Pour le gouvernement, protéger à coup de millions d’euros avec ses milices les projets aberrants de l’agro-industrie est bien plus important que lutter contre les causes du réchauffement climatique et des canicules récurrentes qui vont avec.
Blesser des dizaines d’écologistes légitiment révoltés est plus urgent pour l’Etat français que de stopper le système techno-industriel qui cause et aggrave canicules et sécheresses chroniques.
Mais la résistance est là, la manifestation à Sainte-Soline a atteint malgré tout ses objectifs et une des canalisations d’alimentation de la méga-bassine a été désarmée les 29-30 octobre.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
🌊 BATAILLE DE L’EAU : LA FIN DE LEUR MONDE A COMMENCÉ
– Weekend victorieux contre les « mégabassines » à Sainte-Soline : reportage
Si les historiens du futur cherchent des images de l’effondrement de l’Empire au 21e siècle, il y aura celles, saisissantes, de Sainte-Soline. Le 28 octobre 2022 dans les Deux-Sèvres, alors que des chaleurs et des sècheresses inédites font rage, l’État français a déployé 1700 militaires lourdement armés, une équipe du GIGN – les troupes de choc de la gendarmerie –, 7 hélicoptères et plusieurs drones. Il a même créé une « zone rouge » hors du droit, sur plusieurs kilomètres, dans laquelle tout rassemblement et toute circulation était interdite pendant trois jours. Tout cela pour protéger un trou. Oui, car ces moyens fous, démesurés, colossaux, devaient empêcher des manifestants de s’approcher d’un immense cratère, vide, creusé dans la terre, pour créer un lac artificiel destiné à arroser des champs gavés de pesticides.
⚫Le projet d’un monde fini
À Sainte-Soline comme ailleurs, le dérèglement climatique provoque des sécheresses et des canicules. Plutôt que d’imaginer une agriculture plus respectueuse de la nature, adaptée aux nouvelles contraintes et moins gourmande en eau, nos experts ont trouvé une solution : les « méga-bassines ». De vastes cuvettes artificielles couvertes de plastique, qui pompent dans la nappe phréatique, c’est-à-dire les réserves communes, pour irriguer les champs de maïs ultra-gourmands en eau, destinés à engraisser du bétail ou être vendus sur le marché mondial. L’obscurantisme capitaliste résumée en un projet. À Sainte-Soline, la bassine est prévue pour accaparer 750.000 mètres cube d’eau, elle s’étend sur plusieurs hectares, et elle est largement financée par de l’argent public. Tout cela pour seulement 12 exploitants agricoles, au milieu de plaines déjà ravagées par l’agriculture industrielle.
Revenons à ce week-end de lutte. Pour protéger le chantier, le dispositif de répression est tout simplement inédit. Même au plus fort des expulsions de Notre-Dame-des-Landes, les moyens n’étaient pas aussi importants. C’est dire si l’État français se radicalise. Nous avons vu 6 hélicoptères voler au-dessus de nos têtes, au milieu des champs, mais aussi des ballets de fourgons de gendarmes, des véhicules vert kaki et des barbouzes, des checkpoints et des villages déserts. À lui seul, le déploiement d’hélicoptères aura brûlé des milliers de litres de carburant et coûté des centaines de milliers d’euros.
Et tout cela n’a pas empêché des milliers de personnes d’atteindre le campement, situé quelques kilomètres au sud du chantier. Vendredi soir, 2000 personnes étaient déjà arrivées à Sainte-Soline, dans une ambiance conviviale, avec des chapiteaux, des buvettes, des discussions et de la musique. Le samedi matin, un convoi d’élus écolos, pourtant mous et légalistes, se frayait un passage au cœur de la zone interdite. C’est dire si les décisions liberticides du pouvoir sont unanimement méprisées.
