Non au tri des ordures !

pour préserver l’humain et sa planète

mercredi 17 juillet 2019, par Etienne.

Dans l’obscurité politique et morale que l’époque traverse, les sophismes pullulent. Ainsi, la loi sur l’économie circulaire, d’inspiration croissanciste, dont vient d’accoucher Mme Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la transition énergétique,.

A la décharge de la sous-ministre, reconnaissons que sa génération hérite du déficit intellectuel lié à la montée des écrans depuis les années 60, à l’abandon des humanités, sciences véritables de la complexité humaine, comme du délitement moral accompagnant la montée en puissance de la prédation libérale. ,
Est-ce suffisant pour excuser de tels errements ? « Un déchet c’est le début de quelque chose de nouveau. L’économie circulaire, c’est une chance », s’égare Mme Brune Poirson.

Si l’habillage de la loi est politiquement correct, il s’agit au fond de ne surtout pas casser la mécanique générale qui sert d’assise au système, pour durer au moins jusqu’au prochain horizon électoral. Notre loi démocratique est par essence court-termiste.

Histoire des déchets

Quelle est l’histoire des montagnes de déchets au milieu desquelles nous vivons ?
Autrefois, on achetait les piles à l’épicier du quartier, profitant de rapporter quelques bouteilles de verre. Avec le prix de la consigne, les enfants achetaient quelques caramels à un centime de franc. Devant le Coop – une épicerie coopérative -, c’était le boulanger. On y était en un quart d’heure de marche.

Pas besoin de voiture. .Pas encore de grandes surfaces. Les petits enfants allaient seuls à la maternelle, distante d’environ un kilomètre, à pied. Dans les rues passaient de rares voitures. D’ailleurs, l’hiver, la nationale englacée servait de patinoire : les camions étaient si rares !

Peaux de lapin pôôôô...!

Les œufs, le fromage blanc, la volaille provenaient d’une ferme voisine. Jadis à la campagne, la ville l’étouffa peu à peu. Régulièrement, le chiffonnier passait sur une carriole tractée par une haridelle, soufflant la corne, lançant, demi-chantant : « Peau de lapin pôôôô, peaux de lapin pôôôô. Chiffons, métaux, peau de lapin pôôôô ! etc. Nombre de voisins entretenaient des clapiers. On nous donnait du lapin. Dans notre potager, il y avait avec des herbes délicieuses. On en faisait des sandwich – une touffe d’oseille, une touffe d’estragon, un peu de persil. Le tub Citroën de l’épicier passait tous les jours dans la rue. Livré à domicile ! Les mamans se retrouvaient à l’abri de l’auvent de l’épicerie roulante. Les mamans, oui, car elles travaillaient peu. Le travail n’avait pas encore enrôlé les femmes. La règle était alors qu’un seul salaire suffisait aux besoins d’une famille. Comme le Progrès n’avait encore autant progressé, on jouissait de beaucoup plus de temps.

Qu’importent ces souvenirs triviaux ? Le quotidien est terriblement labile. Il est pourtant l’étoffe de nos vies. C’est pourtant de lui qu’on se souvient le moins. Un peu comme la grenouille dans une casserole sur un feu doux, qui meurt ébouillantée pour n’avoir rien senti venir.

Les ordures du Progrès

Pas de « blister » alors, pas de bouteille en plastique, pas d’emballage, ni de suremballage. Pas de grande distribution non plus, ni tant de camions, de voitures garées dans les rues vides de mon enfance, pas tant de concentration capitalistique, pas tant de pollution, pas tant de déchets. Tout cela apparait avec les multinationales – les très grandes entreprises étaient alors propriété publique – avec la grande distribution, avec les autoroutes, avec la bagnole ubiquiste, avec la télévision, avec le nucléaire, et l’énergie trop bon marché.

C’est bien avec la grande distribution qu’explose la quantité de cartons, plastics, canettes, ventes par multiples. Le savon liquide, le gel douche apparaissent : façon de vendre plus cher plus un produit moins efficace que le savon, mais accompagné d’un flacon de plastique. Quand la droguerie familiale comptait naguère guère une poignée de produits, les placards regorgent aujourd’hui de toutes sortes de pâtes, poudres, liquides inutiles et toxiques.

La grande distribution renvoie, comme le nucléaire, comme la société connectée, comme la prétendue « intelligence artificielle », à un modèle économique et social global, à un territoire dessiné autour du profit (la novlangue parle de compétitivité) : bagnoles, camions, asphalte, hangars, distances, antennes, réseaux, individualisme, écrémage des plus-values, concentration des flux financiers, globalisation matérielle et immatérielle, industrialisation des valeurs et représentations, via les medias de masse.

Que faire face à cette marée montante d’ordures ? L’Union européenne [1], structurellement construite autour des intérêts du grand capital ( « champions européens » en novlangue), édicte une directive : elle est à l’origine de nos déchèteries, et de la taxe dite d’assainissement. Taxe qui fera le beurre de quelques groupes industriels.

Stop !

Stop !
Revoyons le film au ralenti.
La grande distribution pousse au consumérisme. La masse de déchets explose. De grands groupes industriels – Vinci, Véolia – s’en gavent. Partout les profits explosent, les salaires baissent. Tour de passe presque miraculeux. On fait du fric en produisant des déchets, en distribuant des déchets, en recyclant des déchets. Et le cycle est financée par l’impôt ! Chapeau l’Union européenne, qui a su adroitement privatiser les profits tout en socialisant charges et dommages.

Economie circulaire, elliptique, oblongue : qu’importe, si au fond on ne s’attaque au nerf du problème ? Sauver la planète ? Oui, mais sans rien remettre en cause au fond. Aussi, pour protéger l’humain dans son environnement, refusez d’être complice de l’empoisonnement du monde. Refusez de trier. Et s’il vous arrive au supermarché de ne pouvoir l’éviter, laisser vos déchets au distributeur de déchets, dans le charriot du supermarché. Qu’il s’occupe donc lui-même de ces ordures qu’il nous impose !

Et pour finir, devinez quoi :Brune Poirson est une ancienne de Véolia et polytechnicienne. Le cumul des mandats est désormais interdits, mais les tares volent en escadrille.

Notes

[1qui n’est pas l’Europe car nous tenons à l’amitié de nos frères slaves d’Europe, qui ont le droit, comme nous, de se déclarer Européens


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