Sainte Soline 2023 : terrorisme d’Etat et violence structurelle du système policier révélés

Quelques articles pour revenir sur cet événement majeur

mardi 26 mars 2024, par Chronique du régime policier.

Défendre par la force et la loi les intérêts privés nuisibles du système productiviste agro-industriel, et attaquer avec brutalité des écologistes, au risque de tuer (pensons à Rémi Fraisse) et en provoquant de nombreux traumatismes et mutilations, qui portent le soucis de l’intérêt général et du bien commun. C’est le boulot de l’Etat et de ses milices armées extrême-droitisées, stimulés par un gouvernement de forcenés ultracapitalistes en cours de fascisation.
Pour le gouvernement et son monde, le maintien de la tyrannie étatico-capitaliste et de la souveraineté du système agro-industriel sur toute autre alternative n’ont pas de prix. Pour ça, ils assument froidement d’utiliser des armes de guerres et de mutiler en masse, comme on avait déjà pu le constater lors du soulèvement des gilets jaunes ou lors de rébellions dans des quartiers populaires.

Sainte-Soline, Autopsie d’un carnage
par [Off Investigation->https://www.youtube.com/@offinvestigation]
https://youtu.be/3ymjnILRclQ

Le massacre planifié à Sainte Soline le 25 mars 2023 par les autorités révèle crûment la sinistre réalité de ce que sont l’Etat, le système policier, la soi-disant démocratie et la "république" toujours si adaptable aux pires exactions.
Le terrorisme d’Etat et la nocivité du système policier sont une réalité structurelle incrustée dans les institutions et les lois, pas une exception ou une erreur de parcours d’individus.

Sur Reporterre :

