Le mouvement climat, c’est le tombeau du mouvement écologiste

Verdir le capitalisme industriel en militant bénévolement pour sa (fausse) « transition » technologique ?!

vendredi 30 septembre 2022, par Antitech 26.

A l’heure où un énième soubressaut du "mouvement climat" et de très courtes "grèves pour le climat" initiées par des jeunes reviennent, il est utile de se remémorer quelques notions de bases qui échappent la plupart du temps au "électrologistes" adeptes du "capitalisme vert" et aux "écologistes" médiatisés subventionnés par des milliardaires et leurs fondations.

On n’a plus de temps à perdre dans des illusions "vertes" et des rêves impossibles de civilisation industrielle "bio-éthique".

VINCENT VERZAT ET NICOLAS HAERINGER SONT TOUJOURS AUSSI CLAIRVOYANTS

Parmi les raisons pour lesquelles je m’intéresse moins, ces temps-ci, à l’écologie, il y a Vincent Verzat et Nicolas Haeringer. Le fait que des types comme eux continuent d’être des figures du milieu écolo-militant est passablement déprimant. J’ai eu le malheur de regarder en entier la dernière vidéo que Vincent Verzat a publiée, il y a quelques jours, sur sa chaîne YouTube (« Partager C’est Sympa »). Quel enfer. Les deux commencent par s’autocongratuler pendant un certain temps à affirmer et répéter qu’ils « ont raison » ou que leur « mouvement a raison », tout en remarquant, avec un certain étonnement, que bien qu’ils « ont raison », ils ne sont pas écoutés, et les choses continuent d’empirer. Diantre.

Nos grands penseurs du « mouvement climat » découvrent l’absence de force intrinsèque des idées vraies, des idées justes, que tous les individus, tous les peuples et toutes les classes opprimées comprennent depuis des millénaires — ce n’est pas parce qu’une idée ou une cause est juste qu’elle s’impose. La vie n’est pas « juste ». Incroyable. Enfin, ils ne la découvrent pas vraiment, étant donné que leurs idées, contrairement à ce qu’ils croient, sont très loin d’être justes, qu’ils sont très loin d’avoir « raison ».

Verzat et Haeringer sont deux ambassadeurs de l’écologisme idiot et gracieusement subventionnable par les champions du capitalisme industriel. Surtout Haeringer. Haeringer, qui, comme il le dit lui-même, « grenouille » depuis une vingtaine d’années dans les milieux altermondialistes (c’est-à-dire dans les milieux où l’on aspire à une autre (« alter ») mondialisation, autrement dit à un autre (« alter ») capitalisme industriel), travaille aujourd’hui pour l’ONG 350 .org, dont la création aux États-Unis il y a une quinzaine d’années n’a été possible que grâce à la générosité de la grande famille anticapitaliste des Rockefeller, entre autres, et qui est aujourd’hui financée par une ribambelle de fondations privées liées à diverses multinationales ou ultra-riches capitalistes (https://bit.ly/3SxdzFZ). Haeringer est un digne représentant de l’activisme professionnalisé, intégré au capitalisme industriel, qui n’existe que parce qu’il est autorisé, contrôlé et financé par les autorités.

Rien d’étonnant, alors, à ce que Verzat et Haeringer se fassent les promoteurs d’un autre capitalisme, d’un meilleur capitalisme, durable et sympa. Dans leur vidéo, les deux compères nous expliquent par exemple que nous devrions apprendre ou réapprendre à détester « certaines entreprises », dont les profits sont vraiment mauvais, laissant ainsi entendre que les profits des autres entreprises sont, eux, tout à fait corrects. Le système marchand producteur de marchandises, le capitalisme, n’a rien d’intrinsèquement problématique. Il s’agit juste d’en finir avec les mauvaises entreprises.

