Marseille, manifestation Marche de la colère & violences policières

mercredi 14 novembre : vidéo, témoignages, ...et conclusion

vendredi 16 novembre 2018, par Camille Z.

Voici une vidéo qui suit la marche de la Colère du mercredi 14 novembre à Marseille :

MARSEILLE 14/11/2018 : MANIFESTATION « MARCHE DE LA COLÈRE »
par [TARANIS NEWS->https://www.youtube.com/user/taranisnews]
https://youtu.be/egkgGjC-cHA

- Voici aussi, des témoignages publiés sur la page FB La Coupe Est Plaine et sur Médiapart :

Mercredi soir, lors de la manifestation suite au drame de la rue d’Aubagne, nous avons été violemment dispersés par les forces de l’ordre (CRS et BAC) devant l’hôtel de ville alors même que nous étions pacifiques ! Témoignages.

Témoignage :

Nous, Mathieu 28 ans et Laurie 24 ans, frère et sœur vivant à Marseille, avons été à la Manifestation du mercredi 14 novembre suite à l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne à Marseille. Nous avons été extrêmement choqués de la tournure qu’on pris les choses. Nous souhaitions témoigner.

Laurie vient d’emménager à Marseille et moi ça fait un an que j’y habite. Nous sommes malgré tout attaché à cette ville, et surtout dépité par la gestion de la ville par la Mairie. Quand on vient de l’extérieur ça choque car Marseille a dix ans de retard sur pleins de points (transport en commun, propreté, recyclage, civilité, corruption, etc.). Encore une fois ce soir, cette ville nous a étonné, de par la violence des forces de l’ordre.

Marseille est la seconde ville de France mais l’une des villes ayant le plus de bâtiments insalubres en Europe. Les quartiers populaires sont complètement délaissés. Nous souhaitons la démission de Gaudin et de son équipe et / ou la mise sous tutelle de la ville de Marseille par l’état comme cela a déjà été le cas dans le passé.

Gaudin est tellement une aberration pour nous, symbole de la corruption, de politique pour les riches/ de politique contre les pauvres, de l’inefficacité et de la décadence, que nous voulions en faire l’objet principal de nos pancartes.

Vers 18h20, nous avons rejoint le cortège qui partait rue d’Aubagne, où ont eu lieu les effondrements, pour arriver une heure plus tard devant la Mairie principale, sur le Vieux Port. La manifestation s’est déroulée jusque-là dans le calme. Autour de la Mairie, une double rangée de rambardes métalliques, nous empêche de nous rapprocher. Le cortège s’arrête et des chants commencent à se faire entendre : « Gaudin dégage », « Gaudin démissions », « Gaudin assassin ». Il faut bien comprendre que les attaques sont à l’encontre de Gaudin car c’est le premier représentant de la Mairie de Marseille.

Après quelques dizaines de minutes, un groupe d’environ 20 personnes, commencent à tirer et soulever les grilles devant nous. Les CRS apparaissent et se mettent devant la Mairie. Ce groupe leurs lancent alors des pétards dessus. Puis se dispersent.

Un homme tenant une photo d’une des personnes décédées dans l’effondrement, se met alors devant la mairie, au niveau où les barricades sont maintenant tombées et s’assoie. Il est ensuite rejoint par une dizaine de personnes, qui s’assoient devant la Mairie dans le calme. 5 minutes plus tard, sans que l’on comprenne pourquoi, les CRS chargent ce groupe de personnes assises et balance des lacrymos, on s’en prend une à nos pieds et on se met à courir pour échapper au gaz. Après avoir sécher nos larmes, on s’aperçoit que les CRS ont coupé la manifestation en deux. Nous nous trouvons dans le peloton de tête. Au micro, les organisateurs appel au calme et demande aux CRS de laisser passer le gens. Après un certain temps, on nous permet de revenir devant la Mairie. On sent un peu de tension, mais les gens restent calmes. Les CRS se mettent en rang devant la manif et les manifestants devant décident de s’assoir, les chants reprennent, on essaie de discuter avec les CRS pour les amener à réfléchir sur la situation. Certains médias étaient là et prenaient des témoignages. La foule est très mixte, des jeunes, des moins jeunes, des bobos, des moins bobos.

