A Paris un débat intéressant est annoncé par un groupe OCL sur le thème « Une situation politique de droitisation extrême » :
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Réfléchissons à ce que ce climat change ou non dans nos possibilités de luttes, nos interventions sur le terrain. Sommes-nous prêt·es pour ces nouvelles conditions politiques et… que faire ?
Introduction du débat : L’extrême droite se rapproche inexorablement du pouvoir, si elle n’y est pas déjà. Il semble de plus en plus évident qu’elle est devenue une option intéressante pour le capital, notamment on peut observer que, pour lui mieux vaut la victoire de l’extrême droite (que ce soit sous une étiquette RN, Reconquête, LR ou autre nous importe peu ici) que quelques maigres concessions pour calmer le jeu social. On peut observer qu’il y a de plus en plus d’agressions physiques de militant·es, d’élu·es ou de locaux en toute impunité (mais cette impunité n’est pas nouvelle). Si nous sommes toutes et tous d’accord pour ne pas nous laisser instrumentaliser dans un front anti-fasciste au profit de la social-démocratie, ni par un petit jeu attaque-riposte-attaque dont d’ailleurs nous ressortirions immanquablement militairement perdants, il faudrait quand même réfléchir à ce que ça change ou non dans nos possibilités de luttes, nos interventions sur le terrain. Sommes-nous prêt·es pour ces nouvelles conditions politiques et… que faire ?
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(source : https://paris-luttes.info/debat-une-situation-politique-de-19979 )
Il faudrait ajouter aussi la donne « nouvelle » des catastrophes climatiques/écologiques,dule capitalisme en crise structurelle, du risque accrue de guerres avec réarmements ruineux....

- Situation politique de droitisation extrême - comment s’adapte-on ?
Inutile de redétailler tous les signes et pratiques de fascisation documentés et vécus depuis trop d’année (lois racistes et répressives, répression policière outrancière avec impunité, meurtres policiers récurrents, attaques néofascistes dans les rues, collusions et rapprochements idéologiques, médias de milliardaires militants pour le néofascisme, passages en force, mafias institutionnalisées...). Voici un nouvel exemple de la fascisation décomplexée du pouvoir : Entente entre extrême droite et bloc centriste : le désarroi de la gauche - Les responsables politiques de gauche expriment leur inquiétude sur la tournure des évènements politiques, après une semaine de rapprochement entre le bloc central et le Rassemblement national.
Les positions de la gauche légaliste et modérée (LFI) paraissent par contraste un peu radicales par rapport à la glissade accélérée de l’ensemble de la droite (ce qui inclue bien sûr le macronisme) vers l’extrême droite, avec le soutien (comme dans de nombreux pays des années 30) de plus en plus affirmé de grands patrons et d’ultra-riches.
Or, comme on l’a vu tristement en Drôme (et ailleurs) les 18 septembre et 02 octobre, les positions, déclarations, actions et stratégies des gauches institutionnalisées et syndicats n’évoluent pas, ne s’adaptent pas, ne prennent pas acte de la situation et ne cherchent pas vraiment des voies pour se sortir de cette nasse mortelle qui se resserre. On n’entend que des incantations à « la révolution par les urnes » ou des appels épisodiques à la « mobilisation y compris par la grève » avec des slogans périmés d’il y a 30 ans !
Chaque secteur/groupe semble vouloir rester dans son silo et ses revendications sectorielles réformistes/défensives restent souvent déconnectées des sinistres réalités politiques et économiques de l’époque.
Ce qui n’a encore moins de chance de fonctionner maintenant qu’auparavant.
Si partis et syndicats voulaient être utiles aux nécessaires soulèvements et mouvements sociaux offensifs, ils pourraient par exemple :
- organiser régulièrement des temps collectifs de réflexion et de coordination ouverts à toustes sur les sujets évoqués plus haut par l’OCL, et aussi sur la démocratie, le droit à l’insurrection, l’anticapitalisme...
- lancer par département au moins une association antirépression déclarée et sa caisse de soutien, avec des positions fortes et un soutien systématique affiché de toutes les personnes arrêtées/inculpées
- dénoncer systématiquement la répression judiciaire/policière qui surgit dès qu’on bouge le petit doigt
- dénoncer l’absence de démocratie, et indiquer que face à un régime autoritaire fascisant les contestations qui sortent des clous purement légalistes (lesquels sont voués à l’impuissance et l’échec la plupart du temps) sont totalement légitimes et compréhensibles
- remettre franchement les grèves reconductibles offensives et la grève générale expropriatrice au goût du jour
C’est bien joli de demander régulièrement aux « peuples de gauche » de voter pour faire barrage (ou pour le nouveau front uni) ou de venir défiler gentiment avec les syndicats sur un parcours encadré de flics, mais quand est-ce que l’ascenceur part dans l’autre sens, en direction du soutien pratique aux mouvements sociaux plus spontanés et autonomes type « bloquons tout » ou « gilets jaunes », qui on l’a vu ont aussi un rôle très important, voir supérieur aux organisations institutionnelles, à jouer, ...surtout si on veut sortir du capitalisme et de la non démocratie, de la course au néofascisme, etc.
Un des problèmes souvent à gauche, c’est qu’on tellement gentils et bisounours qu’on a du mal à imaginer à quel point nos adversaires et ennemis peuvent verser dans l’abjection, la sournoiserie, les brutalités extrêmes, l’illégalité, les outrances et les mensonges.
On oublie aussi un peu trop que les postures morales et les démonstrations symboliques (manifs, grèves perlées, happening, pétitions...) ne suffisent pas du tout, surtout quand nos ennemis sont à bloc.
Pourtant les exemples historiques ne manquent pas.
Il est minuit moins cinq.
Les gauches institutionnalisées et syndicats vont-ils muter à temps avant que l’histoire et ses hordes néofascistes ne les balaient, et tout le monde avec ?
Leur mutation est-elle encore possible/souhaitable ? Ne serait-il pas plus judicieux de les submerger par d’autres formes de luttes et d’organisations ? Pourrait-on devenir capable de les submerger par la base ? Le mouvement « bloquons tout » a essayé, sans pour l’instant y parvenir.