Nantes : Steve a été tué par la police - Des journalistes restent neutres ...au service de l’Etat

Le corps de Steve retrouvé dans la Loire : remarques sur le traitement journalistique

mardi 30 juillet 2019, par Camille Z.

Voici un post de la revue Frustrations :

LA « NEUTRALITE JOURNALISTIQUE » AU SERVICE DE LA POLICE :

Quand des journalistes édulcorent la responsabilité policière dans la mort de Steve à Nantes

On se pince en écoutant la radio et en lisant les journaux ce matin. Le corps de Steve a certainement été retrouvé, et l’affaire est traitée comme un regrettable accident. La dépêche AFP, reprise par le Monde, sans sourciller, est folle : « La disparition du jeune homme (...) avait coïncidé avec une intervention des forces de l’ordre la nuit de la Fête de la musique, qui avait été vivement critiquée ».

Ouvrez le Larousse, amis (non) journalistes : une coïncidence c’est une « Rencontre fortuite de circonstances ; événements qui se produisent en même temps ».

On imagine bien l’ambiance en salle de rédaction : comme tout bon journaliste pas futé, l’auteur a du chercher le terme « neutre », qui ne « jettera pas de l’huile sur le feu ». Et puis il ne voudrait pas contrarier les autorités. Je me souviens de mon premier stage dans une radio locale, en Charente-Maritime. Envoyé couvrir la conférence de presse du sous-préfet sur les effets magiques et radicales de la baisse de la TVA dans la restauration (vous ne vous en souvenez sans doute pas, c’était sous Sarkozy, ça devait créer des milliers d’emploi et rendre les restos abordables), j’avais osé un angle un poil critique et mon « rédac’ chef » m’avait dit « on ne va pas les contrarier sinon on ne sera plus invité à leurs événements ». Si le journaliste ordinaire cède face à un obscur sous-préfet, imaginez sa couardise face au ministre de l’intérieur et au président de la République.

Le journaliste « neutre » n’aime pas contrarier les préfets : Il préfère nier les évidences et déformer les faits.

Car non, il n’y a pas eu « rencontre fortuite » entre la noyade de Steve et la charge débridée de la police ce soir-là. Des tas de gens sont tombés dans la Loire, un des fleuves les plus dangereux de France, parce que les flics, totalement habités par le sentiment d’impunité que le gouvernement leur a offert ces dernières années, ont chargé comme des boeufs, pas inquiets des « dommages collatéraux » parce qu’ils savent que le saint patron des flics brutaux veille sur eux : l’IGPN, la « police des polices », est là pour les couvrir. Chargez, braves flics, personne ne vous en tiendra rigueur, leur murmure l’IGPN, le ministère de l’intérieur et la plupart des médias.

Non, la mort de Steve n’a pas « coïncidé » avec la charge « controversée » de la police ce soir-là. Pas plus que la bêtise journalistique ne « coïncide » avec la composition sociale des salles de rédaction - de jeunes bourgeois sages qui aiment l’ordre.

La charge de la police a causé la mort de Steve. Et on sait tous désormais, au plus profond de nous-même, qu’il n’y a rien à attendre des « conclusions des experts », du « rapport de l’IGPN », des « réquisitions du parquet ».

Nantes, ici la police noie vos enfants

- En complément, ce post de Cerveaux non disponibles :

C’est officiel : le corps retrouvé dans la Loire hier est bien celui de Steve.

La rage, la colère, le dégout d’un pouvoir qui consciemment a ordonné une charge policière disproportionnée et dangereuse au vu de la configuration des lieux. N’oublions pas que la gendarmerie a refusé de participer à une telle action. N’oublions pas que le commissaire en charge de l’opération a été décoré par Castaner une semaine avant. N’oublions pas le silence, l’inertie et le mépris qu’ont eu le parquet, le préfet, le gouvernement et la police.

La mort de Steve n’est pas un accident !
La mort de Steve est le résultat d’une politique de la terreur. Le résultat d’un pouvoir qui ne tient que par la force.

Aujourd’hui, la tristesse ne suffit pas. Après Zineb, c’est donc Steve qui a perdu la vie de façon totalement injuste et affreuse. Laisser passer ces drames sans se soulever, c’est accepter de vivre dans une société où n’importe lequel de nous peut mourir "sans raison". Ou la vie d’un citoyen ne compte finalement plus.

Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnerons pas. Et tant que la justice, la vraie, ne sera pas rendue, ils n’auront pas la paix.

- et ce post de Rennes en Lutte pour l’Environnement :

OU EST STEVE ? STEVE EST MORT.

Sa mort n’est pas un accident, une bavure de plus. Elle est le résultat d’une culture de la brutalité policière entretenue et soutenue par notre gouvernement comme les précédents et dont nous sommes potentiellement ou déjà les victimes

Il n’y pas de mots pour qualifier cette attaque de la fête de la musique par quelques petits miliciens en uniforme qu’on ose encore appeler policiers. Ces brutes, qui prennent leurs pieds à gazer et tirer à tout va sur leurs concitoyens, croient peut être que de telles pratiques vont certainement permettre de rétablir "l’ordre" qui est manifestement devenu le prétexte de toutes leurs exactions.

C’est à nous de prendre la mesure de cette tragédie et d’opposer partout où nous la rencontrerons un rapport de force significatif face à cette police que le gouvernement récompense pour sa loyauté dans le combat hautement valeureux et courageux qu’elle mène contre son propre peuple avec armes de guerre à l’appui.

Pendant ce temps, ces professionnels de la politique, Florian Bachelier en tête, tout content et fiers d’avoir voté le CETA, se présentant comme les hérauts de la liberté et de la démocratie dont ils ne cessent de réprimer l’expression, viennent encore pleurnicher dans une tribune pour leurs permanences brisés, murés et incendiés. Ces députés minables osent pleurer la destruction de leurs mobiliers pendant que le gouvernement envoie sa police tuer, mutiler et blesser les corps de ses concitoyens, de sa jeunesse, qui s’organisent, qui luttent, qui développent ses aspirations, ses revendications, et qui font la fête.


Voir aussi cet article, qui comporte un "bilan" chiffrée des brutalités policières depuis novembre 2018 envers les GJs (il faudrait aussi détailler les autres personnes blessées ou tuées, notamment dans les ghettos) :
- Contre les mutilations des citoyens de France par les LBD40 et les grenades - Ce jeudi 1er août 2019, un collectif se rencontrera sur les plages du Languedoc-Roussillon pour un déjeuner de l’Amitié afin de rendre hommage aux GJ blessés, et en particulier à ceux de la région Nîmes – Montpellier qui se verront remettre la médaille « du Courage & de la Dignité ». Une grande banderole sera ensuite transportée tout le long de la plage pour dire : STOP aux LBD40 et grenades.

Que fait la police ? Ca noie des gens !


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