Quand la gauche s’enlise dans le capitalisme dit vert

Réindustrialisation, étatisme, capitalisme relooké... Contre les évidences, certains croient encore que la civilisation industrielle pourrait devenir soutenable

dimanche 20 septembre 2020, par Les Indiens du Futur.

Après le capitalisme à "visage humain" de Sarkosy, voici le capitalisme "verdit" de la gauche capitaliste.
Les mêmes positions ont été exprimées en Drôme récemment par des élus locaux lors de l’inauguration de la navette autonome prévue pour relier Crest et l’écocite de Eurre.

TOUS ENSEMBLE, AVEC GAËL GIRAUD (PROPHÈTE DE LA GAUCHE BOURGEOISE), POUR UN CAPITALISME ŒCUMÉNISTE DURABLE

Décidément, la nouvelle idole de la gauche, c’est lui. Tous les néophytes du gauchisme lui cirent les pompes (Thinkerview, Pierre Gilbert de Le Vent Se Lève, etc.). Mais pas seulement. Une magnifique tribune du sieur Giraud vient d’être publiée sur Reporterre dans laquelle il prône l’adoption d’une « démarche transversale » en ce qui concerne l’écologie. Celle-ci devrait, en effet, étant donné que nous sommes tous dans le même bateau, « devenir le souci et l’espoir de chacun d’entre nous ». Alléluia.
Triple or... — économiste, industrialiste et ecclésiastique — hautement diplômée (Polytechnique, Normal Sup, etc.), Gaël Giraud incarne à lui tout seul un certain nombre des tares qui gangrènent aussi bien la gauche que la société industrielle dans son ensemble.

Loin de prôner un changement radical de société, de reconnaître le caractère antidémocratique et autocratique de l’État, des États modernes, y compris soi-disant « démocratiques », le caractère foncièrement inique du capitalisme, la dépossession généralisée qu’ils imposent conjointement, le désastre appelé Progrès technique, etc., Gaël Giraud est un réformiste tout ce qu’il y a de plus généreux. Jésus distribuait des pains. Gaël Giraud, lui, distribue des propositions pour recouvrer un capitalisme « vert, équitable et pluraliste », de formidables « relations salariales régulées » dignes des Trente Glorieuses, pour une « réindustrialisation verte », et ainsi de suite.

Comme tout Homme de Gauche qui se respecte, Gaël Giraud est un farouche étatiste (et défenseur du Progrès, du Développement, de l’industrialisation) :
« La faillite de l’État, c’est le retour tribal au Moyen-Âge avec des seigneurs de guerre locaux qui terrorisent des populations civiles prises en otage.
La tentation est de se représenter l’effondrement comme une bonne nouvelle. Certains cèdent à une sorte de romantisme anarchiste, jubilant inconsciemment de l’abolition de l’État à la perspective de l’effondrement. Or, je suis convaincu que nous avons besoin d’un État pour faire respecter le droit et la justice, pour assurer des services publics et sociaux. Le seul intérêt de la collapsologie, c’est de nous encourager à tout faire pour éviter la catastrophe. »
« La catastrophe » désignant, vous l’aurez compris, l’effondrement de la civilisation industrielle, la « faillite de l’État », et non pas la destruction en cours de la vie sur Terre et de la liberté des humains que perpétuent les oligarchies des États modernes et le capitalisme qu’ils imposent.

Pour Gaël Giraud, et contrairement à ce que prônent certains écologistes radicaux (ces affreux khmers verts, djihadistes zoophiles), il faut absolument « lutter contre la désindustrialisation de nos sociétés », ce qui « signifie un effort d’investissement dans les secteurs aujourd’hui les plus porteurs, ceux qui ont davantage permis, jusqu’à présent, à la consommation de biens manufacturés de continuer de croître : l’électronique, l’informatique et les produits pharmaceutiques et médicaux ». C’est aussi pourquoi le Giraud est évidemment « favorable à une industrialisation rapide de l’Afrique ». Industrialisation verte, très certainement.

Bref, rien de nouveau sous le soleil. Le Giraud promet la même chose, mais en plus juste, en plus résilient, en plus sympathique, en plus tendre, en plus durable, en plus jésuite. Le Monde ne s’y trompait pas en le présentant comme un individu « pas rebelle. À moins que, pour le jésuite qu’il est aussi, la forme suprême de la rébellion, ce soit l’obéissance ».
(L’indécence des médias atteint des sommets lorsqu’un économiste-industrialiste-étatiste, représentant du christianisme (notoirement patriarcal, colonialiste, génocidaire et ethnocidaire) y déverse ses lamentations sur le sort « des populations autochtones », des femmes et des enfants.)

Pendant que les gauchistes fantasment les propositions écocapitalistes chimériques et imbéciles du Giraud, le roi restaure le salon doré de son palais pour 930 000 euros, les derniers journalistes (ceux qui tentent encore de faire quelque chose d’utile de cette profession) se font harceler, les « arrestations préventives » se multiplient, les forêts brûlent, les espèces sont détruites, les espaces ravagés, etc., etc.

(post de Nicolas Casaux)

P.-S.

On a les mêmes dans la Vallée de la Drôme

A l’occasion de l’inauguration de la navette autonome prévue pour relier Crest et l’écocite de Eurre, Ms Hervé Mariton, Laurent Wauquiez et Jean Serret ont communié dans l’exaltation délirante, suicidaire et écocidaire de la réindustrialisation, du progrès technique, des technologies complexes et numériques, de « l’intelligence artificielle »...
Comme quoi « gauche » et droite extrême savent se rejoindre sur l’essentiel malgré quelques chamailleries et divergences.
(voir journal le Crestois du 11 septembre 2020)


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