Voici deux articles qui décortiquent bien la volonté arrêtée des gouvernements, avec une accentuation sous le régime macroniste, de détruire l’assurance-chômage et de précariser toujours plus les chômeurs, et donc les travailleurs.
En fin d’article, quelques remarques persos sur le Travail, l’économie et ses mensonges.
1. Assurance-chômage : ce que Macron a déjà détruit et ce qu’il s’apprête à faire (Revue Frustration)
Extraits :
La réforme (le terme libéral pour “destruction”) de l’Assurance-chômage est l’un des objectifs les plus importants pour Macron et ses alliés. Alors qu’il était occupé à menacer les Français et la “foule haineuse” pendant ses vœux du 31 décembre, il a cité la réforme de l’indemnisation des chômeurs comme l’une de ses priorités.
Etape 1 : remplacer le financement par la cotisation par le financement par l’impôt :
L ’Assurance-Chômage telle que nous la connaissons a été créée en 1958. Gérée par un organisme paritaire (y siègent syndicats de salariés et représentants du patronat) nommé Unédic, elle indemnise les chômeurs et elle est financée par les cotisations patronales et salariales… Jusqu’à l’automne 2017. Lors de la loi de financement de sécurité sociale pour l’année 2018, les cotisations salariales pour l’assurance-chômage ont été supprimée, remplacés par la fameuse CSG, un impôt que tout le monde paye, y compris celles et ceux qui n’ont plus besoin d’assurance-chômage : les retraité.e.s.
l’Etape 2 : Fliquer les chômeurs et les forcer à accepter n’importe quel job, à n’importe quelle condition.
En préalable au passage de cette étape, le gouvernement a pu compter sur une meute servile d’éditocrates, “d’experts” et de journalistes moutonniers pour rabâcher cette idée que toutes les études démentes : les chômeurs le sont car ils ne veulent pas travailler. Cette théorie du chômage volontaire, inventée par les théoriciens libéraux dans les années 80, a inspiré la plupart des réformes de ces vingt dernières années. C’est ainsi que le “Revenu de Solidarité Active” a remplacé le “Revenu Minimum d’Insertion”, pour valider ce proverbe bourgeois : “un bon pauvre est un pauvre qui se laisse exploiter, même pour des clopinettes”.
Etape 3 : Affamer les chômeurs en réduisant leurs indemnités
La dernière étape aura lieu le 1er novembre 2019 : réduire les indemnités chômage, car notre système serait dispendieux et inciterait à la paresse. Les chômeurs ne partent-ils pas en vacances au Bahamas ? Avec 1050€ d’indemnité mensuelle en moyenne et 50% des chômeurs indemnisés qui touchent moins de 970€ par mois, il y a intérêt à s’y connaître en vol low cost, mais qu’importe. Nos dirigeants ne nous diront pas non plus que 40% des chômeurs ne sont pas indemnisés : puisqu’on n’est indemnisé qu’à une durée équivalente au nombre de jours déjà travaillé, les jeunes et les salariés en contrats précaires arrivent très vite en fin de droit. Ils n’ont plus de pain de l’Unédic ? Qu’ils mangent du RSA !
Ce projet, satisfaisant sur le plan comptable cher aux technocrates, sublime sur le plan financier cher aux oligarques, est un cauchemar sur le plan humain de tous les autres. Reposant uniquement sur notre consentement à l’idée que le chômeur est un glandeur, le salarié un coût, le pauvre un mauvais, il est imminent.
- Après leur précarisation continue, les chômeurs, éternels boucs émissaires, vont-ils rejoindre la révolte ?
2. « Je n’ai jamais vu ça, un durcissement aussi violent » : des agents de Pôle emploi « horrifiés » par la réforme - La réforme de l’Assurance-chômage entre en vigueur ce 1er novembre. 1,3 million de demandeurs d’emploi, dont les plus précaires, verront leurs indemnités baisser dans l’année qui vient. Basta ! a rencontré des agents de Pôle emploi qui décryptent le nouveau système et ses conséquences. (Bastamag)
Extraits :
C’est une véritable machine à fabriquer de la pauvreté qui va se mettre en branle à partir du 1er novembre. Même les agents du Pôle emploi en prennent le vertige. « Je n’ai jamais vu ça, un tel durcissement, aussi violent, lâche Aurélie, agente dans l’ouest de la France depuis dix ans. On touche les gens au portefeuille, on ne leur laisse plus de solutions. » L’objectif annoncé de la réforme : économiser 3,4 milliards d’ici fin 2021. Tout en mettant au passage un énorme coup de pression sur les demandeurs d’emploi, une nouvelle fois rendus responsables de leur situation.
Au total, la moitié des personnes indemnisées – principalement celles qui n’ont pas pu travailler à temps plein pendant au moins un an – verront leurs droits réduits, voire supprimés. Soit 1,3 million de personnes parmi les 2,7 millions qui bénéficient actuellement d’une indemnisation – sur, au total, 6 millions de personnes inscrites au Pôle emploi.