Et puis d’ailleurs, qui sait ?! Pour Haeringer (reprenant une idée du génial et parfois légèrement excentrique Graeber), peut-être que nous sommes déjà sortis du capitalisme ! Peut-être que nous avons déjà triomphé — même s’il faudra encore quelques années avant que nous ne le réalisions ! Bon sang, mais c’est bien sûr. Ignorants de ce qu’est le capitalisme, manifestement partisans de l’essentiel de ce qui constitue le capitalisme, nos deux bouffons s’imaginent néanmoins que nous en sommes peut-être déjà sortis. Formidable.

Et non contents de ne rien comprendre au capitalisme, Verzat et Haeringer ne comprennent rien à l’industrialisme et à la technologie. C’est ainsi qu’ils s’imaginent qu’au moyen de quelque « transition » — impliquant par exemple la concrétisation de la demande portée par le collectif « Dernière Rénovation » (un autre groupe écologiste financé par l’argent du philanthrocapitalisme : https://bit.ly/3DYdpmG), à savoir un vaste chantier national de BTP visant à rénover les logements actuels afin d’améliorer leur efficacité énergétique —, nous pourrions parvenir à une civilisation techno-industrielle durable, soutenable, propre, renouvelable, verte et décarbonée. Le GIEC le dit. C’est donc vrai (https://bit.ly/3dBxswP). Verzat et Haeringer pensent comme le GIEC et les scientifiques. C’est bien la preuve qu’ils ont raison.

Pour Verzat et Haeringer, l’objectif est apparemment de porter au pouvoir — lequel ne pose apparemment pas intrinsèquement problème — des « écosocialistes », c’est-à-dire des gens qui s’imaginent qu’un capitalisme écosocialiste (une version écologiquement et socialement réformée de tout ce qui constitue le capitalisme, à savoir l’argent, le travail, la marchandise, la production de valeur, etc.) pourrait être durable et chouette. Façon Andreas Malm et son « éco-léninisme » qu’il fonde sur les énergies dites vertes, propres, renouvelables ou décarbonées mais qui ne sont rien de tout ça en réalité. D’un côté Verzat et Haeringer semble se moquer parfois des prétentions actuelles des gouvernements à investir dans des technologies vertes, de l’autre c’est exactement ce qu’ils espèrent (leur principal ennemi est uniquement « l’industrie fossile »). L’absurdité (le caractère ni désirable, ni possible) du chimérique projet « écosocialiste » devrait pourtant sauter aux yeux (https://bit.ly/3LEZ3JS).

Une misère, donc. Deux éco-nigauds qui représentent sans doute assez bien une large partie des écologistes d’aujourd’hui. Qui ne comprennent ni ce qui pose problème avec le capitalisme, ni ce qui pose problème avec l’industrie et la technologie, avec la technoscience et les institutions scientifiques, ni ce qui pose problème avec l’État, ni la nuisance fondamentale que constitue la civilisation patriarcale, bref, auxquels l’essentiel échappe totalement. Et qui pensent néanmoins avoir « raison », tout compris. Et qui passent une grande partie de leur discussion à formuler des métaphores simplettes leur permettant de simplifier encore les simplismes qui leur tiennent lieu d’analyse (qu’on n’ose pas vraiment dire « politique »).

Vincent Verzat ne change pas, reste fidèle à lui-même (il y a deux ans, il faisait déjà une vidéo dans laquelle il défendait le gentil capitalisme des petits patrons contre le méchant capitalisme d’Amazon).

Verzat et Haeringer n’ont toujours pas l’esquisse d’une analyse politique digne de ce nom. Aucune réflexion sérieuse, rigoureuse (Haeringer passe pour plus futé dans la mesure où il cite des intellectuels en vogue et leurs spéculations philosophiques lénifiantes, qui s’apparentent souvent à des réflexions niaises type développement personnel pour militant confus).

