M le Préfet,
Ne croyez pas que cette missive vous soit réellement adressé. J’avoue ne pas vous connaître, encore moins connaître votre nom ou votre histoire. Manque d’intérêt ? Peut-être. Mais c’est surtout le constat que votre insignifiante position ne m’intéresse pas. Vous n’êtes que le pantin interchangeable d’une classe de dominant que vous défendez et dont vous faites bien sur parti. Alors pourquoi vous écrire me diriez vous ? Et bien j’ai toujours eu plus de facilité à trouver les mots lorsque je les adresses à quelqu’un de perceptible, et votre rôle dans la pièce de théâtre à laquel je ne veux pas prendre part, me donne cette opportunité.
Étant un lecteur assidu du journal Ricochets je voulais vous remercier de l’intérêt profond que vous sembliez lui porter. Peut-être que, comme moi, vous ouvrez chaque jour une page internet Ricochets.cc ou encore que vous attendez avec impatience chaque nouvelle parution papier du journal. Mais je crains que cela ne soit notre seul point commun, car au-delà de la lecture des nombreux articles combattants la pensée dominante, donnant à voir l’emprise du monde techno-capitaliste sur nos vies, laissant entrevoir des nouvelles de celles et ceux qui combattent le consensus mou par l’action radicale, nous n’ayons une lecture fort différente de ce qui se trame là. Je vois en vous et vos semblable les garants de ce que le monde tel qu’ils nous est imposé.e.s depuis toujours, reste tel qu’il est. Que ne puisse être ébréché, de quelques manières qu’il soit, votre sirupeux et insipide récit de démocratie, de bien commun, de la sécurité des individu.e.s et de leurs propriété.e.s.
Et c’est à partir de la que vous attaquez, répondant en cela à l’attaque des nœuds de télécommunication qu’a vécu la vallée ces dernières semaines et du soutient où tout du moins de la compréhension qu’on pu avoir bon nombre de gens sur l’objectif de ces attaques et dont certains articles publiés sur le journal Ricochets font parties. C’est la deuxième fois je crois que vous tentez d’endiguer la parole contestataire de ce journal et je ne peux que vous en remercier, lui donnant il me semble une visibilité bien plus importante. Vous attaquez en portant plainte car vous faîtes votre cette phrase de votre autre collègue parisien, dont je me fout du nom, et qui répondait à une dame croisée dans la rue qui l’interpelle « Madame, nous ne sommes pas dans le même camp ». Cette phrase est venu choquée tout un tas de personnes croyant encore à la neutralité de l’État, au fait que celui ci devrait-être au service de tou.te.s, mais selon moi il n’a fait que mettre a nu ce qui à toujours existé. Des intérêts et un système politique qui n’ont jamais parlé, ni même été crée au nom de tou.te.s mais bien au service de la classe possédantes et qui avait, et qui a, intérêt à défendre ce qu’elle possède.
Et oui, Mr le préfet, votre confrère à raison, nous ne sommes pas du même camps. Votre confrère exacerbe pour cela le séparatisme (mot chère à vos nouveaux discours), la polarisation en classe social. Classes socials qui n’ont finalement jamais disparu, juste été floutées par les miettes donné par le capital face à la conflictualité de ces derniers siècles.
Derrière le flou de la novlangue cette phrase du préfet (garant de l’Etat) a tranché dans le vif. Si nous ne sommes pas du même camp, comment pourrions nous aller voter pour ceux qui nous dépossèdent de nos vies et de nos luttes.
Si nous ne sommes pas du même camp comment pourrions accepter sans se battre l’installation de plus en plus dystopique de votre univers de contrôle ou les forces possédantes s’arment pour défendre ses intérêts économiques et politiques.
Et alors effectivement, comment ne pas voir dans l’ensemble des structures techno-capitalistes des outils qui vont permettre la mise en place de cet univers.
Sans être un grand penseur, je fait moi aussi le lien entre :
Le Linky, qui sous couvert de mieux gerer notre consomation et de poser le premier jalon de la ville intelligente de demain, entre dans nos vies tel un mouchard, enregistrant en temps réel l’ensemble de nos consommations quotidienne, balançant des ondes imperceptibles, permettant la création sans limite de tout un tas d’appareil connecté à ce compteur.
L’autre mouchard pas plus grand qu’un livre que tout le monde (ou presque) possède dans sa poche. Informant en temps réel sur toutes nos recherches sur internet, géolocalisant nos moindres déplacements, transformant entièrement notre relation au monde sous couvert de posseder un outil qui fait ce qui dix outils faisait hier.
