La France est le premier utilisateur d’engrais phosphatés en Europe, à raison de plus de 400 000 tonnes par an. C’est un fertilisant utilisé surtout pour les céréales et les pommes de terre et qui est censé favoriser de gros rendements.
Mais il contient du cadmium. C’est un métal lourd, classé cancérogène pour
l’humain, et qui, à haute dose, abîme les reins, les os et l’appareil respiratoire. Un poison qui plombe les sols puis contamine toute la chaîne alimentaire…
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Dans son dernier numéro, « Que choisir » a calculé, après analyse de 117 aliments courants, qu’un adulte pouvait en une journée de trois repas dépasser de 136 % la dose maximale quotidienne. L’année dernière, déjà, Santé publique France avait mené une étude sur près de 4000 personnes révélant que les Français consommaient bien plus de cadmium que les autres Européens, notamment les enfants (près de 15 % d’entre eux), grands consommateurs de céréales.
D’après une étude menée par l’institut national de recherche en agronomie, les paysans en épandent 30 % de plus que nécessaire. Et ils s’approvisionnent quasi exclusivement dans les mines de phosphate du Maroc, à très haute teneur en cadmium.
La commission européenne, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation (Anses) en France, se sont emparées du sujet et ont préconisé de descendre le seuil de cadmium des engrais phosphatés. Mais bien sûr, la FNSEA et l’Union des industries de la fertilisation ont crié au scandale et menacé de la chute des rendements.
Le ministère de l’agriculture, aux ordres de l’industrie, n’a toujours pas publié de décret pour appliquer la recommandation de l’Anses.
Des scandales de ce type, dont est coutumier le gouvernement français, abondent et ils finissent par se recouvrir les uns les autres. Ils indiquent, à chaque fois qu’on les découvre, que les intérêts capitalistes l’emportent systématiquement. Et le mépris absolu pour les avis de ses propres institutions, bien loin de cette fameuse démocratie invoquée à tout bout- de champ !
Dans un rapport de la commission européenne sur l’écologie, la France se distingue, plus encore que les autres qui ne sont pourtant pas bien brillants. Elle artificialise ses sols plus que les autres. Elle cultive moins de bio que les autres. Elle a moins de zones naturelles protégées que les autres. Ses émissions de gaz à effet de serre diminuent moins que celles des autres. Ses subventions aux combustibles fossiles sont supérieures à celles des autres. Son air est tellement pollué qu’elle risque des sanctions financières. Sa protection des oiseaux migrateurs et des cétacés est insuffisante. On y pêche même dans les aires marines protégées. On y répand des pesticides même dans les zones Natura 2000. D’ailleurs, au passage, il faut savoir que Wauquiez a supprimé une part des subventions de la région Auvergne-Rhône-Alpes à ces zones pour les redistribuer aux agriculteurs. Bio sûrement !
Source : Le Monde, le Canard enchaîné