Malgré l’hégémonie totalitaire du monde capitaliste, les puissants veulent avoir toujours davantage le champ libre, alors ils profitent d’attentats dits islamistes pour essayer de dézinguer la gauche à coup d’accusation de laxisme et d’islamo-gauchisme.
Le capitalo-fascisme n’a peur de rien, il est prêt à utiliser même les conséquences délétères de son système pour démolir les adversaires du dit système.
- Le capitalo-fascisme voudrait en finir avec toute forme de résistance
Voici deux articles et une vidéo à méditer sur ce sujet, suivis de quelques remarques :
Sur Mediapart (pour abonnés) :
L’extrême droitisation des champs médiatique et politique ne pouvait pas rester sans conséquence sur l’atmosphère idéologique de ce pays. Un certain vocabulaire a fini par s’imposer et la rhétorique réactionnaire imprègne maintenant tout le paysage politique ; de Gérald Darmanin à Yannick Jadot, on emploie les mêmes mots et on désigne les mêmes cibles : les forces de gauches, forcément complices.
Si d’aventure celles-ci se sont fourvoyées à critiquer le racisme d’État ou à marcher aux côtés de mouvements antiracistes contemporains, alors, elles ont sans doute quelque part « armé le bras des terroristes ». Cette arme de disqualification massive est employée sans retenue et elle poursuit un but : provoquer la sidération puis le silence.
Sur Reporterre : Islamo-gauchisme et capitalo-fascisme - Derrière l’accusation d’"islamo-gauchisme", les classes dirigeantes veulent cacher leur propre responsabilité dans le terrorisme islamique, lourde du fait de leurs liens avec les pétromonarchies et leur radicalisation néolibérale. Ce qui émerge, en fait, c’est un « capitalo-fascisme », qui abandonne les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité pour maintenir un ordre inégal, destructeur de la biosphère, et écrasant les libertés publiques.
Remarques complémentaires
Le capitalo-fascisme s’en prend à la gauche parce qu’elle est globalement affaiblie, ou parce qu’il sent que la contestation radicale de gauche revient ou va revenir sur la scène étant donné les désastres politico-climato-écologico-sociaux en cours ? Sans doute un mélange des deux.
Le capitalo-fascisme en cours et son discours hégémonique montre qu’en dehors des courants vraiment anticapitalistes et qui se méfient plus ou moins de l’Etat, tous les courants politiques sont au fond sur la même longueur d’onde que le macronisme, de la droite à EELV en passant par le PS et l’extrême droite.
Tous croient ou laissent croire que la france est une démocratie, que l’industrialisme (plus ou moins "vert") et la haute technologie (numérique, IA...) nous sauveront, que le capitalisme (amélioré, dompté, recadré, contrôlé) est globalement une bonne chose, que les élus sont légitimes, que l’ordre en place doit continuer à régner à l’aide des flics, que le marché de l’emploi n’est pas un problème en soi, etc.
J’aime assez l’article de Hervé Kempf sur Reporterre, sauf la phrase "il faut redire que l’enjeu essentiel pour refaire société est de faire reculer l’inégalité et de renforcer les outils intégrateurs que sont l’école, la santé, et l’accès à l’emploi"
En effet, dans le cadre étatiste et capitaliste, l’école et l’accès à l’emploi sont plutôt des problèmes que des solutions positives.
L’institution scolaire, malgré la résistance de profs, est de plus en plus un casernement pour diffuser la propagande officielle et préparer la soumission au monde de l’économie.
Et par rapport à la destruction généralisée du vivant par la civilisation industrielle, le mantra de "l’accès à l’emploi" ne mène qu’au renforcement de la croissance et du pouvoir des patrons et actionnaires.
Ce n’est pas en se pliant au dogme de "l’accès à l’emploi" qu’on pourra voir se réaliser le souhait du titre du dernier livre de Hervé Kempf "Que crève le cdapitalisme".
Pour refaire société et démolir le capitalisme, il faudrait plutôt en finir avec l’essence des dogmes capitalismes : le marché de l’emploi, la concurrence pour l’emploi, la possibilité d’extraire de la valeur pour les capitalistes via le salariat, le besoin de produire et travailler pour payer de quoi vivre, etc.
"l’accès à l’emploi" est lié au monde de l’économie capitaliste, où la plupart doit travailler un max pour être "intégré" et survivre, où on maintient des entreprises polluantes et néfastes parce que "ça fait de l’emploi".
