ÉLECTIONS : NE VOTE PLUS, PRÉPARE LA RÉVOLTE
- « Celui qui donne sa voix n’a plus rien à dire » -
La campagne pour les élections européennes est officiellement lancée depuis deux jours. Le 26 mai, dans un contexte de révolte sociale inédite, tout le monde sera invité à aller s’enfermer dans un isoloir et à glisser un morceau de papier dans une urne. Quelques éléments de réflexions :
Les grands médias ont déjà choisi leurs grands favoris : en couverture des magazines, deux partis sont mis en avant. En Marche, et sa candidate issue de l’extrême droite, et le Rassemblement National, et son candidat d’extrême droite. C’est un duo, mis en scène par le pouvoir. Vous l’avez compris, plutôt que d’écouter les revendications sociales qui s’expriment depuis des mois, les médias du pouvoir tentent de rejouer la finale de 2017. Mais depuis 2 ans, le gouvernement Macron, élu uniquement pour faire « barrage » à Le Pen, a appliqué méthodiquement les idées de l’extrême droite : manifestants mutilés, journalistes arrêtés, casse sociale sans précédent, lois racistes, propos insultants ...
En réalité, l’extrême droite et le Régime en place se nourrissent l’un l’autre : Le Pen a permis à Macron d’accéder au pouvoir, et l’extrême droite tente aujourd’hui de capitaliser sur le rejet de Macron. Mais les deux partis n’ont pas de différences fondamentales : ils sont tous deux au service des plus riches. Le Pen est une héritière millionnaire, qui tient des propos xénophobes pour opposer les français aux étrangers, en évitant de s’attaquer aux riches, les vrais responsables des souffrances. On entend parfois dire qu’il faudrait faire « barrage » à Macron de la même manière qu’il y a deux ans, il fallait faire « barrage » à l’extrême droite. Il s’agit dans les deux cas de chantage électoral : refusons tous les chantages.
La dernière fois qu’un vote concernant l’Europe a été décisif, c’était un référendum. Celui de 2005 : pour ou contre la Constitution Européenne, et ses orientations ultra-libérales. A l’époque, les éditorialistes avaient mené une intense campagne en faveur du « oui », alors que les partisans du « non » étaient traités de populistes, de factieux, d’irresponsables ... Ça ne vous rappelle rien ? A l’époque, la participation avait été massive, et le « non » l’avait emporté largement. Quelques mois plus tard, Sarkozy et ses amis avaient piétiné le suffrage, en imposant, contre le choix des urnes, le Traité de Lisbonne. Une démocratie à géométrie variable. Une nouvelle preuve que le vote ne change rien sans un rapport de force.
Aucun des grands partis ne prend au sérieux la question des violences d’Etat. Alors que les exactions commises par la police se sont généralisées, et que nous vivons la plus grande vague de répression depuis la Guerre d’Algérie, c’est l’omerta dans la classe politique. Pour cause : l’extrême droite a toujours soutenu les forces de l’ordre, et réclame même une répression plus violente encore. Le parti de Macron est sur la même ligne. A gauche, c’est un silence gêné. Des dizaines de personnes ont été défigurées dans les manifestations, des dizaines de milliers d’autres ont été arrêtées, la population des quartiers populaires subit depuis des décennies ces mêmes violences, la police est un corps au dessus les lois. Une situation alarmante : la classe politique dans sa globalité en est responsable.
Aucune grande avancée sociale n’a été obtenue par le vote. Toutes les conquêtes sociales ont été arrachées de haute lutte, par des grèves, des blocages, des mobilisations, de 1936 à 1968, de la sécurité sociale aux augmentations de salaires. Alors il n’y a rien à attendre d’élections européennes jouées d’avance. Voter ou pas ne change rien, reprenons nos vies en main.
« Si tu ne votes pas, tu n’as pas le droit de te plaindre » entend-t-on souvent. C’est exactement l’inverse : aller voter signifie accepter les règles du jeu. Accepter le ou les futurs gagnants. S’abstenir au contraire, c’est refuser de désigner ses maîtres. Il est donc plus logique de contester les règles d’un jeu auquel on n’a pas participé. Même si la lutte et le vote ne sont pas nécessairement incompatibles.
Quoiqu’il en soit, l’abstention sera massive. Moins d’un français sur deux inscrit sur les listes électorales ira voter. La grande majorité de la jeunesse boycottera les urnes. Le résultat sera donc illégitime, comme l’a été la victoire de Macron. Un tel niveau d’abstention sera le signe d’un désaveu général pour les politiciens, alors qu’on ne s’est pourtant jamais autant intéressée aux questions sociales et politiques.
Mais la politique ne se joue pas dans un isoloir. Elle s’écrit dans les rues, sur les ronds points, dans les assemblées. Le parti utile, c’est la lutte !
PS :
Précision : ce qu’il faut retenir, c’est que le plus important se joue hors des urnes. Cet article ne prétend pas juger ce que vous ferez le 26 mai (à part si vous votez pour l’extrême droite). Ce qui importe c’est de se mobiliser. Quelqu’un qui va voter et participe à toutes les manifs est plus efficace, qu’un abstentionniste qui resterait chez lui tous les samedis :).
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