que leur autoconservation, dont les « autres » deviendront s’il le faut le simple moyen. (...) Ainsi, la caractéristique qui, très au-delà du cas France Télécom, atteste le mieux la généralité des structures néolibérales, c’est qu’elles étendent désormais leur pouvoir d’empoisonnement à l’univers public. C’est que la logique normalisatrice de la finance — le vrai pouvoir hégémonique dans le néolibéralisme — est parvenue à infester tous les recoins de la vie économique. Quand ça n’est pas sous la forme actionnariale, c’est sous la forme de l’orthodoxie budgétaire et de la dette, c’est-à-dire — encore — sous surveillance des marchés, mais cette fois des marchés obligataires. Aussi le secteur public ne s’en retrouve-t-il pas moins sous une férule semblable, d’ailleurs opportunément rebaptisée « néomanagement public », déclinant avec la même ferveur imbécile les motifs d’abord conçus à l’usage du secteur privé sous contrôle actionnarial : objectifs, productivité, benchmarking, rating, monitoring, reporting. En conséquence, c’est dans les hôpitaux qu’on se jette par la fenêtre. Sans doute bientôt dans les collèges. (...) Le sociopathe peut faire tuer, faire mutiler, et continuer d’arborer le même sourire entre stupide et effrayant, la même éclatante et terrifiante satisfaction de soi. Dans la version pour abruti, Castaner, lui, va en boîte pour « se relaxer ». Dans la version pour violent à sang froid, le préfet Lallement jouit du travail bien fait dans le silence de son bureau
  • « Si on ne dérange pas, on n’aura rien » : Eric Drouet sur l’évolution du mouvement des Gilets jaunes

# EN SOMMES NOUS FACE A L’INCOMPÉTENCE DE LA POLITIQUE ? - Post de Cerveaux non Disponibles : Aujourd’hui, 2 juin, Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’intérieur annonce qu’il n’est pas question de supprimer le LBD. Que cela soit pour les Gilets Jaunes où dans les quartiers la lecture est la même : Aveu d’une incompétence à régler les problèmes sociaux et préférer la brutalité pour que rien ne change.
La réalité de la politique des gouvernements c’est qu’ils n’ont plus besoin de caresser les classes moyennes dans le sens du poil comme avant. Le choix est guerrier. Comme il l’a toujours été dans les quartiers, comme il l’a toujours été quand ils n’ont plus rien à vendre et quand ils peuvent nous faire acheter de force. L’échiquier est tel que de toute façon la rentabilité est assurée. De gré ou de force. Nous paierons les augmentations le flashball sur la tempe s’il le faut, nous irons au travail la boule au ventre ou serons poussés au suicide s’il le faut. Les grèves, blocages et toutes autres contestations sérieuses seront réprimées brutalement. L’Etat n’apparait alors plus que comme une seule chose : une armée d’occupation. (...)

Ecocide, destructions écologiques et climatiques catastrophiques provoquées par le capitalisme, le productivisme et les civilisations industrielles

# Destruction de l’environnement : « Il va bien falloir prendre parti dans la guerre en cours, entre les managers et les alliés du vivant » - D’un côté la biodiversité disparaît à grande vitesse, à cause des pesticides, du bétonnage et de la déforestation industrielle. De l’autre, de plus en plus de populations et territoires se soulèvent contre ces projets funestes. Dans son ouvrage Être Forêts, habiter des territoires en lutte, le philosophe et bâtisseur Jean-Baptiste Vidalou se penche sur la forêt, lieu de résistances à l’exploitation de la terre et des hommes, défendue par « ceux qui élaborent et font vivre des communs » : « Un monde pluriel, attaché à des territoires, des animaux, des plantes, un monde qui favorise l’hétérogénéité du vivant plutôt que l’homogénéisation capitaliste. » Entretien. (...) Cela a sans doute toujours existé, mais le fait politique majeur des dix dernières années est que les luttes les plus intéressantes, et celles qui durent, sont des luttes territoriales. Sans doute parce que notre rapport à la terre, je veux dire à la terre non comme entité globale, non comme système à gérer, non comme méga-machine, mais la terre comme réalité sensible à laquelle il s’agit de se lier et de penser avec. Ce rapport politique à l’élément terrestre est devenu incontournable. Et ce n’est plus qu’une question d’écologie laissée aux seuls partis ou associations censées représenter et gérer ces problèmes, mais une perception commune de plus en plus partagée.
Face à l’aménagement et à sa caste d’experts hors sol – qui entend faire perdurer sa vision d’une nature à transformer pour les seuls besoins de l’humain et de son progrès, quoiqu’il en coûte – les « terrestres », ceux qui luttent, ceux qui défendent un territoire, ceux qui élaborent et font vivre des communs, disent « Non, vous ne passerez pas avec vos machines et votre police, détruire nos habitats, détruire nos animaux, détruire nos jardins, détruire nos corps » ! C’est quelque chose qui sera toujours réactualisé malgré les défaites et les blessures. Parce qu’il s’agit – ni plus ni moins – d’une guerre au vivant.
(...) Toute l’histoire du management moderne, de la conduite entrepreneuriale, et de la gouvernance, est attachée à la figure de l’ingénieur polytechnicien telle que portée par le saint-simonisme, dont le but avoué était de retirer le pouvoir des mains du politique pour le donner aux industriels. L’aménagement du territoire tel qu’il est organisé aujourd’hui n’est qu’une application de cette pensée planificatrice. (...) C’est ce que pratiquent encore bien des peuples et c’est ce que certains groupes, qui repensent leur lien à la terre, essaient d’imaginer en termes de « communalités » où le travail collectif en forêt n’est pas incompatible avec la flânerie, la botanique, la construction ou l’autodéfense. Je pense évidemment aux Zad. Lorsque l’aménagement du territoire, en revanche, découpe la terre en différents pôles industriels, récréatifs ou sanctuarisés, il brise ce monde pour en sortir de la valeur : valeur marchande, valeur touristique, valeur de biodiversité... La valeur, voilà la prédation. Ce qui est certain c’est que la « bonne cohabitation » du capitalisme avec cette planète, elle, n’est pas possible.