Ce n’est pas "l’accès à l’emploi" qu’il faudrait développer, mais bien tout reconfigurer autrement si on veut en finir avec le capitalisme et tout son monde.
Par exemple, diviser le temps de travail au moins par 3, répartir les taches et les faire tourner au lieu que certaines personnes se tapent à plein temps les boulots les plus pénibles, rendre accessibles tous les biens et services de première nécessité afin d’éviter précarité et heures sup, en finir avec la compétition et n’avoir que des coopératives égalitaires sans but lucratif, etc.
Pour mettre en oeuvre tout ça sans trop de complexité, le mieux serait d’en finir avec toute forme d’argent et de monnaie, et de miser sur la gratuité et la démocratie directe.
Au delà de la question de l’emploi et de sa rémunération, au délà de la critique radicale du capitalisme, c’est bien la question du travail qu’on doit questionner.
Du travail ? Pour qui ? Pour quoi ? Comment ? Dans quel but ?
Du travail ou de l’activité ?
Une part d’activité partagée pour la vie commune selon ses capacités , une part pour la vie politique démocratique, une part pour des activités personnelles variées ?
Le courant anarchiste se pose aussi depuis longtemps ces questions, avec des réflexions et pratiques autour de l’autogestion, de la libre association, etc.
Vaste programme !
Voir ces sites qui, parmi d’autres, explorent ces questions au fond :
- Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
- Éditions Crise & Critique - Les éditions Crise & Critique s’attachent à la publication d’une théorie critique du capitalisme-patriarcat, c’est-à-dire une théorie de son abolition. « Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous » (Franz Kafka).
- Manifeste contre le travail du groupe Krisis
Voir notamment cette parution récente :
De virus illustribus. Crise du coronavirus et épuisement structurel du capitalisme
Anselm Jappe, Sandrine Aumercier, Clément Homs et Gabriel Zacarias, De virus illustribus. Crise du coronavirus et épuisement structurel du capitalisme
C’était épouvantable. Chaque soir on lisait les chiffres des morts comme on lit un bulletin de guerre. On craignait pour la santé de nos proches et en particulier des plus faibles. On était assignés à résidence, enchaînés à son poste de travail la boule au ventre, suspendus aux nouvelles. Mais c’était beau aussi. Presque plus de voitures ni de bruit. Les chantiers fermés. Les tarmacs transformés en zone de stockage pour avions au rebut. Dans les canaux de Venise, les eaux étaient redevenues limpides, ainsi que dans la baie de Naples.
La crise du coronavirus sonnera-t-elle le glas du capitalisme ? Amènera-t-elle la fin de la société industrielle et consumériste ? Certains le craignent, d’autres l’espèrent. Avec l’épidémie, un facteur de crise inattendu est apparu – l’essentiel n’est pourtant pas le virus, mais la société qui le reçoit et la lumière cruelle qu’il jette sur les coins sombres de celle-ci. La volonté qui traverse cet essai est autant de comprendre le lien entre la situation actuelle et l’épuisement structurel du capitalisme que de montrer la nécessité de tirer le frein d’urgence.
Les auteurs participent du courant de la « critique de la valeur-dissociation », un courant international élaborant une critique radicale du capitalisme et du patriarcat fondée sur une relecture novatrice de Marx.
Table des matières
- Introduction
- Chapitre I – La virus dans le contexte de la crise globale
- Chapitre II – Ce que n’est pas la crise du coronavirus
- Chapitre III – Le Grand confinement du capitalisme : Le triomphe de l’Etat sur l’économie ?
- Chapitre IV – Crisis in progress : crise du coronavirus, capital fictif et procès de crise fondamental
- Chapitre V – La vie qui peut être si peu : surveillance, patriarcat sous confinement et survie augmentée
- Chapitre VI – Temps difficiles ou grandes espérances ?
- Chapitre VII – L’Etat et l’Economie vont-ils lâcher leur proie ?
« On ne recule devant aucune dépense pour maintenir artificiellement en vie l’idole Travail. Le cri délirant "De l’emploi !" justifie qu’on aille encore plus loin dans la destruction des bases naturelles devenue depuis longtemps manifeste. Les derniers obstacles à la marchandisation complète de tous les rapports sociaux peuvent être éliminés sans soulever aucune critique, dès lors que quelques misérables "postes de travail" sont en jeu. Et le mot selon lequel il vaut mieux avoir "n’importe quel" travail plutôt que pas de travail du tout est devenu la profession de foi exigée de tous. »
Groupe Krisis, Manifeste contre le travail , Manifeste éédité cet été
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