⚫« 1, 2, 3 Bassines »
14h, 7000 personnes sont réunies, la plupart suivent le dress code de la lutte : le bleu de travail. C’est déjà en soi une mobilisation réussi. Trois étendards : rouge, blanc et vert, vont mener trois cortèges séparés pour encercler le chantier. Trois ambiances : au centre, les blancs filent tout calmement en ligne droite vers la cible, en musique et en farandoles. Sur les côtés, les rouges et les verts vont emprunter des itinéraires plus sportifs pour atteindre les flancs latéraux de la bassine. L’organisation est impeccable et déstabilise le gros dispositif de gendarmerie, qui fait face à des bataillons de plus de 2000 personnes chacun, qui partent dans des directions opposées. À 14h05, les premières grenades lacrymogènes tombent déjà dans les champs, mais cela n’entame en rien la détermination collective.
Côté rouge, c’est au pas de course, avec des barricades et dans le crépitement de feux d’artifice que les gendarmes sont tenus en respect. Un fourgon reçoit un palet lacrymogène, tiré depuis ses rangs et renvoyée dans son habitacle, et part en zigzag. Plusieurs lignes de gendarmes sont rapidement franchies, à travers routes et champ. Objectif atteint.
Au centre, le défilé blanc danse, déstabilise les lignes de forces de l’ordre qui ne savent plus où et comment bloquer. Le cortège familial finit par atteindre, lui aussi, les abords de la bassine, ce qui est inattendu.
Coté vert, on se heurte à plusieurs verrous de gendarmes. Échanges de projectiles à travers champ. Des riverains indiquent aux manifestant-es où passer par des sentiers encore accessibles. Le groupe se retrouve dans le bourg de Sainte-Soline même et ses rues étroites. Une ligne de gendarmes est enfoncée à la sortie du village, pendant que le gros du défilé passe à l’arrière d’une propriété, avec l’accord d’un habitant. La ligne est encerclée, les gendarmes se replient après avoir beaucoup gazé et tiré dans la foule au LBD40. Quelques hectares de maïs sont traversés en vitesse et les verts arrivent aussi devant la bassine. En chemin, on croise aussi des champs de tournesols brûlés par la sécheresse, ou le lit d’un ruisseau totalement à sec, en plein automne, signe d’un modèle productiviste à bout de souffle.
⚫Victoire
Le chantier est envahi ! L’équipe rouge a fait tomber les barrières qui ceinturent la bassine. Le dispositif de répression a perdu la bataille, malgré l’évidente dissymétrie des forces en présence. Mais il se venge. Déluge de grenades. Asphyxie générale. Explosions. Il y a des blessé-es et plusieurs personnes arrêtées. Pendant ce temps, la foule qui arrive de tous les côtés se masse autour du chantier. De très nombreuses grenades explosives, les GM2L, sont tirées au milieu des champs, à proximité des manifestant-es de tous âges, et même en l’air, explosant au-dessus des têtes. De nombreuses personnes sont alors blessées par les éclats ou sonnées. Une fracture ouverte est provoquée par une munition. Un homme d’âge mûr tombe net, dans un champ, fauché par un tir de LBD dans la tête. Pour masquer leur crime, les forces de l’ordre inondent la zone de gaz.
Des milliers de personnes sont alors devant la bassine, c’est l’aboutissement de toute cette longue marche parsemée d’embûches. Mais un appel à se replier est lancé au mégaphone. L’assaut final de la bassine n’aura pas lieu. Peu à peu, l’immense colonne de manifestant-es retourne vers le campement. La préfecture n’aura pas réussi à sanctuariser le chantier. C’est une défaite pour le camp de l’industrie mortifère, de la force, de la répression.
Pendant ce temps, les chaînes en continu tournent déjà en boucle sur les « radicaux » et les « violences ». Le Ministre de l’Intérieur prétend que 60 gendarmes auraient été blessés, malgré leurs carapaces. Du côté des manifestant-es une députée a été matraquée, le porte-parole des anti-bassines s’est fait ouvrir le crane à coups de matraques, 4 personnes ont été interpellées et au moins 50 blessées, dont au moins 5 hospitalisées. Plusieurs manifestant-es ont reçu des tirs de LBD à la tête. Samedi soir, la police appelait les hôpitaux pour savoir quand les blessé-es sortiraient. Deux personnes en garde-à-vue ont d’ailleurs été blessées au moment de leur arrestation.