  • Sondage : 53 % des Français désapprouvent la violence des forces de l’ordre à Sainte-Soline en 2023 - Selon un sondage Harris interactive, plus de la moitié des Français « désapprouvent » l’action « violente » des forces de l’ordre à Sainte-Soline. Il y a un an, la manifestation contre les mégabassines avait été violemment réprimée. (...) 78 % estiment « violente » l’action des forces de l’ordre (...) Sur place, nombre de militants ont été traumatisés par les scènes de guerre – une grenade tirée toutes les deux secondes – et par les blessures graves engendrées. (...) à plus de 90 %, les répondants plébiscitent « le développement de pratiques agroécologiques » ; « le changement de type de cultures pour des variétés ayant moins de besoins en eau » et « la mise en place d’une irrigation au goutte-à-goutte »
  • Un an après Sainte-Soline, les blessés racontent leurs séquelles - Les cicatrices, les trous de mémoire, les flashback... Un an après Sainte-Soline, ils et elles racontent à Reporterre leurs séquelles de la manifestation, sans renier le bien-fondé de leur participation. (...) Il y a un an, ce papa d’un garçon de 12 ans a failli perdre la vie à Sainte-Soline (...) « J’ai eu le sentiment d’entrer dans un tunnel infernal, de ne plus percevoir le danger. Je me contentais d’éviter les grenades balancées à tirs tendus et les LBD sifflant de tous les côtés. » Jérémy semble avoir conservé chaque détail du déluge de violences dont il fut témoin ce jour de printemps. Les visages balafrés, les corps emmitouflés sous des couvertures de survie, les cris et les larmes inondant les champs. « En me baissant pour attraper un caillou, j’ai découvert une terre mêlée à des flaques de sang. »
    Au cœur du brasier, victime d’un tir de LBD dans la hanche, il avait décidé de quitter le front : « J’ai lâché le ciel du regard une seconde. L’erreur à ne pas commettre. » Une grenade lacrymogène et assourdissante GM2L a éclaté sur son pied. Hurlant de douleur, il a jeté un œil à sa chaussure, totalement éventrée, et s’est évanoui. (...) Au fil des mois, les séquelles se sont effacées. Fini le boitement. Il a alors compris que sa véritable blessure était tout autre : la perte quasi-totale d’audition de l’oreille gauche. (...) Le fracas des grenades, les hurlements et appels au secours ont longtemps paralysé Océane Mariel, assistante parlementaire de l’eurodéputé Benoît Biteau : « Je n’arrivais plus à dormir normalement. Je me réveillais en pleine nuit, hantée par ces souvenirs. » (...) Jérémy revoit encore l’affolement du chef des médics, ordonnant aux équipes de n’administrer que des demi-doses de morphine, les stocks s’amenuisant à vue d’œil. « La plupart des soignants n’avaient jamais fait de la traumatologie de guerre, témoigne Ambre. Certains, consternés, ont dû se mettre en retrait. Il y avait une atmosphère pareille à celle d’un attentat. » (...) Le lundi, le neurochirurgien l’a opéré durant près de quatre heures : « C’était risqué, mais il n’y avait pas le choix. Il y serait resté sinon. » En entrant dans la chambre, elle a découvert son fils intubé, comme inanimé : « J’étais bouleversé, j’ai cru que c’était fini. » (...) « Avec Sainte-Soline, on a compris, conclut la psychologue. On a compris jusqu’où l’État était prêt à aller dans sa stratégie d’intimidation. Personne n’avait envie de vivre ça, mais il fallait le conscientiser. Voir autant de personnes massacrées pour un trou, ça ne s’oublie pas. »
  • Sainte-Soline, un an après : « On est encore là, et plus déterminés que jamais » - Un an après le choc de Sainte-Soline, une marche a eu lieu le 23 mars dans les Deux-Sèvres. Les antibassines ont rendu hommage aux blessés et salué la force du collectif qui leur permet de faire face à leurs traumatismes. (...) Hélène, une Niortaise qui a passé la soixantaine, a été « sidérée et dépressive, plus l’envie de rien faire et de ne voir personne » dans les mois qui ont suivi la manifestation. C’est un autre convoi, le Convoi de l’eau, organisé cet été par Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne, qui l’a « remise sur pieds. Ça m’a rajeunie, remise en joie, redonné de l’espoir, comme le fait de nous retrouver aujourd’hui ici, un an après, sourit-elle. De voir ça, j’en ai le cœur qui bat très fort en ce moment. Ces jeunes militants ont apporté à la lutte une dimension essentielle : celle du soin. C’est paradoxal que ce soient ceux qu’on traite d’écoterroristes qui soient ceux qui prennent le plus soin les uns des autres ». (...) Une convergence entre des mouvements aux différents coins de la France, qui corrobore le sentiment que partage Julien, tout sourire de voir le monde réuni : « Ils ont voulu frapper fort pour nous anéantir. Mais ça n’a pas marché. On est encore là, et plus déterminés que jamais. La seule différence, c’est qu’on sait maintenant à qui on a affaire. »