Après 45min à attendre, un CRS enfile une écharpe tricolore, se met au milieu des autres CRS et crie « OBÉISSANCE A LA LOI, DISPERSEZ VOUS ». A ce moment-là, ils commencent à charger toute la foule de manifestant devant eux. Quelqu’un lance un bâton sur un CRS. Une fille qui avait un bâton et qui témoignait devant les CRS juste avant et qui l’avait jeté depuis, se fait prendre à parti par les CRS, pensant que c’était elle l’auteur. Ils la passent à tabac, sans raison. Un camion de pompier qui s’arrête, et plusieurs manifestants appeler au secours car il y a un blessé, et scène surréaliste, les pompiers ne sortent pas du camion malgré les demandes des manifestants…

Les CRS se séparent ensuite en petits groupes et commencent à devenir très violent. Un des CRS appelle ses collègues pour aller « taper ».

Un des CRS particulièrement virulent fait des moues avec sa bouche, nous regarde avec un sourire narquois et nous incite à venir le frapper, puis s’attarde sur un groupe qui attendait que ça se calme, les regardent et foncent sur eux matraques à la main, suivi par ses collègues. Suite à cela, d’autres CRS s’approchent, et commencent à vouloir taper tout le monde. Choqués, les serveurs du restaurant devant lequel on se tenait d’autres manifestants et moi), nous disent de rentrer sous la verrière de la terrasse. Cela n’arrête pas les CRS qui essaient de nous saisir. Ils prennent ma pancarte et essaient de nous frapper et partent seulement après les menaces des serveurs, des clients et de nous qui étions en train de filmer.
Avec toute cette agitation, j’ai perdu ma sœur. Je reprends mes esprits, lui passe un coup de fil et me rend compte que les CRS faisait la même chose au niveau de la Canebière où elle s’était réfugiée. On avait l’impression d’être encerclé, des gens pleuraient un peu partout, avec les fumigènes, les lacrymos et les sapins du marché de noël en feu, on avait l’impression d’être sur un terrain de guerre. On voulait juste manifester paisiblement, et on se retrouve encerclé car certaines personnes des forces de l’ordre n’ont qu’une envie : taper !

Après un moment d’attente, ça se calme et j’arrive à rejoindre la Canebière où je rejoins ma sœur pensant que c’était terminé. Mais non, je retrouve Laurie complètement bouleversée :

Laurie :

Je décide de fuir le vieux port étant poursuivi par un troupeau de CRS violent. Je remonte la Canebière, j’entends crier derrière moi et je vois tout le monde courir, je ne comprends pas trop puisque les CRS qui avancent vers nous sont assez loin. Je vais comprendre par la suite que des policiers de la BAC (brigade Anti Criminalité) placés devant les CRS frappaient violemment la foule avec leurs matraques.

Voyant que les CRS sont loin et qu’il n’y a plus de manifestants dans la rue je m’arrête au coin d’une rue pour appeler mon frère. A ce moment-là je ne sais pas encore que la BAC avait été “lâché” dans les rues de Marseille.

Il y avait deux jeunes filles pas très loin de moi qui venaient d’arriver sur la Canebière par une rue perpendiculaire. Je ne suis pas sûre qu’elles avaient connaissance de la manifestation. Je suis donc au téléphone lorsqu’un homme tout en noir, au comportement animal, se jette sur nous (les deux filles et moi) en nous frappant à coup de matraque. Ce n’est qu’une fois qu’il est en train de nous frapper qu’il nous hurle de “dégager”. Sur le coup j’ai cru que c’était un passant qui “pétait un plomb” et voulait nous tuer. J’obéis immédiatement et je me mets à courir pour fuir mais une femme de la BAC me frappe encore une fois d’un coup de matraque. Je vois alors le brassard et je comprends qui ils sont.

C’est à ce moment là que je réalise la gravité de la situation : les policiers n’avaient plus aucune limite. L’État venait de lâcher dans Marseille des animaux enragés et haineux qui avaient soif de violence. Je l’ai vu de mes propres yeux dans leurs comportements, dans leurs paroles et sur leurs visages. Je n’avais plus seulement peur, j’étais terrorisée. J’entendais encore des gens crier. J’avais peur pour eux. J’avais peur pour tout le monde.