Derrière la propagande grossière, il s’agit de cacher la vérité du jour : un répression délirante visant à protéger un chantier absurde a été mise en échec. Tout ça pour protéger un gigantesque trou quasiment vide. Cette journée démontre qu’avec de l’imagination, de la bonne humeur et beaucoup de détermination, quelques milliers de personnes organisées peuvent déjouer la répression d’une grande puissance occidentale. C’est, espérons-le, le début de la fin pour ces « mégabassines », car l’État ne pourra pas déployer six hélicoptères et se taper la honte pour chaque caprice d’exploitant intensif.
Contre un aéroport, pour l’eau, contre des fermes usines et autres projets destructeurs : partout, ce sont les luttes qui gagnent. Il est encore possible de sauver ce qui peut l’être, tout n’est pas perdu.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Plus d’un million d’euros pour protéger l’agro-industrie et ses ravages par la force
💸 MÉGABASSINES : LA RÉPRESSION A COUTÉ PLUS D’UN MILLION D’EUROS
– À propos d’économie et de répression : un calcul du cout du dispositif à Sainte-Soline
Pour protéger une esplanade en terre battue, le week-end du 29 et 30 octobre 2022, l’État français a déployé 1700 gendarmes, une antenne du GIGN, 7 hélicoptères, des drones. Cela aura coûté plus d’un million d’euros. On vous explique.
En 2018, une seule heure de vol d’un seul hélicoptère au dessus de la ZAD était estimée à 1500 euros par la radio France Inter. Des sites de professionnels du secteur évoquent le chiffre de « plus de 2000€ » pour une heure d’utilisation d’un hélicoptère « écureuil », celui utilisé par les gendarmes. Même en gardant la fourchette la plus basse (celle de France Inter, et sans compter l’augmentation du prix du carburant ces derniers mois), en partant sur 7 heures de vol pour 7 hélicos, cela donne minimum 73.500€ par jour. Mais cela ne compte pas l’aller-retour depuis les bases, parfois lointaines. Ni les survols qui ont eu lieu dès le vendredi et jusqu’au dimanche soir. On peut facilement arrondir à au moins 100.000 balles d’hélicos.
Le coût des gendarmes ? Lors de l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2018, c’était 220.000€ la journée selon France Inter. Oui, la journée. À l’époque, pour environ 3000 agents sur zone, il fallait compter 100.000 balles d’hôtel par nuit pour loger les forces de répression, et 120.000 de primes de déplacement tous les jours. Mais cela ne comprend pas le salaire fixe des gendarmes, bien mieux payés que des ouvriers, des profs ou des infirmières. Et le prix des repas, fournis par des prestataires ? 50.000€ par jour !
Pour 1700 gendarmes présents 3 jours (du vendredi soir au lundi matin) dans les Deux-Sèvres, on peut facilement évaluer le total des frais de personnels entre 500.000€ et 750.000€. Quid du GIGN et des gradés, qui bénéficient sans doute d’un traitement spécial ? Combien de milliers d’euros en plus ?
Il faut ajouter le prix du carburant des dizaines de fourgons. Certains escadrons ont traversé la France pour venir sur le site. Mais aussi le coût des munitions tirées. Chaque grenade coûte entre 30 euros et 50 euros pièce. La gendarmerie en a tiré des milliers. Fourchette basse : 50.000€ de grenades.
Tout cela reste sous-évalué, car il faut ajouter les dispositifs d’écoute, la rémunération d’infiltrés envoyés sur site, les drones, les enquêtes et la surveillance en amont et en aval. Et tous les checkpoints postés jusqu’à 20 kilomètres autour du site.