  • Les cinq leçons politiques à tirer de Sainte-Soline - La manifestation à Sainte-Soline contre les mégabassines, il y a un an, a été un tournant. Elle incarne un changement d’échelle dans les luttes et a contribué à souder le camp écologiste. Quelles leçons politiques en tirer ? (...) « Nous n’avions pas anticipé le degré de violence à laquelle nous allions être confrontés, reconnaît Julien Le Guet. Je n’aurais pas imaginé que l’État puisse aller aussi loin, qu’il soit capable de tuer pour protéger un cratère vide. Dont acte. On sait maintenant à qui on a affaire ». (...) Ici, dans le Marais poitevin, l’État montrait son vrai visage et sa nature guerrière. (...) « Les écologistes sont désormais en première ligne face à la fascisation du pouvoir, estime l’historien Christophe Bonneuil, joint par Reporterre. Depuis Sainte-Soline, ils ont l’infime privilège d’être désignés par le gouvernement comme des ennemis de l’intérieur et traités comme tel. » (...) Après Sainte-Soline, la constitution de base arrière est devenue un réflexe dans de nombreuses mobilisations, sur l’A69 ou ailleurs. Pour le sociologue Étienne Douat, « on assiste à un changement de culture militante, à l’avènement d’une culture du care et du soin ». L’objectif ? Moins subir, mieux se protéger et s’accompagner pour ne plus se laisser brutaliser. (...) « Si l’on compare à d’autres événements historiques comme la manifestation de Creys-Malville en 1977 [de violents affrontements avec les forces de l’ordre avaient conduit à la mort de Vital Michalon et les organisations s’étaient déchirées], il n’y a pas eu de désolidarisation à Sainte-Soline », remarque le sociologue Étienne Douat. Les organisations, les associations et les élus politiques présents ont fait bloc ensemble. Dès le lendemain, lors d’une conférence de presse donnée à Melle, les organisateurs étaient soudés et dénonçaient collectivement la répression d’État.
  • Serge, tombé dans le coma à Sainte-Soline : « La police a reçu carte blanche » - Manifestant contre les mégabassines, Serge Duteuil-Graziani a été très gravement blessé par les gendarmes. Une violente répression physique qui résulte d’une consigne politique, analyse-t-il pour Off Investigation et Reporterre. (...) Comme quoi, il n’y a aucune solidarité, même toute petite, qui ne sert à rien. N’importe quel geste — envoyer des photos, des témoignages, des messages — ça sert, ça a une utilité. (...) C’est un acte délibéré d’accentuer les séquelles en tirant au hasard sur une foule. Ils [les gendarmes] ont envoyé un nombre incalculable de projectiles qui peuvent avoir blessé des gens. Et d’une certaine manière, je pense qu’ils espéraient avoir blessé des gens. Que ça serve à quelque chose, ce qu’ils avaient jeté.
    Donc après, oui, je pense qu’ils savent les conséquences de ce que c’est que de bloquer l’arrivée des secours. Ils ne le feraient pas pour eux-mêmes par exemple. Il n’y a pas besoin d’avoir une formation professionnelle très prononcée sur la question médicale, je pense que tout un chacun sait dans cette société que de bloquer des secours face à une urgence, ça peut avoir des conséquences très graves. Je pense que les policiers sont largement formés à cette problématique-là et donc, quand ils le font, ils savent très bien qu’il peut y avoir des conséquences. (...) Quand l’État et le pouvoir ont peur que la lutte coagule et soit rejointe par toute une partie de la population, ça lui permet d’écarter le danger. Il faut imaginer des parents qui disent à leurs enfants qu’ils ne veulent pas qu’ils aillent aux manifestations parce que c’est dangereux, etc. C’est en partie compréhensible au vu des images qui circulent. La répression physique, c’est quelque chose dont se servent, à mon avis, aussi bien les dictatures les plus féroces que certaines démocraties. Parce que ça leur permet d’éviter que la lutte s’étende. (...) Moi, je me réveille quelques semaines après, on voit tous un policier tirer sur Nahel et le tuer dans sa voiture. Évidemment, ils n’ont aucune peur des conséquences. Parce qu’il faut pas se leurrer, quand je dis que l’État a donné carte blanche à la police à Sainte-Soline, je pense que c’est réel. Moi d’une certaine manière, le policier qui a tiré, c’est pas que j’ai rien contre lui, je le déteste évidemment, mais il a aussi des ordres qui viennent bien au-dessus. La carte blanche donnée sur le fait de tirer un peu au hasard comme ça et une telle quantité de fois, c’est pensé, c’est réfléchi, c’est pas juste un fait individuel annexe. (...) on a le pouvoir de mettre fin aux guerres. On a le pouvoir de mettre fin à des grands projets aberrants comme des mégabassines. On a le pouvoir de lutter pour améliorer nos conditions de vie. Il faut juste qu’on trouve des moyens efficaces de le faire collectivement, à une large échelle, entre tous les gens qui vivent la même condition et qui ont envie d’améliorer leur situation. Je n’ai pas de solution magique mais en tout cas, le pouvoir le sait bien, qu’on a cette force-là. Ce n’est pas pour rien qu’il a besoin d’une répression accrue : en face, il y a une possibilité. Les gilets jaunes sont venus le rappeler d’une manière fracassante. (...) Je pense qu’il n’y a qu’un changement radical de la société qui permettrait de résoudre à la fois les problèmes écologiques et les problèmes sociaux et que c’est dur de séparer ces problèmes-là. Les gens sont en train de le comprendre. (...) La lutte est certes devenue dangereuse, mais ne pas lutter, c’est encore plus dangereux.

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