« Cette réforme est effrayante, confirme Daniel, conseiller Pôle emploi depuis de nombreuses années. Il y aura une chute brutale des montants d’indemnisation pour celles et ceux qui ont des périodes de travail hachées. Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA. »
Les conditions du « rechargement », qui permet de préserver ses droits si l’on travaille en parallèle de sa période d’indemnisation, sont également durcies. Quand un demandeur d’emploi retrouve du travail, ses allocations chômage sont suspendues. Mais si la personne se retrouve ensuite au chômage, elles lui sont de nouveau versées. Exemple ? Une personne est indemnisée de janvier à juin. Si elle travaille tout le mois de mai, elle voit ses droits prolonger jusqu’à la fin du mois de juillet.
« Jusqu’alors, le fait de travailler lui donnait aussi la possibilité de prolonger, ou de recharger, ses droits », explique Catherine, conseillère indemnisation. Un mois travaillé suffisait à recharger ses droits d’autant. « Mais ça, c’est terminé, prévient Catherine. Il faudra désormais un minimum de six mois travaillés pour ouvrir de nouveaux droits. Il s’agit en fait d’une quasi-suppression du droit rechargeable. »
Le gros de la saignée se produira à partir d’avril 2020. « Le mode de calcul des indemnités journalières va vraiment se durcir »
Celles et ceux qui subissent les méandres du travail précaire, comme les intérimaires et les personnes qui enchaînent les CDD en attente d’un contrat plus stable, seront les plus touchés, avertissent syndicats et agents de Pôle emploi. Même le très mesuré secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, évoque une « tuerie ».
Enfin, 7 % des chômeurs parmi les plus précaires (190 000 personnes) perdront carrément la moitié de leurs droits au chômage et devront (sur)vivre avec 431 euros par mois (au lieu de 868 euros) en attendant de décrocher une nouvelle mission d’intérim.
Face à ces pressions visant à faire accepter n’importe quel contrat, les demandeurs d’emploi ne seront pas égaux. « Il y a ceux qui pourront se permettre de refuser les annonces trop pourries, parce qu’ils ont un bagage intellectuel, des relations, qu’ils connaissent leurs droits, ont confiance en eux… et les autres, appréhende Gisèle. Ceux et celles qui ne sauront pas se défendre face à Pôle emploi. Est-ce cela que nous voulons ? Que les gens aient à se défendre contre Pôle emploi ? Est-ce juste ? »
Remarques persos
Si vous n’aviez pas encore, par mégarde, trouvé une bonne raison de vous révolter profondément et définitivement, en voici une bonne, merci macron !
Le régime et ses alliés comptent encore sur le fait que les chômeurs sont honnis partout, traités comme des parias et infériorisés, pour faire passer comme une lettre à la poste ses nouvelles mesures antisociales et ultralibérales.
Les merdias et les gouvernements ayant fait depuis des lustres un travail de sape et de dénigrement, la plupart des gens considèrent les chômeurs et chômeuses comme des feignants, des tire au flanc, des pompeurs d’argent public, des magouilleurs et parasites qui prennent l’argent des honnêtes travailleurs. Les expressions « y z’ont qu’à travailler », « si on veut on peut », « y a plein d’emplois non pourvus ».... et autres inepties sont répétées en boucle tant par les éditocrates lèche botte des milliardaires que par des petites gens exploitées et aveuglées par les propagandes capitalistes assénées à longueur d’antennes.
Mais peut-être qu’à présent chômeurs et travailleurs (qui sont en réalité les mêmes) ne sont plus dupes et vont se révolter pour de bon, non seulement contre ces mesures antisociales, mais contre toutes les bases du capitalisme lui-même ?
En effet, ce sont bien les dogmes du capitalisme qui posent problème : le marché du travail, le salariat, la concurrence « libre », la compétition de tous contre tous, l’accumulation du capital, la captation par les possédants de la Valeur produite par les travailleurs, la propriété privée des moyens de production, des terres et de l’immobilier, l’argent, etc.
A présent, ce capitalisme galvanisé par le macronisme veut aller encore plus loin et racler tout ce qui reste à racler au profit des plus riches. Retraites, droits au chômage, ressources naturelles, biens publics, fonctionnariat...., tout est détruit, pillé, privatisé jusqu’au bout pour que le capitalisme puisse continuer sa croissance et les actionnaires s’enrichir.
A présent, dirigeants et capitalisme ne veulent plus (cynisme et extrémisme) et ne peuvent plus (baisse de la croissance et de leurs profits oblige) lâcher quelques miettes pour que les peuples restent à peu près tranquilles et supportent leur exploitation et la destruction de leurs conditions de vie. Les capitalistes et leurs obligés comptent à présent sur la matraque plutôt que sur « le pain et les jeux » pour que le bas peuple se tienne sage.