En additionnant les différentes sommes, on arrive déjà facilement à un million d’euros uniquement destinés à faire peur, blesser et arrêter des écologistes. Pour un week-end. Autour d’un chantier vide. Darmanin annonce dimanche soir que 1000 gendarmes vont rester durablement sur place pour empêcher une ZAD de s’installer. Cela veut dire plusieurs centaines de milliers d’euros supplémentaires par jour !
À quoi sert ce rapide calcul ? À montrer que la répression est idéologique. L’État pouvait très bien laisser les anti-bassines bouger quelques grilles et envahir un trou en terre battue. Mais non, il fallait tenter de briser les résistances, ce qui n’a heureusement pas marché. S’il faut mettre plus d’un million d’euros contre une seule mobilisation écologiste, le régime sort le portefeuille. Il n’y a pas de « sobriété » en matière de terreur d’État. Soumettre la population, l’empêcher de prendre en main son avenir, ça n’a pas de prix.
Rappelons pour finir que 7 hélicoptères pour une seule manif, c’est du jamais vu en France, même lors des plus grosses opérations sur des ZAD ou pendant les Gilets Jaunes. Les gendarmes avaient même des fusils à « marquage chimique » et autres panoplies « innovantes ». Et ce n’est que le début : 90 blindés neufs arrivent sur le terrain, de nouvelles unités de super-CRS sont déployées dans les villes, le gouvernement annonce 15 milliards d’euros supplémentaires sur cinq ans pour le ministère de l’Intérieur et veut « doubler les effectifs sur le terrain ».
L’État français se radicalise.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Désarmement d’une canalisation à Sainte-Soline
🔴 SAINTE-SOLINE : NOUVELLE ACTION DE DÉSARMEMENT DE LA MÉGA-BASSINE
Coup de théâtre pour la deuxième journée de mobilisation, nouvelle victoire contre l’accaparement de l’eau
À Sainte-Soline, au sud de Niort dans les Deux-Sèvres, il y a ce trou béant creusé dans la terre, futur bassin destiné à alimenter les monocultures de l’agro-business. La méga-bassine qui pourra constituer jusqu’à 750.000 m³ d’eau stockée est la face émergée de l’iceberg. Pour la remplir, des canalisations vont pomper l’eau des nappes phréatiques, tandis que d’autres irrigueront les exploitations. Le réseau hydraulique de Sainte-Soline cumule plus de 18 km de canalisations. Une véritable pieuvre qui épuise les ressources en eau sur le territoire.
Ce dimanche, après la journée éprouvante de la veille, rythmée par la manifestation festive et déterminée qui a réussi à pénétrer sur le chantier de la méga-bassine, nouveau coup d’éclat des opposant-es face aux accapareurs et aux autorités de l’État :
➡️ Dans l’après-midi des milliers de personnes se sont élancées à travers champs en déjouant le dispositif policier démesuré à la recherche des canalisations qui alimenteront la bassine en eau.
➡️ Les forces de l’ordre qui ont concentré leurs effectifs sur le chantier de la bassine sont pris à revers. Les manifestant-es ont pu sectionner l’une des canalisations qui devait alimenter le gigantesque trou.
➡️ Une tranchée a été creusée pour ramener l’eau à la terre tandis que la canalisation a été ramenée vers le campement.
➡️ Entre temps, le camp s’est fortifié. Des palissades ont été érigées et une vigie a été construite sur le champ d’un paysan. Elle servira de tour d’observation pour les oiseaux et permettra de surveiller l’avancée des chantiers de la méga-bassine.
C’est un échec complet pour les autorités et leur dispositif répressif ahurissant. À Sainte-Soline, les opposant-es ne désarment pas face à la privatisation de l’eau au profit de l’agriculture productiviste. Après ce week-end victorieux et enthousiasmant, malgré les arrestations et les blessé-es de la veille, la combat est parti pour s’inscrire dans le temps. Défendons les communs.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Des grenades possiblement mortelles pour protéger un trou de méga-bassine
GRENADES EXPLOSIVES : LE GOUVERNEMENT PRÊT A TUER
Sur cette photo : l’explosion d’une grenade GM2L tirée par la gendarmerie. Elle a été prise samedi 29 octobre 2022, à Sainte-Soline, par la photographe Estelle Ruiz. Le même jour, des dizaines d’autres ont été tirées. Pour protéger un trou dans la terre, destiné à capter l’eau pour une poignée d’agro-industriels, la gendarmerie était prête à tuer.