La 5G, nouveau cheval de bataille, pour fluidifier et rendre instentané la transmission de toutes ces informations, "l’interconnexion généralisée de tout et de tous au sein d’un filet cybernétique universel, et la transformation du monde en machinerie générale automatisée. Elle multiplie par x les ravages écologiques de l’industrie numérique, pillages de ressources naturelles et de matières premières, pollution des cieux par des milliers de satellites et de la terre par des milliers d’antennes, intensifiant le brouillard électromagnétique, ses effets cancérogènes et l’électro-sensibilité d’un nombre croissant d’individus."
Et je passe de la voiture electrique, des cameras de video surveillance bientôt à reconnaissance faciale, la prise d’ADN généralisé, bientôt(?) le passeport vaccinale pour acceder aux lieux publics et autres inventions flipantes... La liste est bien trop longue pour toute l’énumerer ici, ces exemples n’étant que les derniers avatars de ce que la classe possédante, celle dont vous faîte parti, met en place pour augmenter son pouvoir et preserver ses interet économique. La liste est en tout cas bien assez longue pour crier haut et fort : NON !
Depuis toujours le NON est crié par toutes celles et ceux qui n’ont aucun interet à ce monde. Toutes celles et ceux pour qui il n’y a rien à sauver. La révolte des prolétaires, pauvres, marginaux, exclus, hors de la norme et de toutes personnes qui choisis de perdre ses privilèges, ses avantages afin de penser et créer un monde vivable pour tou.te.s en est un digne exemple. Comme nous en firent et nous en font la démonstration les gilets jaunes et les peuples en révolte du Chili, d’Hong Kong, du Liban, des USA, d’Algérie et de tant d’autres endroits de la planète...
Chacun.e agit à sa manière dans cette guerre larvée qui ne dit pas son nom et je ne jugerai pas du sabotage des outils de télécommunication ni ne me démarquerait de celles et ceux qui le pratique. Et si cette simple pensée, cette simple parole de solidarité peut m’envoyer en prison je ne me tiendrais pas à votre disposition.
Car, comme vous l’aurez compris de cette lettre, j’ai moi aussi choisit mon camp. Car la neutralité, de tout temps, n’a été que le soutient à ce qui est la, à ce qu’il ne faut pas combattre. Et j’ai fait le choix de combattre ce système, pas tant pour tenter de le remplacer par un meilleur système qui redisrtiburai mieux les ressources, ou nivellerai les inégalités mais pour qu’il n’existe plus de système, car tous sont le fruit d’un totalitarisme en devenir, de l’accaparation du pouvoir de quelqu’uns sur les autres. Je ne veux pas de système, je ne veux pas de pouvoir, je ne veux pas d’une vie fade et aveugle. Je veux "La liberté ou la mort" comme osait le crier celles et ceux qui en 1789 brulèrent la Bastille, révolte passé dont vous nous avez encore une fois depossedé.e.s. Je veux qu’éclosent sous nos pieds des myriades de mondes comme osent le rêver en pratique les Zapistes des vallées de la fôret Lacandone. Ces mondes ne seront pas le mirage d’un paradis abondant, d’une vie sans violence, mais plutôt des experiences de vie, de vie sans Etat, sans systèmes. Ces systèmes n’étant qu’une pièce de théatre exportant loin de nos yeux la violence nécessaire pour que quelques centaines de millions d’individus puissent vivres sur le dos de plusieurs milliards. Nous assumerons une vie simple et frugale, ou le monde numérique aura été englouti sous les cadavres de ses réseaux, de ses antennes, de ses sattelites. Ou le délire de vie éternel cher aux transhumanistes aura été remplacé par une bonne vie, plus courte mais ô combien présente au monde. Vie ou Icare aura fini de bruler dans sa folie et ou nous aurons réaprits à vivre avec le monde, ni en dessous de lui, ni au dessous de lui mais avec lui, jettant à jamais la haute idée que nous nous faisons de nous même.
Voilà M le Prèfet, pourquoi moi aussi je me solidarise avec Ricochets ainsi qu’avec celles et ceux qui jugent bon d’user d’action direct pour tenter de freiner voir de stopper la desctruction du vivant.
Au plaisir de ne jamais me tenir à vos côtés,
Cordialement
Une voix parmi d’autres...
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http://www.le-crestois.fr/index.php/journal-le-crestois/actus/3918-orange-le-prefet-porte-plainte-contre-le-media-ricochets