Cela dit, quoi attendre d’autre de la part d’individus qui ne s’inscrivent pas dans le mouvement écologiste (qui ne connaissent sans doute pas son histoire, laquelle, en France, remonte à Ellul et Charbonneau, passe par Pierre Fournier et La Gueule Ouverte, etc.), mais s’inscrivent plutôt dans le « mouvement climat », né aux alentours de l’année 2008 grâce à des financements d’États, d’entreprises ou d’ultra-riches aspirant, entre autres choses, à encourager un verdissement du capitalisme industriel.

Le mouvement climat, c’est le tombeau du mouvement écologiste. Faute d’avoir sérieusement examiné les tenants et les aboutissants de la technologie, du capitalisme, de l’État, etc., on se contente de faire des actions ci et là pour demander des réformes du capitalisme, pour qu’il soit un peu meilleur, pour que telle ou telle multinationale veuille bien arrêter de financer des activités fossiles, on « réclame de “taxer le kérosène et interdire les jets privés” » et d’autres choses sympathiques mais aussi relativement insignifiantes dans ce genre-là, ou, pire, on réclame un grand chantier national de BTP. Si l’écologie c’est déprimant, c’est aussi à cause des écologistes.

(Je soupçonne en outre Haeringer de savoir qu’il raconte en partie n’importe quoi, de savoir qu’il promeut des chimères absurdes, mais de le faire quand même parce qu’il faut bien manger.)

(post de Nicolas Casaux)

- Voir aussi :
https://www.partage-le.com/2021/08/31/naomi-klein-laltercapitalisme-et-la-fausse-opposition-subventionnee-par-nicolas-casaux/
et divers articles que vous trouverez sur Ricochets

Le mouvement climat, c’est le tombeau du mouvement écologiste

NOUVELLE PARUTIONPOUR QUE L’ÉCOLOGIE SE (RE)POSE DES QUESTIONS FONDAMENTALES

La grande majorité des écolos d’aujourd’hui sont des idiots utiles du capitalisme industriel, à l’instar des groupes « Youth For Climate » qui se sont formés dans le sillage de Greta Thunberg, autour de ses idées et de ses revendications, et qui réclament par exemple des « investissements massifs » dans quelque « transition », a priori en direction d’une civilisation techno-industrielle écolo.

Malheureusement, ces investissements massifs sont déjà une réalité. Un peu partout, on construit de nouvelles centrales de production d’énergie dite verte, propre, renouvelable ou décarbonée n’étant jamais rien de tout cela. Un peu partout, des exploitations minières de lithium voient le jour. Ainsi que de nouvelles mines de métaux et minerais divers et variés, nécessaires aux technologies — mensongèrement — dites « vertes ».

Il n’existe pas de version écologique de la civilisation techno-industrielle. Ces investissements ne sont bons que pour la croissance du capitalisme industriel. Mais le mouvement écologiste a-t-il toujours été constitué d’écervelés militant en faveur d’un capitalisme technologique supposément vert, écologique, propre ? Non. Auparavant, une partie significative des écologistes se souciait réellement de protéger la nature, de la préserver. Une partie significative des écologistes comprenait que l’industrie et la technologie nous menaient — nous mènent — au gouffre. C’était à l’époque de la « contre-culture » qu’a bien connu Theodore Roszak.

Seulement, comme Roszak le souligne dans ce petit livre tiré d’un discours de 1985 et augmenté de deux chapitres en 2000, que j’ai traduit pour les Editions LIBRE, dès son avènement, la contre-culture était traversée de contradictions, de deux courants d’idées antagonistes, dont le désaccord fondamental portait sur l’industrie et la technologie.