La grenade GM2L - pour Grenade Modulaire à 2 effets Lacrymogène - contient un « mélange pyrotechnique » avec 48 grammes d’Hexocire. Il s’agit de l’explosif RDX mélangé à de la cire. Le RDX est 1,6 fois plus puissant que la TNT. Il compose par exemple le C4, l’un des explosifs militaires les plus puissants. Cette grenade remplace la célèbre GLI F4, utilisée massivement à Notre-Dame-des-Landes ou lors des Gilets Jaunes, qui a arraché plusieurs mains de manifestants, qui n’est plus utilisée depuis 2020.
Samedi 29 octobre à Sainte-Soline, des dizaines de personnes ont été blessées, parfois sérieusement, par les explosions de la grenade GM2L, officiellement classée comme « arme de guerre ». Les munitions, tirées avec des fusils « cougar » qui vont jusqu’à 150 mètres, explosaient en l’air, au dessus des têtes ou au milieu de grappes de manifestants. Dans les champs, elles soulevaient des mottes de terre. L’Etat français n’hésite pas à prendre le risque de voler des vies pour faire perdurer le saccage de l’environnement, comme il l’a fait avec Rémi Fraisse, à Sivens, il y a 8 ans presque jour pour jour.
Depuis qu’elle est utilisée, la grenade GM2L a déjà gravement mutilé. Samedi 5 décembre, 2020 à Paris, lors d’une manifestation contre la Loi de sécurité globale. Et le 19 juin 2021, à Redon, lors d’une free party en hommage à Steve. Deux mains arrachées, deux vies détruites. La France est le seul pays d’Europe a envoyer des explosifs sur la population civile, sur son propre sol.
(posts de Contre Attaque)
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
Sur Le Monde, la voix policée du système :
Deux-Sèvres : nouvelle action contre la mégabassine de Sainte-Soline, Darmanin annonce le maintien de plus de 1 000 gendarmes sur place - Les organisateurs de la mobilisation contre le projet de bassine d’irrigation annoncent avoir sectionné dimanche l’une des canalisations de la future réserve d’eau.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- 6 hélicoptères pour défendre un modèle suicidaire et sans avenir
À Sainte-Soline, des milliers de manifestants refusent les mégabassines
À Sainte-Soline, des milliers de manifestants refusent les mégabassines
Interdictions préfectorales et répression féroce n’ont pas pu empêcher les opposants aux bassines de se mobiliser dans les Deux-Sèvres ce weekend. Ils refusent l’« accaparement de l’eau » incarné dans ces projets de retenues géantes.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Campement à Sainte-Soline
Y’a hou ! Construction et installation de la vigie sur le site de Sainte-Soline qui aura pour objectif de créer une base de rassemblement et de surveillance contre le chantier de la Méga-bassine de Ste-Soline. En parallèle, des Assemblées des Luttes ont lieu sous les chapiteaux pour décider collectivement des suites de la mobilisation, sur le chantier de Ste Soline et ailleurs.
La Coopérative de l’eau pensait pouvoir construire tranquillement cette BASSINE excentrée et bien loin de l’ancrage du Collectif Bassines Nonmerci : c’est raté, ce sera encore avec plus de détermination que tout sera fait pour enrayer et stopper ce chantier pour cette Bassine d’une emprise au sol de 16 hectares !!