Je retrouve ensuite des amis, sous le choc eux aussi. Ils ont tenté de fuir les violences en quittant la Canebière, malheureusement la BAC s’était infiltrée dans les petites rues adjacentes. Ils ont été témoins des débordements de la BAC : ils frappaient toutes personnes qui se trouvaient sur leur chemin, manifestants ou simple passants, à coups de matraques au visage (les matraques semblent être en fer) , une fois les personnes à terre ils leur envoie du gaz dans les yeux. Un ami crie " il y a un blessé", le policier de la BAC lui répond " je m’en bat les couilles"...

Qui nous protège des forces de l’ordre ?


La démission de Gaudin ne suffira pas !

Gaudin et sa bande d’assassins, les flics (mandatés ou hors de contrôle ?, le résultat est le même) et l’état veulent effectivement nous terroriser.
Les terroristes, violents et extrémistes ce sont eux en réalité.
A nous de résister, d’être plus prudent, d’être solidaires et organisé.e.s, ne ne pas nous laisser enfumer par les tardives volontés de dialogues.
La démission de Gaudin et de sa bande de criminels organisés ne suffira pas, d’autant que d’autres requins aux dents qui rayent le parquet voudront prendre la place, c’est tout un système qu’il faut à présent mettre à terre pour de bon, pour le remplacer par des Communes libres, de petites démocraties locales autogérées, par et pour les habitant.e.s, libres des parasites autoritaires et des accapareurs de Pouvoirs.

- Voir aussi un post du collectif du 5 novembre, Noailles en colère :

Merci à toutes et tous pour votre participation à la Marche de la Colère hier soir entre la rue d’Aubagne et la Mairie. Une fois de plus nous avons été nombreux (8 000 selon la préfecture, donc probablement plus de 10 000) et dignes. Malheureusement nous n’avons pas pu porter haut et fort nos revendications en raison de la forte présence policière.

Les missions de sécurité publique des compagnies républicaines de sécurité sont malheureusement dévoyées au profit d’une équipe municipale qui ne travaille pas pour l’intérêt général de la population marseillaise.
Ces soldats n’ont hier pas assuré la sécurité des citoyen.ne.s qui demandent JUSTICE et DIGNITE mais celles d’un lieu symbole de l’incurie politique, alors même que nous étions pacifiques !
La brigade anti-criminalité a également agi de façon éhontée en s’infiltrant selon leur mauvaise habitude en tenue de civils dans la marche, comme s’ils partageaient notre peine et notre ire, pour finalement déployer leur violence gratuite sur les marcheurs de la colère avec coups, gazages, grenades assourdissantes et matraques télescopiques.
Telle est la réponse de la municipalité à nos exigences humaines et sociales.
Leurs actions sont tout simplement anti-démocratiques et à dénoncer collectivement.
Ils sont venus nous chasser jusque dans Noailles, les brutes sont allés jusqu’à s’engager dans la rue d’Aubagne, au cœur-même de notre douleur !
Nous vous demandons de nous faire suivre par message privé témoignages, photos et vidéos de ces violences exercées par les forces du désordre.

Il est outrageant qu’une belle graine de peuple marseillais uni qui éclôt, s’organise et déambule pour un hommage aux victimes et pour porter des revendications des plus légitimes soit considérée comme criminelle et voyoute.
Nous avions avec nous des gens de tous âges, de jeunes enfants, nombre de personnes âgées en première ligne lorsque nous fûmes gazés et dispersés.
A part quelques sapins d’artifice qui ont flambé - le cœur et l’esprit ne sont pas aux fêtes de fin d’année -, il n’y a eu aucune casse. Nous n’avons aucune colère contre les commerçant.e.s, contre un patrimoine historique que nous aimons, mais bien contre une équipe municipale en fin de règne, contre un Etat qui a favorisé la loi du plus fort et autorise ses citoyen.ne.s à retourner vivre dans leur habitat insalubre avant qu’il ne s’écroule, contre certains bailleurs privés qui sont des marchands de honte et d’indignité.

Aussi nous espérons que tous vous garderez la tête haute et fière, car il y a de quoi !
Après la marche de la tristesse, la marche de la colère, et nous continuerons à battre le pavé ensemble !
N’hésitez pas à partager cette publication massivement.
Merci de votre soutien qui nous meut, nous émeut, et nous pousse à nous donner encore plus !


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