D’un côté, il y avait ce qu’il appelle des réversionnaires, dont la filiation intellectuelle remonte « à John Ruskin, William Morris et aux romantiques en général », et pour lesquels « l’industrialisation constitue l’état extrême d’une maladie culturelle devant être soignée avant qu’elle ne nous tue tous ». Les réversionnaires « attendent avec impatience le jour où les usines et les machines lourdes seront laissées à l’abandon, et où nous pourrons revenir au monde du village, de la ferme, du camp de chasse, de la tribu. Cela nous ramènerait à une vie proche de la terre et des éléments, faite de plaisirs simples et communautaires, en mesure d’offrir un véritable épanouissement. » C’est pourquoi les réversionnaires articulent une critique radicale de l’industrie, du capitalisme, de la technologie et de l’État. Roszak ajoutait :

« En contrepoint de ce courant visant un retrait radical, une sorte de réversion, nous trouvons la vision technophile de notre destin industriel, un courant de pensée moderne qui remonte à Saint-Simon, Robert Owen et H. G. Wells. Pour ces utopistes industriels, comme pour Buckminster Fuller après eux, le remède aux maux industriels ne se trouve pas dans les choses du passé, mais dans des développements futurs, dans le perfectionnement du processus industriel. Ce qu’il faut, par conséquent, n’est certainement pas une repoussante réversion, mais une persévérance courageuse. Nous devons nous adapter avec ingéniosité à l’industrialisation en tant qu’étape nécessaire de l’évolution sociale, en surveillant et contrôlant minutieusement son procès afin de favoriser ses potentialités salvatrices. Tandis que nous approcherons de la crise qui menacera de virer à la catastrophe, nous devrons saisir les opportunités qui se présenteront et les utiliser en vue de corriger le système de l’intérieur. Afin de nous sortir de la mauvaise passe actuelle, il nous faut continuer sans peur à creuser jusqu’à atteindre la lumière du jour. On reconnaît immédiatement, dans cette vision, la vieille croyance marxiste dans le développement historique. »

Et non seulement la vieille croyance marxiste dans le développement historique, mais plus généralement l’idéologie dominante du culte du « progrès », propagée et défendue par la classe dominante, les capitaines d’industrie et leurs collègues gouvernementeux.

(En outre, une troisième perspective, mélange des deux précédentes — sorte d’utopie high-tech primitiviste (ou inversement), de technoprimitivisme — se manifestait dans le mouvement contre-culturel.)

Le courant « technophile » de la contre-culture l’a manifestement emporté. D’où ces écologistes « technophiles » qui demandent des investissements massifs dans les technologies vertes.

Le titre de sa conférence, le titre de ce livre, « Du satori à la Silicon Valley », évoque la filiation qu’il existe entre d’une part le mouvement contre-culturel et ses aspirations à l’émancipation, à la sagesse (le satori, terme japonais, désignant une forme d’éveil dans le bouddhisme), et d’autre part le capitalisme technologique de la Silicon Valley. Comme le note Fred Turner, professeur en sciences de la communication de l’université de Stanford, dans son livre « Aux sources de l’utopie numérique : de la contre-culture à la cyberculture », certains membres de la contre-culture (les technophiles dont parle Roszak) « tournèrent le dos à l’action politique et adoptèrent la technologie et la transformation de la conscience comme tremplins naturels du changement social ». C’est ainsi que nombre de magnats de la Silicon Valley sont issus de la mouvance contre-culturelle, parmi lesquels les plus connus sont Steve Jobs et Steve Wozniak d’Apple, et, plus généralement, que le capitalisme numérique, hautement technologique, s’enracine dans le mouvement hippie.

Et ce qui devrait être quasiment indéniable, aujourd’hui, en 2022, après franchissement d’une « cinquième limite planétaire » — la noyade de la planète dans un déluge de produits chimiques et plastiques diversement toxiques —, désormais que l’on sait combien la civilisation étiole le corps humain — bientôt tous crétins, obèses et myopes ?! — et nous prive de liberté, c’est que les réversionnaires avaient (ont) raison tandis que les technophiles délirent.

