Parce qu’un importun aussi bavard que vindicatif, me réveille en pleine nuit, gâchant le reste de sommeil qui m’était dû... Tournant en rond dans la maisonnée, essayant de juguler cette colère malsaine qui c’est emparée de moi... Parce que je sens bien que mon sommeil ne reviendra plus... Je décide de partir me « frotter » à la montagne sachant qu’elle seule saura m’extirper ce qui obscurcit mon âme... La voiture garée au bout de la piste de la ferme de Chanteboule Je n’attends pas le lever du jour... Bien chaussé, avec quelques fruits secs en poche et deux litre d’eau... je prendre la piste, la frontale ornant mon front...
Pas de carte, mais la boussole car je sais qu’il me faudra sortir des sentiers battus... Je coupe dans les bois pour rejoindre au plus vite le Pas de l’Échelette... et prendre pied dans le Massif de Saoû... Une heure trente de montée ou j’oublie les cris d’alerte de mon corps.. je dois me débarrasser coûte que coûte de cette colère.. Cinq minutes pour souffler boire un coup et je repars pour le Pas de Lauzens... La frontale peine à me percer un tunnel de lumière dans la brume épaisse qui m’entoure... je maintiens mon cap sur l’est car là est le levant et ma destination... Arrivé au pas les choses deviennent sérieuses... je me lance en terrain totalement inconnu... Les pistes animales et des chasseurs seront mes seuls guides !
Le souffle est court... la broussaille tente de me retenir en accrochant vêtements et chaussures... Le vent, précédant l’approche de l’aurore, se fait plus fort et plus froid... Le glapissement d’un renard fait écho aux aboiements des chevreuils... plus loin c’est le proche grognement d’un cochon qui me fait sursauter... Avant de piquer vers les ruines du Raillon... je m’accorde une nouvelle pause... Je sais la route encore longue... très longue avant le but fixé...! Je rage contre cette colère, qui cogne avec insistance aux portes de mon cœur... Un coup de téléphone nocturne et voilà que des années de calme se trouvent confrontées au tumulte... Deux longues heures de marche sur la large piste forestière en deçà de la Condamine et du Prailat seront nécessaire pour mettre mes pieds au Pas de la Motte... Mon corps me fait si mal que je dois envisager une pause plus longue... boire... manger une poignée de fruits secs...
Le jours est levé établissant son domaine sur le Massif... La brume est tapie au fond du synclinal... Le but étincelle de la blancheur des neiges tombées la nuit dernière... L’immaculée des sommets se déverse en moi comme une onde de pureté... Je sens la raison me revenir chassant les miasmes de mon cœur, pour en laisser émerger le doux sentiment d’une présence amicale... Comme un baume miraculeux elle caresse mon âme et libère mon esprit... Enfin je ressens pour la première foi, depuis six heures que je marche... je sens en moi monter l’énergie de la nature et touché par sa grâce je reprends le chemin, avec une sérénité retrouvée, en direction du Pas des Auberts...
A ce point j’aurais pu faire demi tour... mais je ne connais que la marche en avant... Je décide donc de poursuivre pour « conquérir » une fois encore Roche Courbe et de là gagner le Signal par le Pas de Picourère...Ici à plus de mille cinq cent mètres, coupé du monde par la brume qui noie la vallée, je chéris cette solitude bénie... Seule la présence de Ma Fille, me fait défaut... Ma montre altimètre indique -5 degrés... Mes mains me le rappellent... idiot j’ai laissé mes gants dans la voiture... à huit heures de marche ! Je les plonges dans mes poches et dévale la pente.. coupant de nouveau au jugé dans la hêtraie... pour arriver au Pré de l’âne et me fondre dans la grande Combe qui me ramènera en trois heures au Pertuis...
Épuisé, je décide de prendre le « joker » de l’amitié vraie... Allo... Jean Paul... je marche en direction de Saoû depuis la forêt, vient me chercher s’il te plaît... mon corps me trahit... mais p.... que je suis bien et c’est inondé de sueur et de bonheur que j’attends...
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