Corrida : le taureau a ses chances !
Je n’ai rien d’un aficionado. Pourtant j’ai eu l’occasion de m’intéresser à la corrida, suite à une polémique qui a fait rage dans les médias. De même, je ne m’intéresse au foot que lorsqu’il y a des scandales. Un torero, du nom de Fandino, s’est fait encorner par un taureau et il est mort de ses blessures. La polémique est née à la suite d’une chanson sur l’air de Bambino interprétée par un humoriste dont j’ignorais l’existence jusque là, n’écoutant plus France-inter, Frédéric Fromet.
Et oui, c’était sur France inter dans l’émission qui emploie également l’excellent Guillaume Meurice : il y a encore quelques espaces pour l’insolence dans la chaîne publique. La chanson n’était pas du genre à réjouir les augustes oreilles des pensionnaires de l’Académie Française, mais plutôt du genre Harakiriesque (« Bal tragique à Colombey »). On ne se moque pas d’un défunt, surtout, quand c’est un Héros. Tous les arbitres des élégances se sont déchaînés, disant que c’est insupportable.
J’en viens à la partie philosophique de cet article.
Quand c’est le torero qui gagne, il est récompensé par les deux oreilles et la queue... Mais quand c’est le taureau qui gagne, quelle est sa récompense ? Et bien à la suite d’une courte recherche, j’ai trouvé l’information : le taureau gagne le droit de se faire occire par le torero-adjoint qui remplace le torero indisponible.
Élevons maintenant le débat :
j’ai regardé quelques vidéos de corrida et j’ai trouvé que tout ça ressemblait bien à notre société : celui qui prend le plus de risques, ce n’est pas le torero, (appelé aussi matador).. quoique des fois ! Lorsque le torero entre en scène, il a affaire à une bête épuisée par ce qu’on lui a fait subir, ( il semblerait aussi que le taureau est parfois drogué) . Si le taureau était dans sa forme habituelle, il est probable qu’il gagnerait à presque tous les coups. Ceux qui font le boulot, ce sont les obscurs, les sans-grades, les picadors... combien de chevaux éventrés ?... mais aussi ceux qui plantent les banderilles, qui prennent les plus gros risques. Ce sont en général d’illustres inconnus. Alors apparaît le héros, le matador, celui qui tire à lui toute la gloire, celui qu’on encense, dans « son habit de lumière ». Si ce n’était un habit de boucher, il aurait tout à fait sa place dans une Gay-pride. Cela ne vous rappelle rien : « ceux qui ne sont rien ... et les autres, ceux qui se gavent ! »