NO BASSARAN MAS
(post de Bassines Nonmerci)
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Le terrorisme d’Etat à nouveau au service de l’agro-industrie
Reportages
- La bataille de Sainte Soline en photo
- Pas une bassine de plus ! Suivi du week-end de mobilisation contre la méga-bassine de Sainte-Soline
C’est parti ! Ils tentent de passer en force. Les travaux de la méga-bassine de Sainte-soline (79) ont commencé. Le compte à rebours a démarré jusqu’à la méga-manif du 29/30 octobre pour les arrêter ! Nous vous invitons à relayer cet appel dès aujourd’hui partout et dans vos divers réseaux, à le co-signer avec avec vos orgas et collectifs, à organiser des soirées de mobilisation chez vous, à nous demander des tracts et affiches ! Tous/toutes à Sainte-Soline. No Bassaran ! - 29 octobre : prise de la méga bassine de Sainte-Soline - « Maïs partout, justice nulle part » - Sept mois se sont écoulés depuis notre dernier carnet de bord. Fin mars, on avait oublié notre duvet et failli mourir de froid après être arrivés juste à l’heure pour se joindre à de très belles scènes champêtres d’affrontement avec la police. Les Soulèvements de la Terre avaient annoncé la couleur depuis plusieurs semaines : la bassine de Sainte-Soline, ça allait pas être simple de la remplir.
Vu qu’on s’était quand même bien marrés la dernière fois, on est donc passés à Décat’ choper un duvet, et on s’est remis en chemin, direction les Deux-Sèvres. - Récit de la manifestation contre la méga-bassine de Sainte-Soline - « Avec des victoires comme celle de samedi, les forces de ceux qui maintiennent l’ordre vont devoir se défendre, nous continuerons d’attaquer. » (...) On a réussi là quelque chose de vraiment inédit, traverser à plusieurs reprises des lignes de flics. Ce qu’on a atteint est finalement assez symbolique là où notre victoire sur le dispositif ne l’était pas du tout, symbolique. Pas de chantier à saboter, pas de dégât matériel qui les empêcherait de continuer, mais un nouvel état de fait : si on veut passer, on passe. Il faut aller au bout de cette nouvelle conclusion et ne surtout pas minimiser cette victoire de notre côté. (...) Les 1500 personnes du cortège de samedi ont vécu un de ces moments où quelque chose qui paraissait impossible advient. Une déception pourrait être rationnelle arrivés dans le « chantier » : tout ça pour ça ? Mais ce que ça ouvre pour la suite n’est pas prévisible. (...)
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
Ils nous bassinent sérieusement par Yves GUILLERAULT, agriculteur retraité
Des bassines pour alimenter quelques fermes industrielles, comme les retenues pour neige artificielle et bobos skieurs ou les futurs prélèvements monstrueux pour carrières de lithium et smartphones hypnotiques, sont bien des accaparements privés d’une eau vitale pour tous. La lutte commune pour la survie contre des prédateurs ne peut s’encombrer de salamalecs pseudo-républicains.
🌊LES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE : UN MODÈLE À SUIVRE ?
Au moins 7500 personnes se sont mobilisées ce week-end à Sainte-Soline, contre le projet des mégabassines.
Nous n’allons pas revenir une énième fois sur le déroulé du week-end, mais plutôt tâcher de décrypter le pourquoi de cette réussite.
Parce qu’il s’agit clairement d’une réussite !
Il nous apparaît important de revenir sur cette dynamique en elle-même, et de souligner quels enseignements nous pourrions en tirer sur le plan méthodologique.
Avant toute chose, restituons le contexte dans lequel ce mouvement s’est lancé il y a environ un an. Ces propositions concrètes de luttes s’inscrivent dans une séquence militante tristement vide, dont nous ne sommes toujours pas sortis après une période post-covid et pré-électorale déprimante.
L’enjeu est de taille : nous sommes dans l’urgence absolue, et vivons déjà dans un monde pré-apocalyptique.
Le dérèglement climatique et la pollution ont pris des proportions peut-être irréversibles. L’été dernier nous a donné un aperçu de notre futur proche, il est maintenant évident que nous allons tous manquer d’eau.
Cette première bataille doit absolument être remportée pour en amener d’autres, et faire en sorte de mobiliser systématiquement une partie des forces présentes lors de ces mobilisations.
