« “𝗔𝗟𝗘𝗥𝗧𝗘 𝗥𝗢𝗨𝗚𝗘” 𝗣𝗢𝗨𝗥 𝗟’𝗛𝗨𝗠𝗔𝗡𝗜𝗧𝗘 : 𝗟𝗘 𝗥𝗔𝗣𝗣𝗢𝗥𝗧 𝗔𝗟𝗔𝗥𝗠𝗔𝗡𝗧 𝗗𝗨 𝗚𝗜𝗘𝗖 𝗦𝗨𝗥 𝗟𝗘 𝗖𝗟𝗜𝗠𝗔𝗧 » (𝘍𝘳𝘢𝘯𝘤𝘦 24)
« 𝗟𝗘 𝗥𝗔𝗣𝗣𝗢𝗥𝗧 𝗗𝗨 𝗚𝗜𝗘𝗖 “𝗘𝗦𝗧 𝗨𝗡 𝗖𝗢𝗗𝗘 𝗥𝗢𝗨𝗚𝗘 𝗣𝗢𝗨𝗥 𝗟’𝗛𝗨𝗠𝗔𝗡𝗜𝗧𝗘” » (𝘓𝘦 𝘔𝘰𝘯𝘥𝘦)
« L’extinction finale vers laquelle nous entraîne la perpétuation de la société industrielle est devenue en très peu d’années notre avenir officiel. Qu’elle soit considérée sous l’angle de la pénurie énergétique, du dérèglement climatique, de la démographie, des mouvements de populations, de l’empoisonnement ou de la stérilisation du milieu, de l’artificialisation des êtres vivants, sous tous ceux-là à la fois ou sous d’autres encore, car les rubriques du catastrophisme ne manquent pas, la réalité du désastre en cours, ou du moins des risques et des dangers que comporte le cours des choses, n’est plus seulement admise du bout des lèvres, elle est désormais détaillée en permanence par les propagandes étatiques et médiatiques. »
(René Riesel & Jaime Semprun, 𝘊𝘢𝘵𝘢𝘴𝘵𝘳𝘰𝘱𝘩𝘪𝘴𝘮𝘦, 𝘢𝘥𝘮𝘪𝘯𝘪𝘴𝘵𝘳𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘶 𝘥𝘦́𝘴𝘢𝘴𝘵𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘴𝘰𝘶𝘮𝘪𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘶𝘳𝘢𝘣𝘭𝘦, 2008)
Alerte rouge ! La civilisation industrielle est menacée par les conséquences de ses propres exactions ! Vite, mobilisons-nous ! Il faut la sauver ! Une autre civilisation industrielle est possible, durable, verte, neutre en carbone !
Non merci.
« Au-delà de cette pédagogie catastrophique, j’aimerais dire une chose qui me semble centrale contre ceux qui restent focalisés sur la perspective de l’effondrement : c’est qu’ils en oublient toute réflexion philosophique sur la condition de l’homme dans le monde présent. Pour ma part, ce n’est pas la catastrophe qui nourrit mon engagement pour la décroissance, mais au contraire le triomphe du “meilleur des mondes”. Un monde toujours plus technicisé, artificialisé, où le ciel est envahi d’avions et de satellites, où les rues sont saturées d’automobiles, où le plastique est tellement omniprésent qu’il a contaminé toute la chaîne alimentaire, où les regards sont captés par des écrans, les cerveaux assaillis de publicités personnalisées, où le système industriel nous fournit tout de l’alimentation sous vide en provenance de l’autre bout du monde, du divertissement à domicile, des machines pour nous transporter sans effort, des ordiphones fabriqués dans des conditions épouvantables en Asie, où le travail devant des postes informatisés est vide de sens, où nous croulons sous les marchandises, où nous n’avons qu’à appuyer sur des boutons pour nous apporter lumière, chaleur, communication à distance, images animées, où nous disposons de centrales nucléaires pour nous raser le matin et d’un système mondial d’acheminement du pétrole pour rouler à 130 sur l’autoroute... Nous en sommes à un point tel de prise en charge par la technique, de dépendance à un immense appareillage, que l’État se voit obligé de faire des campagnes pour nous rappeler qu’il faut bouger au moins une demi-heure par jour, histoire que notre corps ne devienne pas totalement obsolète ! Ce “paradis des petits hommes grassouillets”, comme disait Orwell (dans 𝘓𝘦 𝘘𝘶𝘢𝘪 𝘥𝘦 𝘞𝘪𝘨𝘢𝘯), ce cauchemar climatisé qui rend “impossible toute vie humaine authentique”, on devrait le critiquer en tant que tel, animés par un souci de la liberté et de la dignité humaines. Qu’il coure à la catastrophe est secondaire : le problème fondamental, c’est que cette organisation hyper efficace fonctionne beaucoup trop bien et nous étouffe. » (Pierre Thiesset, 𝘙𝘦́𝘧𝘳𝘢𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 n°44)
À l’instar de Pierre Thiesset, et à l’inverse des journalistes du 𝘔𝘰𝘯𝘥𝘦, le désastre, l’effrayant, l’insupportable, n’est pas, à mes yeux, la possibilité d’un effondrement futur de la civilisation. Tout au contraire, l’effondrement de la civilisation constitue le principal objectif que nous devrions nous fixer. Le drame est plutôt que, collectivement, nous acceptions docilement le « cauchemar climatisé » (Henry Miller) des temps modernes, que nous ayons été domestiqués au point de nous soucier de la possibilité qu’il puisse s’écrouler bien plus que de ce qu’il nous inflige et de ce qu’il inflige au monde (sommairement exposé ici).
