Une analyse intéressante sur le mouvement de contestation en cours, qui va croissant et s’étend, n’en déplaise aux macronistes et à leurs médias qui font tout pour le minimiser et le réduire à des grognements de foules « qui n’ont pas compris mais on va mieux leur expliquer » :
Les manifestations du 7 août marquent trois nouveaux basculements - par Jacques Chastaing
Pour écarter le piège des présidentielles Macron/Le Pen, la société de surveillance policière, la destruction du code du travail et du statut de la fonction publique qu’implique le pass sanitaire, pour défendre les droits des chômeurs et des retraités dans les mois qui viennent en cas de défaite, il faut participer de toutes ses forces à ce mouvement et maintenant.
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TROISIEME BASCULEMENT
Le troisième basculement du 7 août est celui qui s’est fait autour du slogan « Liberté » qui est dominant partout et utilisé dans tous les cortèges pour unifier tout le monde dans la diversité des présences et des revendications.
Que signifie-t-il ?
La première réponse est bien sûr « liberté » de choix par rapport à la vaccination. Mais il n’est pas difficile decomprendre que cela signifie aussi dans le contexte actuel de la loi « Sécurité globale » et celle contre les séparatismes, « liberté » contre la société de contrôle policier.
Cependant, je crois qu’on peut aller encore plus loin et qu’il faut rapprocher ce slogan du phénomène massif de l’abstention comme des envies de démocratie directe des Gilets Jaunes.
Dans l’ancien régime le slogan « liberté » des révolutionnaires qui préfigurera la devise « Liberté, Égalité,Fraternité », voulait dire « nation libre », c’est-à-dire une association libre de citoyens pour diriger le pays et non plus une société de « sujets » sans droits et soumis à l’arbitraire d’un souverain omnipuissant.
- Manifestations anti passe-sanitaire du 7 août : trois nouveaux basculements
- Les grèves se multiplient du côté des soignants et des pompiers
L’abstention montante depuis des années et encore plus aux dernières élections régionales et départementales – avec un piteux score de 3% pour LREM - témoigne de ce que les français ne se sentent plus réellement représentés par le système politique et se ressentent plus comme les "sujets" d’une nouvelle aristocratie de l’argent que comme les citoyens libres, égaux et fraternels d’une démocratie vivante.
Macron Jupiter a encore amplifié ce phénomène, lui le mal élu en 2017, qui de manière arrogante et méprisante, décide tout, tout seul, contre tous avec le seul soutien de sa police et de sa presse achetée par les milliardaires.
Alors, lorsque la loi sur l’extension du pass sanitaire a cassé l’idée d’égalité en créant des citoyens de seconde zone tout en essayant d’effacer la fraternité en cherchant la division des citoyens par la délation organisée, les manifestants ressortent des banderoles contre cette loi "anti liberté, égalité, fraternité" et scandent"liberté" tout au long des manifestations.
Cela signifie qu’ils veulent un changement de régime, une autre démocratie, comme est en train de le tenter le soulèvement paysan en Inde en créant son propre Parlement.
C’est-à-dire que ce mouvement est éminemment politique.
Il se bat pour un système de santé au service du peuple, sous contrôle du peuple, et pour arriver à cela, pour une autre société plus libre, égale et fraternelle. Ainsi la grève générale de la santé et des pompiers en construction dans ce cadre est une grève générale parce qu’elle est politique. Elle a bien sûr des revendications économiques, plus de moyens, plus d’effectifs, mais elle ne se comprend qu’associée au mouvement des manifestations.
Toutes les véritables grèves générales ont cette dimension politique, cette volonté de changer le système. Il n’a jamais existé de grève générale économique ou tout s’arrête sans cette volonté de changement global. Et« liberté » est le slogan de ce mouvement général qui cherche encore son expression.
La grève des hospitaliers ne bloque rien du point de vue économique, ils seront réquisitionnés et continueront à travailler, tout comme les pompiers.
Mais elle ne compte pas pour ses éventuels blocages économiques, elle compte parce qu’elle est une grève des travailleurs pour la prise de contrôle de leur outil de travail au service des autres, mettre le système de santé au service de tous sans aucune discrimination, et, par là, toute la société au service de la collectivité, contre "les eaux froides du calcul égoïste des capitalistes". Elle existe par rapport au mouvement tandis que le mouvement lui-même se construira avec elle, devenant pour sa part l’étendard du mouvement qui est encore en train de tâtonner, cherchant encore son orientation dans ses premiers pas.
Après les appels au soutien de syndicats du commerce à ce mouvement, la participation importante de fait d’agents territoriaux en son sein, le mouvement massif des intermittents et des employés du spectacle autour de la grève des théâtres il y a peu, toutes professions directement concernées par l’application conflictuelle du pass sanitaire le 9 août, la question aujourd’hui est de savoir si ces professions vont entrer dans la lutte, en tant que telles, tout de suite, et pas en attendant la rentrée.
Le plus probable est qu’elles le fassent avec le chaos que va instaurer le pass sanitaire le 9 août et sous l’entraînement du mouvement qui continuera mais aussi parce qu’on a connu en mai, juin et début juillet, avant même le déclenchement de ce mouvement, une vague de grèves inhabituelle dans cette période, notamment dans la santé, chez les territoriaux, dans le commerce ou la culture, me permettant d’écrire à ce moment un article : « Vers un été chaud et une rentrée bouillante ».
Quoi qu’il en soit, il devient de plus en plus évident pour tous ceux qui ne veulent ni subir le piège électoral des présidentielles Macron/Le Pen, ni accepter la société de surveillance policière que met en place Macron, ni cautionner la destruction du code du travail et du statut de la fonction publique qu’implique le pass sanitaire, ni enfin se trouver en bien mauvaise posture pour défendre les droits des chômeurs et des retraités dans les mois qui viennent en cas de défaite, il faut participer de toutes ses forces à ce mouvement et maintenant.
Remarque
Malheureusement, cette analyse reste dans le cadre de la recherche d’une meilleure administration des désastres, par les peuples directement ou de meilleures gouvernements, mais il n’est pas évoqué l’urgence de s’attaquer vraiment aux sources des désastres, dont fait partie le covid-19.
Peut-être que ça viendra, avec l’effet d’entraînement et l’intellligence collective stimulée par des rassemblements qui se prolongent, ou peut-être qu’on en restera comme d’habitude à l’échec ou à des non-reculs sectoriels temporaires ?
...à suivre
Compléments sur ce sujet : L’opposition à la société de contrôle symbolisée et amplifiée par le passe sanitaire s’affermit - Administrer mieux les désastres ou y mettre un terme ? - Entretien avec une philosophe critique + remarques et infos sur les manifestations