Voir que nous pouvons encore réussir à gagner, ne serait ce que par moments, c’est toujours bon et nécessaire pour le moral !
Revenons aussi au présent du mouvement écologiste en France. L’altermondialisme en tant que force est mourant depuis la fin des années 2000.
Depuis 2018, des marches pour le climat ont su spontanément mobiliser des millions de personnes à travers le monde, et des centaines de milliers en France. Ces marches témoignent d’une volonté de changement profond, particulièrement chez les jeunes. Pour autant, elles n’ont pas su se structurer en un mouvement concret malgré l’émergence de nouveaux groupes (XR, YFC...).
De manière globale, seules quelques luttes locales ont été victorieuses. L’exemple le plus resplendissant qui nous vient en tête est probablement celui de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, qui fait directement écho aux Soulèvements de la Terre.
Ce qui a rendu cette victoire possible et permet aujourd’hui d’avoir une dynamique écologique et sociale aussi inclusive, c’est l’action et un consensus de dépassement de l’éternel et épuisant débat sur « la diversité de tactiques ».
L’action directe de sabotage et la pratique offensive se complètent parfaitement aux recours juridiques légaux, ainsi qu’aux actions de désobéissance civile. Fait notable aussi, l’implication des locaux, qu’ils soient habitants ou agriculteurs, principalement de la confédération paysanne.
Un manifestant pacifique, un NUPES, un paysan syndicaliste, un révolutionnaire ultra déterminé, des profils très variés issus des villes, des périphéries ou des campagnes : tous peuvent venir et participer aux mobilisations.
Tout le monde y trouvera sa place, sauf Yannick Jadot (encore heureux).
Cet équilibre qui paraît harmonique devrait nous mettre la puce à l’oreille et nous faire réfléchir, nous qui nous contentons trop souvent de posture individuelle bien plus souvent que d’intérêt collectif.
En dépit de tout l’enthousiasme que procure les soulèvements, nous devons évoquer les travers de beaucoup d’organisations écologistes.
Les ultras riches sont systématiquement montrés du doigt, c’est une bonne chose. Cependant, il y a encore de gros manques concernant les rapports Nord/Sud et de perspectives internationalistes.
Il n’y qu’un mouvement social international qui peut sauver la planète. Là encore, les Soulèvements tiennent un discours clair et matérialiste.
L’équipe CND adhère à 100 % à ce weekend des Soulèvements de la Terre. Vous nous avez fait rêver, sourire, espérer, applaudir.
On aimerait voir et vivre ça plus souvent.
A quand les Soulèvements du béton ?
(post de CND)
NOTE :
Une action qui montre que des choses sont possible et qui donne la pêche.
Tout ça prouve la nécessité d’être de plus en plus offensif.
Il faudrait aussi que le "mouvement climat" abandonne enfin ses visées de verdissement du capitalisme et sa "non-violence" souvent dogmatique pour vraiment s’attaquer aux causes des problèmes.
On n’a pas le temps (et ce n’est pas possible) de désarmer tous les innombrables projets criminels portés par la civilisation industrielle, c’est la civilisation industrielle elle-même, ses infrastructures et ressources, qu’il faudrait désarmer.
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie
- Une oligarchie brutale et illégitime piétine nos libertés et notre avenir à coup de grenades
C’est beaucoup, 80 blessés.
C’est le bilan provisoire de la manifestation contre les méga-bassines ce week-end à Sainte Soline dans les Deux-Sèvres.
80, qu’ils soient flics ou manifestants. C’est beaucoup. Mais ça aurait pu être pire. Et, plus on retardera la mise en œuvre des bonnes solutions, plus ce nombre augmentera à mesure que les choix institutionnels seront à ce point en mesure de mettre les observateurs de terrain en colère.
Déblaiement d’idées reçues et démontage des fausses informations :
Non, ces bassines ne sont pas légales : les accords les autorisant ont été conclus dans le cadre de la récupération d’eau de pluie durant la basse saison. Or, elles sont raccordées à des forages, et pompent donc dans la nappe phréatique.
