Nous refusons de vous déléguer notre révolte

par Génération Climat

vendredi 5 juillet 2019, par Camille Pierrette.

Un texte qui peut tout à fait s’adapter au contexte français, et qui pourrait "stimuler" positivement des mouvements tels que Extinction Rebellion.

NOUS NE VOUS DÉLÉGUERONS PAS NOTREVOLTE ! 🔥

📣 Lettre du collectif Génération Climat dans le cadre des négociations gouvernementales.

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" Le 26 mai dernier, la population belge a été appelée aux urnes dans le cadre des élections fédérales, régionales et européennes. Tout ou presque cette année avançait au rythme de l’échéance électorale : les médias, les écoles, ainsi que les mouvements sociaux.

Parmi ces mouvements d’ampleur, les grèves hebdomadaires de la jeunesse pour le climat. Depuis le mois de janvier 2019 et sans interruption, les jeunes se sont retrouvés par milliers chaque semaine pour exiger une véritable justice climatique. L’horizon de cette mobilisation historique ? Les élections.

Parmi les nouveaux électeurs donc : les jeunes manifestants pour le climat. Un marché juteux, si l’on peut dire, pour les partis politiques et candidats en lice pour le grand spectacle électoral.

En effet, ce mouvement, auquel nous avons participé activement, a hissé en haut du débat public et de la campagne électorale le thème du climat. Chaque "compétiteur" a donc dû intégrer ce paramètre s’il voulait avoir une chance de rester dans la course électorale, et si possible de la gagner. Pris au dépourvu dans une campagne chamboulée par l’enjeu de l’urgence climatique, tous les partis ont fait mine de laver plus vert que vert.

Et passé ce grand événement national, vinrent les négociations, dans le but de former des nouveaux gouvernements. A Bruxelles et en Wallonie, le ton fut rapidement donné : ce sera du rouge et du vert, avec tantôt une touche amarante, tantôt une touche de “société civile” - soit un gouvernement “coquelicot”, associant PS, Ecolo et des citoyens au sud du pays.

En vue de la formation de ce gouvernement coquelicot, les négociateurs ont donc reçu récemment des représentants de divers secteurs de la société civile : syndicats, associations, ONG,... l’occasion pour eux d’avancer leurs revendications et leurs priorités.

Notre collectif de jeunes écologistes, Génération Climat, a donc décidé de profiter de cette ’ouverture’ -aussi superficielle soit-elle- pour communiquer ses motivations, ses idées, et ses perspectives. Car la galaxie climatique est diverse et multiple ; nous nous présentons comme l’aile radicale des jeunes pour le climat.

Mais loin de confier toute la responsabilité de sauver notre avenir et celui du monde vivant dans son ensemble à des experts en blouses blanches ou aux politiciens, nous proposons de souligner ici les grandes lignes de ce que nous considérons comme la rupture nécessaire avec le vieux monde, la société industrielle capitaliste.

Si possible, nous désirons que cette lettre arrive sur la table des négociations. Non pas car nous voulons y participer, mais bien parce que ces changements sont, d’après nous, non négociables.

Pour nous, l’écologie sera une lutte ou ne sera pas. Cette devise constitue le fil rouge de notre mouvement. Elle se décline tout au long de notre manifeste, dans lequel nous écrivons :

Nous ne croyons plus au progrès vendu par votre génération de responsables politiques et industriels et vos chiens de garde. Nous désirons autre chose, un autre horizon que celui de l’accumulation matérielle et l’aliénation des individus.

Nous ne voulons plus de la croissance et de l’expansion économique, car cette quête insensée et aveugle, inhérente à notre civilisation industrielle, nous mène vers le gouffre écologique.

Nous actons ici la déconnexion entre votre monde et le nôtre. Nous aspirons à une toute autre société, où la politique appartient à tous.

Cette nouvelle société, ou plutôt ces nouvelles sociétés, le système politique et économique actuel ne peut nous l’offrir sur un plateau. C’est pourquoi nous continuerons à nous battre, à faire la grève, à manifester et à désobéir, pour notre avenir.

[...]

La probabilité que nous tombions d’accord est proche de zéro, et l’intérêt que nous avons à négocier des petits pas avec vous l’est tout autant.

De votre côté, faites ce que vous pouvez. Ou plutôt, faites ce que vous devez, si tant est que l’avenir des jeunes générations vous est prioritaire : réunissez tous les partis démocratiques autour de la table et travaillez pour inscrire dans le marbre le basculement vers une société juste, démocratique et soutenable. Ensemble, prenez des décisions courageuses pour mettre fin au règne de l’énergie sale et abondante, et ce dans les plus brefs délais. Ensemble, acceptez l’impossibilité de concilier des objectifs antagonistes tels que la croissance et l’écologie.”

Vous l’aurez compris : nous ne comptons plus vraiment sur vous. Car nous n’avons plus le temps d’attendre, et car nous n’avons plus d’espoir. Nous agissons désormais par la force de notre désespoir, par la colère de notre impatience, par la tristesse de notre impuissance.

La décroissance, l’anticapitalisme, la justice sociale et la démocratie directe sont les axes directeurs de notre combat. Nous en faisons les points cardinaux de toutes nos actions. Et nous les considérons comme les conditions de la victoire.

Que ceux qui ne veulent plus se mentir et espérer vainement des changements venant “du haut” nous rejoignent au plus vite dans la rue, sur les ZAD, et sur tous les terrains en lutte pour une vie émancipée et authentiquement écologique.

Quant à vous, négociateurs de salles aseptisées, futurs chefs de gouvernements verticaux, prochains alliés du pouvoir hors-sol, nous n’avons qu’une chose à vous dire : nous n’arrêterons pas. Nous ne vous lâcherons pas. Nous ne vous laisserons jamais tranquilles et ne serons jamais satisfaits de vos petits ou grands pas. Et ce, peu importe les partis au pouvoir.

Pour terminer, voici une citation de l’ancien esclave et abolitionniste Frederick Douglass :

« Laissez-moi vous dire ce que je pense de la philosophie réformiste. Toute l’histoire des progrès de la liberté humaine démontre que toutes les concessions qui ont été faites jusqu’ici en son auguste nom ont été arrachées par la lutte. (…) S’il n’y a pas lutte, il n’y a pas progrès. Ceux qui prétendent aimer la liberté mais méprisent l’agitation sont comme ceux qui veulent la récolte sans avoir à labourer la terre. Ils veulent la pluie sans tonnerre ni éclairs. Ils veulent l’océan sans le rugissement des eaux agitées. La lutte peut être morale mais elle peut également être physique. Ou bien elle peut être à la fois morale et physique. Mais il faut que ce soit la lutte. Le pouvoir ne cède rien qu’on ne lui ait arraché. Il ne l’a jamais fait et ne le fera jamais. »

Nous refusons de vous déléguer notre révolte.

Génération Climat


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