Répression policière et terrorisme d’Etat

"La grande loi, la grande règle de l’État c’est de faire régner l’ordre. Ce n’est pas l’ordre légal qui compte d’abord, c’est l’ordre dans la rue. Il n’y a de contrainte fidèle aux lois, soumise à la justice que lorsque les situations ne sont pas trop difficiles, lorsque les citoyens sont obéissants, lorsque l’ordre règne en fait. Mais sitôt que l’on est en crise et en difficulté, alors l’État se déchaîne, et il fait comme pour Nuremberg, il fabrique des lois spéciales pour justifier son action qui en elle-même est pure violence. Ce sont les « lois d’exception », dans l’« état d’urgence », notions qui existent dans tous les « pays civilisés ». On est en présence d’une apparence de légalité recouvrant une réalité de violence. Et nous retrouvons cette relation de violence à tous les niveaux de la société. Car la relation économique, la relation de classe sont-elles autre chose que des relations de violence ? Il faut vraiment accepter de voir les choses comme elles sont et non comme on les imagine ou comme on les souhaite !" - Jacques Ellul

# Post de « Rennes en lutte pour l’environnement », à propos de l’article « Gilets jaunes : Laurent Nuñez n’a « pas de regret » sur la gestion de l’ordre public » :

Tout ceux qui nous gouvernent n’auront aucun scrupule à maintenir l’ordre économique et politique actuel par tous les moyens. A partir du moment où nous sommes susceptibles d’exprimer publiquement et politiquement notre refus, d’une nouvelle taxe, d’une réforme libérale, d’une privatisation, d’un projet industriel et commercial, nous nous exposons à la répression. Celle-ci ne concerne pas que les gilets jaunes. D’autres avant eux ont été tués, blessés, mutilés et éborgnés. D’autres le seront tant que la police pourra sévir en toute impunité.
Il faut percevoir la police pour ce qu’elle est : un obstacle entre deux camps ennemis, entre nous, les citoyens, le peuple, et eux, le gouvernement, les capitalistes. Nos dirigeants s’en servent pour maintenir leurs privilèges et notre exclusion de la participation politique dont ils comptent bien garder le monopole. Ils s’en servent pour se protéger eux et les propriétaires des moyens de production et de distribution..
L’usage d’armes comme le LBD, la GLI F4 et la grenade de désencerclement, en provoquant des blessures sévères, des mutilations et des morts, ne fait que renforcer notre colère. Du strict point de vue d’une logique de pacification sociale et tactiquement parlant, c’est une aberration. Aucun mouvement social qui a subi autant de blessures, de violences et de mépris ne peut décemment s’arrêter.
Le mouvement des gilets jaunes et le mouvement climat sont appelés d’une manière ou d’une autre à converger pour affronter ensemble l’ordre capitaliste et faire face à sa police.

Déclaration de Laurent Nuñez, bras droit de Castaner. L’homme à la tête du ministère de l’intérieur
« Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné que la violence est illégale. »

# Voir aussi le post de Nantes Révoltée sur ce sujet : « Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné que la violence est illégale. » Ce ne sont pas les mots d’un obscur dictateur à l’autre bout du monde. C’est ce que déclare tranquillement, dimanche 2 juin Laurent Nuñez, bras droit de Castaner. L’homme à la tête du ministère de l’intérieur. (...)

# Le témoignage d’Adrien, vidéaste indépendant placé en garde-à-vue pour avoir filmé l’Acte 28 - Je suis documentariste indépendant. J’ai été victime d’une mise en garde à vue abusive et d’une prolongation motivée par mon rôle de vidéaste au sein d’une manifestation. Mon témoignage remet en cause la liberté de la presse et de pouvoir informer.

Magouilles, violences et mensonges du régime et de son monde

# Carte blanche : l’Etat contre les étrangers


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