Non, l’agriculture n’est pas obligée d’irriguer massivement « pour nous nourrir » dans cette région. L’irrigation est principalement destinée à la culture du maïs, plante extrêmement gourmande en eau et cultivée en france principalement pour le bétail (dont une bonne partie pour l’ensilage à destination des élevages bovins, qui accroît encore leurs émissions de gaz à effets de serre car difficile à digérer). Il existe des dizaines d’autres cultures susceptibles de ne pas être irriguées, dont une bonne proportion pouvant servir à l’alimentation humaine.
Oui, il existe d’autres moyens de compenser l’immense manque d’eau duquel nous commençons à souffrir. Changement des pratiques agricoles, adaptation des régimes alimentaires, limitation du gâchis alimentaire, moindre recours à l’élevage, couverture végétale permanente, sanctuarisation des zones humides, agroforesterie, reconstitution des réseaux hydrologiques (noués, fossés, talus, haies) détruits depuis le remembrement.
Non, les nappes phréatiques ne peuvent pas -et pourront de moins en moins- encaisser de tels prélèvements, ou manques d’alimentation (une bonne partie de l’eau employée n’est pas restituée au sol, et surtout une bassine perd par évaporation entre 1 et 5 cm par jour par temps sec, à multiplier par sa surface).
Non, récupérer de grandes quantités d’eau « chez soi » pour arroser « chez soi » n’est ni normal, ni juste, en particulier quand ce bien commence à manquer et qu’il existe d’autres solutions. C’est de la spoliation d’un bien commun essentiel, à destination de quelques-uns. L’eau est plus utile dans le sol et dans l’air d’un couvert boisé pour nourrir un maximum de personnes. C’est là qu’elle est la plus efficace au prorata de la surface agricole qui en bénéficie.
Oui, les manifestations ont été illégales et ont notamment été l’occasion de sabotages. Comme nombre d’actes de résistance lorsque l’autoritarisme, le népotisme et le clientélisme ont été les seules réponses aux demandes de protection des communs, de l’environnement, d’une forme de justice.
Oui, des solutions de long terme alternatives à ces bassines sont actuellement pratiquées et/ou testées avec succès. Ce sera d’autant plus facile qu’on consommera moins de viande, provenant de filières plus respectueuses des ressources naturelles que les filières majoritaires.
Photo : paysage agricole « rationnalisé » en Beauce. Là, on irrigue comme des malades des cultures sur plusieurs milliers d’hectares d’orge pour le bétail ou la bière, de betteraves pour le sucre (et donc les agrocarburants et la balance commerciale, ainsi que pour maintenir des addictions alimentaires qui coûtent cher à la sécurité sociale ) ou de maïs pour l’élevage ou la méthanisation. On en profite pour mettre des champs d’éoliennes géantes, puisque de toute façon c’est déjà moche, que les habitants désertent ces lieux sans perspective d’avenir sinon y trouver un dortoir, et que la biodiversité y est déjà dramatiquement faible. La matière organique y est rare car lessivée et érodée, il en va de même pour la vie microbienne du sol et, sans l’irrigation, ces cultures n’ont aucune chance d’être rentables, sinon grâce au miracle des primes PAC qui profitent aux plus vastes exploitations, y compris si elles ne sont pas vraiment nourricières et qu’elles pompent ressources et diversité animale jusqu’à leur épuisement. Mais c’est économiquement rationnel (surtout à court terme) , et parfaitement legal. Et c’est pour ce type d’agriculture et de gains qu’on construit des méga bassines. On n’a pas fini de se battre.
Soutien total au collectif Bassines non Merci (que je ne mets pas en hashtag pour éviter que le post ne soit bloqué par Facebook).
#desobeissancecivile #legaloulegitime #lutteclimatique #ettacop21tularespectesquandducon
#uneautreagricultureestpossible
(post de Eric Lenoir)
- Sainte-Soline : manifestation déterminée et désarmement partiel de la méga-bassine - OP réussie