Ce petit livre, augmenté d’une postface d’Aurélien Berlan, brosse un portrait de la contre-culture dont a émergé le mouvement écologiste et des contradictions qui la traversait. Si nous le publions, c’est en partie pour encourager un questionnement radical au sein de la nébuleuse écocapitaliste qui passe aujourd’hui pour le mouvement écologiste. Un mouvement écologiste digne de ce nom doit s’opposer à l’industrie, à l’industrialisme, doit défendre la nature et la liberté contre la civilisation industrielle, contre le capitalisme technologique. Soit tout l’inverse de ce que font aujourd’hui les soi-disant écologistes.

- Pour le commander : https://www.editionslibre.org/produit/du-satori-a-la-silicon-valley-san-francisco-bay-area-theodore-roszak/

LENCHON, QUEL COUILLON : COMBO PROGRESSISTE À LA TÉLÉVISION

D’abord, se débrouiller pour avoir l’air favorable à toute l’absurdité en expansion, en vogue, de l’idéologie de l’identité de genre (transgenrisme). Mais Mélenchon n’est pas un idéologue trans professionnel. Alors, inévitablement, il s’emmêle les pinceaux à parler d’hommes et de femmes comme de deux sexes composant l’espèce humaine (ce qui, techniquement, est jugé « transphobe »), puis à laisser entendre qu’il s’agit en fait de genres n’ayant rien à voir avec le corps sexué. Mais, bon, peu importe, il fait allégeance à la nouvelle Église Trans, c’est l’important.

Et puis l’imbécile de gauche enchaîne avec une apologie de l’industrie aérospatiale et de l’expansion galactique du technocapitalisme. « Les êtres humains ont toujours quitté leur biotope. » Il est donc naturel que nous tentions d’envahir et conquérir tout l’univers. Et puis, d’ailleurs, dans votre smartphone, « 47 applications dépendent de l’espace, depuis l’espace on peut contrôler les cultures ». Et tout le monde sait que le smartphone, l’industrie de la téléphonie mobile, et tout ce qu’elle implique et permet, c’est génial. Un incroyable « progrès ». Et bien évidemment, l’agriculture industrielle télécommandée depuis l’espace, c’est vraiment génial
aussi. Encore du formidable progrès !

Au point où nous en sommes rendus du désastre provoqué par l’industrialisation, la technologisation du monde, ces idées sont non seulement absurdes, démentes, mais aussi criminelles. L’industrie, la technologie, c’est non seulement le ravage de la planète, mais c’est aussi l’asservissement des êtres humains à un joug inéluctable. L’industrie, la technologie, c’est la hiérarchie. Pas d’industrie, pas de technologie sans stratification sociale, sans gouvernants et gouvernés, sans ingénieurs et ouvriers, sans pouvoir centralisé (https://www.partage-le.com/2022/07/23/high-tech-low-tech-anti-tech-le-probleme-de-la-technologie-par-nicolas-casaux/ ).

Orwell dénonçait déjà il y a presque un siècle (dans un livre paru en 1937) ce socialisme machiniste, industrialiste, technologiste, visant à produire « un monde totalement mécanisé, strictement organisé, aussi étroitement tributaire de la machine que les civilisations antiques pouvaient l’être des esclaves ». Un enfer machinal. Reprenant une remarque de Wells, il notait que selon la logique de ce technosocialisme, une fois que la Terre serait suffisamment mécanisée, exploitée, emmaillée dans le réseau infrastructurel de la civilisation techno-industrielle, « il faudra alors s’atteler à la tâche gigantesque qui consistera à atteindre et coloniser un autre monde. Mais ce n’est que reculer pour mieux sauter : l’objectif, lui, demeure inchangé. Qu’on colonise une autre planète, et le jeu du progrès mécanique recommence. » Effectivement.

