Organisons l’autodéfense populaire, car l’immolation ne change pas le coeur des dirigeants

L’étudiant immolé accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de l’avoir tué

samedi 9 novembre 2019, par Camille Pierrette.

Quelques articles, posts et remarques sur l’immolation terrible d’un étudiant le vendredi 8 novembre 2019 à Lyon devant le CROUS :

Nouvelle immolation dans ce pays où on en recense, étrangement, assez régulièrement.

(un post de Nicolas Casaux)

Quelle tristesse de constater que beaucoup de gens, en bas, parmi ceux « qui ne sont rien », s’en remettent inexorablement à la « force de la souffrance, c’est-à-dire la non-violence », selon une formule de Gandhi. Se mutiler soi-même plutôt que les responsables du désastre. L’horreur absurde de la non-violence jusqu’au-boutiste, qui est évidemment présentée comme la seule manière digne de lutter par tous ceux qui n’ont pas intérêt à ce que les choses changent — et même par une partie de ceux qui ont intérêt à ce que les choses changent mais qui adhèrent aveuglément au code moral imposé par les dominants. Au moyen, d’ailleurs, de toutes sortes de mensonges : Gandhi n’était pas, par exemple, partisan d’une non-violence absolue. Cela dit, cet abruti encourageait les gens à s’immoler plutôt que de résister, du moins s’ils en avaient le courage :

« L’auto-défense […] est la seule action honorable qui reste lorsque l’on n’est pas prêt à s’auto-immoler. »

Et ce parce que, selon lui (selon ses fantasmes) :

« L’Histoire est pleine d’exemples d’hommes qui, en mourant courageusement avec la compassion sur leurs lèvres, ont changé le cœur de leurs opposants violents. »

En l’occurrence, l’immolation de cet étudiant ne va pas changer le cœur de Macron. L’auto-défense, c’est mieux.

Un étudiant s’immole par le feu devant le CROUS de Lyon

Un étudiant s’immole devant le CROUS de Lyon pour protester contre la précarité

- L’article sur Rebellyon :

Vendredi 8 novembre, un étudiant s’est immolé devant le bâtiment du CROUS, il dénonce dans ce geste la politique néolibérale, et le fascisme ambiant. Nous publions ici sa lettre expliquant ce geste ainsi que le communiqué de son syndicat. Toute nos pensées à ses proches.

- Texte publié par le camarade avant son acte :

Bonjour

Aujourd’hui, je vais commettre l’irréparable. si je vise donc le bâtiment du CROUS à Lyon. ce n’est pas par hasard, je vise un lieu politique, le ministère de l’enseignement supérieur et la recherche et par extension, le gouvermement.

Cette année, faisant une troisième l2, je n’avais pas de bourses, et même quand j’en avais, 450€/mois, est ce suffisant pour vivre ?
J’ai eu de la chance d’avoir des personnes formidables autour de moi, ma famille et mon syndicat, mais doit-on continuer à survivre comme nous le faisons aujourd’hui ?
Et après ces études, combien de temps devrons nous travailler, cotiser, pour une retraite décente ? Pourrons nous cotiser avec un chômage de masse ?

Je reprends donc une revendication de ma fédération de syndicats aujourd’hui, avec le salaire étudiant et d’une manière plus générale, le salaire à vie, pour qu’on ne perde pas notre vie à la gagner.
Passons à 32 heures de travail par semaine, pour ne plus avoir d’incertitudes vis à vis du chômage, qui conduit des centaines de personnes comme moi chaque année à ma situation, et qui meurent dans le silence le plus complet.

Luttons contre la montée du fascisme, qui ne fait que nous diviser et créer , et du libéralisme qui crée des inégalités.
J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes, j’accuse aussi le Pen et les éditorialistes d’avoir créé des peurs plus que secondaires.

Mon demier souhait, c’est aussi que mes camarades continuent de lutter, pour en finir définitivement avec tout ça.

Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la secu.
Et désolé pour l’épreuve que c’est.
Au revoir

- Communiqué de Solidaires Etudiant.e.s Lyon

La précarité détruit nos vies

Depuis hier après-midi, un de nos camarades et ami est entre la vie et la mort, à l’hôpital. En grande précarité financière, privé de bourse, désespéré, il s’est immolé par le feu devant le bâtiment du CROUS de Lyon. Nous n’avons pas suffisamment de mots pour crier notre douleur et notre tristesse.

Notre dégoût, aussi, à l’égard de ces institutions qui l’ont poussé à l’irréparable, comme il l’a expliqué dans un message poignant. Car ce sont bien ces institutions inhumaines, cette précarité, cette violence trop commune que l’État et l’Université exercent contre les étudiant-e-s dans l’indifférence générale qui ont guidé son geste, profondément politique, acte désespéré mais aussi et surtout geste de lutte contre un système fascisant et raciste qui broie. Elles sont à ce titre responsables et coupables. Nous pensons à lui et à ses proches, ami-e-s et sa famille. Nous attendons et espérons sa rémission, pour retrouver, parmi nous et dans nos luttes, ce camarade et son sourire, syndicaliste impliqué, toujours prêt à aider les autres, chaleureux, humain.

Pour reprendre son message, « Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la sécu ».

Nous t’aimons.

Un étudiant en détresse sociale s’immole par le feu devant le CROUS de Lyon
J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué

11 agents de l’Education nationale se sont suicidés depuis la rentrée de septembre

voir l’article Les syndicats ont réclamé des mesures d’urgence aujourd’hui lors d’une réunion extraordinaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

- Rappelons-nous aussi les suicides à France Telecom, à la Poste, à la SNCF, chez les agriculteurs, dans les services hospitaliers, même des policiers se sentent « abandonnés » et se suicident alors que pourtant le régime a bien besoin d’eux pour se maintenir par la force.

La précarité, la pression permanente, la tendance à l’extrême-droitisation, la libéralisation, la perte de sens, la violence du travail, les atteintes à la santé, les privatisations, la brutalité des plans de « réformes » et des hiérarchies ne sont pas juste un hasard, un dysfonctionnement, c’est une stratégie ferme voulue et planifiée par les autorités et le capitalisme.

Des améliorations réelles ne viendront pas de quelques réformes, non-reculs et projets bloqués/reportés. Notre survie impose de lutter collectivement pour un changement radical de système. Ce mode de production, cette civilisation industrielle sont fondamentalement néfastes, les repeindre en vert où limiter certaines conséquences ne changera rien.
A l’image des gilets jaunes et d’autres, nous devons à présent lutter ensemble au lieu de subir, de juste protester et manifester, de nous suicider ou de subir des burn out.
Ne faisons pas plaisir aux tyrans et autres capitalistes, ne nous suicidons pas, ne sombrons pas dans l’apathie et la résignation, (re)levons-nous !
Peut-être que les étudiants vont se mettre eux aussi en grève illimitée à partir du 5 décembre, voir avant ?

Que ce soit pour les questions sociales, écologiques, pour la liberté d’expression, pour lutter contre les ghettos et la répression policière généralisée, seule l’autodéfense populaire, le déploiement partout d’une résistance multiforme organisée et offensive peuvent renverser la vapeur et permettre de sortir de la résignation et de la peur.
L’autodéfense populaire, la résistance collective, sont nos armes contre la guerre que mène les puissants et le capitalisme.

#REVOLUTIONEVERYWHERE

Solidaires Etudiant-e-s et l’Union syndicale Solidaires appellent nationalement à des rassemblements sur les lieux d’études, devant les CROUS le mardi 12 novembre

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