A présent, les conséquences désastreuses du capitalisme, qui déjà détruisaient en grand les humains et le vivant partout sur Terre, mettent en péril le fonctionnement même de la planète (le climat, les cycles de l’eau...), les bases du vivant (sols, eau, écosystèmes...). Si on laisse faire les macron, les blocs bourgeois, les multinationales, le capitalisme et les Etats, la planète deviendra à peu près inhabitable, on aura des guerres, des néo-fascismes, des destructions accélérées d’espèces et d’animaux, et il est probable que l’humanité n’y survive pas, ou très très difficilement.
On est donc face à des enjeux gigantesques et existentiels. Davantage de monde va t-il réagir pour de bon ou continuer dans le déni, l’autruche, la soumission, la peur, la foi dans les technologies, l’illusion du développement durable ou du capitalisme vert, la résignation... ?
J’évoque tout ça parce qu’il faut bien comprendre qu’à présent l’important n’est plus de s’opposer à telle ou telle mesure pourrie, mais de voir plus loin, non seulement faire chuter le gouvernement et son tyran en chef, mais arrêter le capitalisme et ses destructions, sortir du dogme du salariat et du travail, inventer autre chose que l’économie et les classes sociales.
Tant qu’on restera dans le cadre économique existant, on sera prisonnier, on pourra seulement allonger ou repeindre nos chaînes.
Même chose pour institutions politiques antidémocratiques en place : tant qu’on reste dans ce cadre verrouillé, on pourra seulement choisir la couleur des dirigeants et de leurs matraques.
Ne nous focalisons plus sur Macron, mais plutôt sur le pouvoir économique, sur la remise en cause radicale de la propriété des moyens de production, sur les grandes fortunes qui possèdent les terres, les bâtiments, les usines.... et font et défont la loi et les régimes suivant leurs intérêts.
C’est là qu’est l’enjeu et le pouvoir, macron n’est qu’un sinistre pantin, un laquais minable, un dictateur brutal et cynique interchangeable. Sa démission et de nouvelles élections ne seraient qu’un piège pour étouffer la révolte générale et ramener la révolte dans les jeux politiciens des appareils institutionnels.
Si on veut des changements radicaux, la justice sociale, la protection du vivant, on devra s’attaquer aux vrais donneurs d’ordre, les grands systèmes capitalistes et leurs propriétés, pas aux simples exécutants comme macron et sa clique d’éborgneurs et menteurs professionnels qui servent de paravent et de punching ball.
En complément, quelques liens sur la critique du "travail" et de l’économie :
- Libérons-nous du travail, En partant du printemps 2016 - Le Comité érotique révolutionnaire nous propose ici un approfondissement théorique de cette critique du « travail », de plus en plus vécu comme une souffrance intolérable, comme toujours plus précaire et en aucun cas désirable et pourtant affirmé comme l’horizon indépassable de notre temps.
- « La critique radicale du travail, et son incompatibilité structurelle avec le principe spectaculaire », par Benoit Bohy-Bunel
- Critique radicale du travail capitaliste (en crise) – avec Jean-Luc Debry
- « L’ ’’économie réelle’’, c’est le capitalisme ! Au-delà de l’anticapitalisme tronqué de la gauche et d’ ’’Occupy Wall Street’’ », par Clément Homs
- Matériaux pour une critique radicale de la civilisation capitaliste, Première partie : le Temps
- Pour une politique du travail. À propos d’un livre de Thomas Coutrot
- Libérons-nous ! Des chaînes du travail et de la consommation - « Toute ta vie dépendra de l’argent que tu gagneras dans nos entreprises, et tout ton bonheur dépendra des produits que tu achèteras dans nos magasins. » Telle pourrait être la devise attribuée à cette servitude capitaliste qui nous étrangle par la double chaîne du travail et de la consommation… - Libérons-nous de ces esclavages absurdes ! Mais comment ? Par l’instauration d’un revenu universel, attribué sans conditions à tous ceux qui en font la demande, et suffisant pour mener une vie décente. Utopie ? Hier oui, aujourd’hui non. Notre niveau de développement technologique et industriel produit désormais une telle quantité de richesse que c’est devenu parfaitement réaliste... si la répartition de cette richesse devient équitable. La vraie question est ailleurs, et n’a jamais encore été posée : si nous ne passons plus l’essentiel de notre vie à travailler, qu’allons-nous faire de grand de tout ce temps libéré ? Dès 1930, John Maynard Keynes nous invitait à réfléchir à cette mutation de l’humanité où « le vieil Adam » n’aurait plus à gagner son pain à la sueur de son front mais devrait apprendre à assumer le vertige formidable d’une liberté entièrement nouvelle. Or nous y sommes. Allons-nous donc être capables de nous consacrer enfin, comme il l’espérait, « à nos vrais problèmes, ceux de la vie et des relations entre les hommes, ceux des créations de l’esprit » et aux moyens de « mener une vie judicieuse, agréable et bonne » ?
Forum de l’article