Retour sur le gros week-end d’actions et mobilisations à Grenoble et Crolles contre STMicro et le néfaste complexe techno-militaro-industriel grenoblois qui l’a enfantée.
Rapide retour sur la mobilisation d’avril 2024 - Depuis la création du collectif STopMicro, la contestation des usines de la microélectronique grenobloise s’intensifie et se diversifie. Ce week-end de mobilisation des 5, 6, 7 et 8 avril 2024 marque une nouvelle étape dans la lutte. Rapide retour sur quatre journées contre le « monde connecté » et l’accaparement des ressources par les industriels de l’électronique.
(...) 2000 personnes répondent à l’appel pour la grande manifestation du samedi. Depuis la tour Perret, repensant aux Gilets jaunes avec qui nous prenions le même départ il y a quelques années, nous marchons en direction du centre de recherche et développement de ST, situé sur la presqu’île scientifique, l’épicentre des innovations et productions néfastes qui pullulent à Grenoble. C’est à notre connaissance la première fois qu’une manifestation s’aventure à porter la contestation au sein de ce désert de grilles métalliques, de béton et de verre (caractéristique fréquente des lieux de pouvoir et de nuisances). Un si gros cortège remontant cette interminable avenue, longeant les pires institutions grenobloise (Minatec, Clinatec, CEA…), cela nous fait chaud au coeur et rappelle aux plus ancien-nes la manifestation contre l’inauguration de Minatec en 2006.
- Retour sur les actions et événements contre STMicro et le complexe techno-militaro-industriel grenoblois
- Manifestation 6 avril 2024 à Grenoble contre le CEA et ses tentacules
Blocage de la Presqu’ile scientifique : Le temps perdu pour la recherche, c’est du temps gagné pour le vivant - Lundi 8 avril 2024, les accès routiers à la Presqu’île scientifique de Grenoble ont été bloqués par une centaine de militant-es contre les agrandissements des usines STMicro et Soitec. Les blocage étaient situées place Nelson Mandela et au Pont d’Oxford.
Suite au week-end de mobilisation des précédents jours, avec comme point d’orgue la manifestation ayant réuni 2 000 personnes sous le mot d’ordre « De l’eau, pas des puces » samedi, cette mobilisation pacifique a pour but de porter la contestation au coeur de l’épicentre des innovations et productions néfastes qui pullulent à Grenoble.
Après une heure de blocage et la distribution d’un millier de tracts, les manifestant-es ont quitté les lieux. (...) La Presqu’île se structure à partir du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) « un des principaux centres de recherche appliquée en microélectronique et nanotechnologies dans le monde ». Depuis sa création en 1956, il est la matrice de toutes les entreprises privées qui appliquent et commercialisent les résultats de ses recherches. Il a ainsi mis au monde en 1972 ce qui deviendra STMicro et Soitec en 1992, ainsi que de nombreuses autres entreprises telle Lynred, ouvrant pour le militaires. En outre, le CEA a toujours exercé un pouvoir politique conséquent. Le polygone scientifique est le lieu de création d’une élite technocratique, où travaillent aujourd’hui plus de 10 000 ingénieurs, et où la recherche publique est au service des usages industriels et militaires. Travailler pour le CEA n’est donc jamais anodin : c’est donner les atours de la recherche publique aux industriels, notamment de l’armement, qui en naissent et qui profitent de chaque innovation. (...) Au regard du rapport d’activité de STMicro, on constate que l’immense majorité des puces produites sont utilisées pour les voitures connectées, la reconnaissance faciale ou encore pour l’internet des objets (notamment la 5G, ST travaillant sur le développement de la 6G à l’heure actuelle). Dernière innovation en date : une bouteille d’eau connectée qui s’allume pour nous rappeler de boire régulièrement. Gonflé, pour une entreprise qui pompe toute l’eau du Grésivaudan… Quasiment aucune puce a destination du secteur médical : où sont passés tous les IRM vantés par la communication de l’entreprise et des pouvoirs publics locaux ? Au-delà des gadgets, les puces servent le marché du smart farming. L’objectif : ne plus avoir besoin d’humains pour cultiver les terres, qui le seront grâce aux machines connectées. Ce qui signe la mort de l’agriculture paysanne et de tout rapports à la terre. (...) Le plus dérangeant reste cependant bien caché. Alors même que STMicro est à la tête du consortium Exceed, qui a pour but de développer des puces à usage exclusivement militaire (source), l’entreprise se garde bien de mentionner l’utilisation de ses puces dans les armes : drones, lunettes de visée, missiles connectés… La France étant le deuxième exportateur d’armes au monde, on retrouve des puces fabriquées dans le Grésivaudan sur la plupart des conflits mondiaux… notamment dans les armes russes utilisées en Ukraine. (lire notre enquête life.augmented/death.augmented)
Si la production de puces se fait à Crolles et à Bernin, c’est bien sur la Presqu’île qu’elles sont inventées et développées. (...)
- Retour sur les actions et événements contre STMicro et le complexe techno-militaro-industriel grenoblois
- 5-6-7-8 avril 2024
« De l’eau, pas des puces » : 850 à 2 000 manifestants contre la microélectronique jusqu’à la Presqu’île scientifique de Grenoble - REPORTAGE – Entre 850 et 2 000 personnes (selon les estimations) ont défilé entre le parc Paul-Mistral et la Presqu’île scientifique de Grenoble, samedi 6 avril 2024, à l’appel du collectif STop Micro. Organisée dans le cadre d’un grand week-end de mobilisation, sous le mot d’ordre « De l’eau, pas des puces », la manifestation visait à protester contre le projet d’extension de l’usine STMicroelectronics de Crolles, mais aussi, plus largement, contre l’accaparement des ressources par les industriels de la microélectronique.
« ST casse-toi, Grenoble n’est pas à toi ! » ; « Résistance face au tsunami numérique » ; « Le monde de la tech assèche nos montagnes » ou même « La french tech au service d’Israël »… Les slogans comme les banderoles traduisaient la vaste palette de revendications des 850 à 2 000 manifestants1 défilant, samedi 6 avril 2024, jusqu’à la Presqu’île scientifique de Grenoble, sous le mot d’ordre « De l’eau, pas des puces ».
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- Retour sur les actions et événements contre STMicro et le complexe techno-militaro-industriel grenoblois
- 5-6-7-8 avril 2024 à Grenoble
Pour creuser les méandres opaques du dangereux complexe techno-militaro-industriel grenoblois et ses liens étroits avec son modèle israélien, voir :
De Grenoble à Tel Aviv - L’innovation de défense au fondement de la start-up nation, par le Groupe Grothendieck
Pour une vision plus large des avatars du capitalisme « vert » et de ses cartels :
Navette autonome connectée, Thalès, Safran, STMicro, Arkema, Imerys, EDF, Rhônergia… Luttes locales et « transition écologique » - Quelles alternatives au capitalisme "vert" - Lutter ici et aider nos voisins, car les nuisances sont interconnectées et ne connaissent pas de frontières