Dans la nébuleuse écologiste, on en a vu déplorer la couverture médiatique de la publication du dernier rapport du GIEC, jugée trop maigre, trop brève. Les médias de masse ne font pas un boulot correct ?! Incroyable ! Qui l’eut cru ?! Faut-il être né de la dernière pluie pour s’en lamenter, espérer qu’ils « fassent ce qu’il faut » ! Les mêmes espèrent d’ailleurs que les gouvernements et les gouvernants « fassent ce qu’il faut » pour, pour préserver « notre avenir », notre avenir à nous, 𝘏𝘰𝘮𝘰 𝘋𝘰𝘮𝘦𝘴𝘵𝘪𝘤𝘶𝘴, l’avenir de la glorieuse civilisation. Ceux-là attendront longtemps, en vain, continueront de dénoncer les mauvaises décisions des gouvernementeux jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Dans une guerre, compter sur l’ennemi pour « faire ce qu’il faut ». Merveilleuse stratégie.
Post de Nicolas Casaux
À l’instar de Pierre Thiesset, et à l’inverse des journalistes du 𝘔𝘰𝘯𝘥𝘦, le désastre, l’effrayant, l’insupportable, n’est pas, à mes yeux, la possibilité d’un effondrement futur de la civilisation. Tout au contraire, l’effondrement de la civilisation constitue le principal objectif que nous devrions nous fixer. Le drame est plutôt que, collectivement, nous acceptions docilement le « cauchemar climatisé » (Henry Miller) des temps modernes, que nous ayons été domestiqués au point de nous soucier de la possibilité qu’il puisse s’écrouler bien plus que de ce qu’il nous inflige et de ce qu’il inflige au monde.
- Climat & écologie : non, on ne veut pas sauver la civilisation industrielle en la rendant Verte et Neutre en carbone
- Car le problème, irréformable, c’est la civilisation industrielle - Virons les « extraterrestres » nocifs et leurs infrastructures
Prenons une image
Si un bulldozer géant ravage la nature autour de vous, est-ce que vous allez le repeindre en vert, l’alimenter en « biocarburant », tenter de convaincre l’entreprise qui rase tout de renoncer volontairement aux profits juteux qu’elle tirera légalement de la destruction de l’environnement ?
Non, si le chauffeur n’abandonne pas son poste, vous bloquerez ou vous stopperez la machine d’une manière ou d’une autre.
Si des Extraterrestres malveillants envahissent la terre pour la piller, en détruisant les mondes vivants, en tuant et exploitant les humains et les autres animaux, pour tout utiliser pour leurs profits et expansions, vous allez continuer longtemps à les supplier gentiment de bien vouloir renoncer à leurs projets ? Non, assez vite, une fois les autres voies épuisées, si vous voulez que les carnages cessent, vous allez entrer dans la résistance.
Dans le monde réel, les ravages s’étendent et augmentent, on est parfaitement au courant depuis longtemps, toutes les voies classiques, institutionnelles, ont été épuisées jusqu’à la corde, jusqu’à l’indécence et la nausée. Les dirigeants politiques et économiques, leurs institutions et infrastructures sont comme ces extraterrestres belliqueux ou ce bulldozer nivelleur têtu.
Alors ?
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