« Mais, vivant dans une ère scientifique et mécanique, nous avons l’esprit perverti au point de croire que le “progrès” doit se poursuivre et que la science doit continuer à aller de l’avant, quoi qu’il en coûte. En paroles, nous serons tout prêts à convenir que la machine est faite pour l’homme et non l’homme pour la machine ; dans la pratique, tout effort visant à contrôler le développement de la machine nous apparaît comme une atteinte à la science, c’est-à-dire comme une sorte de blasphème. Et même si l’humanité tout entière se dressait soudain contre la machine et se prononçait pour un retour à un mode de vie plus simple, la tendance ne serait pas si facile à renverser. Il ne suffirait pas de briser, comme dans Erewhon de Butler, toutes les machines inventées postérieurement à une certaine date ; il faudrait encore briser la tournure d’esprit qui nous pousserait, presque malgré nous, à inventer de nouvelles machines aussitôt les anciennes détruites. Et cette disposition mentale est présente, ne fût-ce qu’à l’état larvé, en chacun de nous. Dans tous les pays du monde, la grande armée des savants et des techniciens, suivie tant bien que mal par toute une humanité haletante, s’avance sur la route du “progrès” avec la détermination aveugle d’une colonne de fourmis. On trouve relativement peu de gens pour souhaiter qu’on en arrive là, on en trouve beaucoup qui souhaitent de toutes leurs forces qu’on n’en arrive jamais là, et pourtant ce futur est déjà du présent. Le processus de la mécanisation est lui-même devenu une machine, un monstrueux véhicule nickelé qui nous emporte à toute allure vers une destination encore mal connue, mais selon toute probabilité vers un monde capitonné à la Wells, vers le monde du cerveau dans le bocal. »

Orwell déplorait amèrement ce « socialisme [qui] ne sent plus la révolution et le renversement des tyrannies, mais l’excentricité incohérente, le culte de la machine ». Et anticipait : « Si l’on ne fait pas disparaître cette odeur, et vite, le fascisme peut gagner. »

(Pour lire le texte d’où viennent ces citations d’Orwell : https://www.partage-le.com/2016/08/07/lincoherence-du-socialisme-le-mythe-du-progres-le-culte-de-la-machine-par-georges-orwell/ )

(posts de Nicolas Casaux)


Forum de l’article

  • Le mouvement climat, c’est le tombeau du mouvement écologiste Le 2 octobre 2022 à 20:38, par Némésis

    un peu étonné que ma réponse envoyée vers midi ne soit pas parue car elle n’avait rien de si transgressif*qui puisse en empêcher diffusion .
    *En un mot : Pour eux le temps c’est de l’argent, et l’argent est leur raison d’être alors volons leur du temps.

    Répondre à ce message

  • Le mouvement climat, c’est le tombeau du mouvement écologiste Le 2 octobre 2022 à 11:27, par Némésis

    D’accord avec cette analyse et étant donné que pour les adeptes du capitalisme (sous toutes ses formes) ce qu’ils recherchent c’est l’accroissement continu pour ne pas dire éternel de leurs profits sous forme d’argent il faut les attaquer là où ils sont les plus vulnérablles : L’ARGENT.
    Pour eux le temps c’est de l’argent alors freinons , bloquons, faisons dérailler leur système en leur volant non de l’argent mais ce qui est à la source de ces gains : LE TEMPS.
    A nous d’imaginer, inventer des actions qui leur vole du temps
    Juste une simulation : ceux-celles d’entre nous qui ont du temps parce qu’ils sont sans emploi ou retraités peuvent prendre rendez-vous dans une banque pour se renseigner sur des placements faire durer la conversation avec le « conseiller » et au bout d’une heure le remercier en disant qu’on reviendra , si on est 4 ou 5 à faire ça le même jour dans la même banque on leur fait perdre de l’argent , on peut faire ça aussi en bloquant les caisses manuelles et automatiques des hyper etc en engorgeant les caisses avec des pièces de centimes .
    Parce qu’aujourd’hui ni les manifs, ni les discussions avec eux , ni les débats pipés ont la moindre utilité alors il faut les frapper aux bourses !!!

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