La théorie du boxeur : quelques remarques sur ce film documentaire drômois sur l’agriculture

Points forts, limites, critiques... - Agriculture locale, alimentation, distribution..

mercredi 22 novembre 2023, par Camille Pierrette.

Ce film documentaire autoproduit et distribué par l’association Kamea Meah a beaucoup de succès dans la région. Les sujets évoquées dans ce film sont majeurs et d’importance vitale : autonomie et résilience alimentaire, futur de l’agriculture face aux catastrophes climatiques et écologiques croissantes produites par la civilisation industrielle, partage de l’eau qui se raréfie, destruction accélérée de la biodiversité...
J’évoquerai les points que je trouve pertinents et utiles dans ce film, puis les limites et manques que j’y vois, avec aussi des critiques plus larges et des perspectives.

Forcément, vu les sujets cruciaux abordés, ce film suscite émotions et débats, c’est aussi son but.

- Pitch et bande annonce du film :
Vagues de chaleur, sécheresses, gels tardifs ou ravageurs, le climat se dérègle et notre agriculture doit bifurquer… Oui, mais vers où ?
Nathanaël Coste enquête dans la vallée de la Drôme pour comprendre comment les agriculteur.rice.s s’adaptent, tout en questionnant la résilience alimentaire de nos territoires.

BANDE ANNONCE La Théorie du Boxeur
par [Kamea Meah Films->https://www.youtube.com/@kameameahfilms9651]
https://youtu.be/XQaOphd9LKY

- Projections à venir en Drôme : https://www.facebook.com/kameameahfilms/events

Points positifs du film documentaire « La théorie du boxeur »


Déjà, c’est méritoire de s’attaquer à défricher des sujets complexes et sensibles.

Le film montre à raison la gravité croissante des dérèglements climatiques et l’hécatombe des animaux (oiseaux, insectes...), avec forêts gravement en péril qui ne peuvent plus se remettre de phénomènes extrêmes répétés, manque d’eau pour le maraîchage, rivière Drôme qui souffre, etc.
C’est intéressant de voir les réactions humaines et professionelles d’agriculteurs confrontés très directement à ces catastrophes et difficultés. Chacun.e cherche des adaptations pour que son activité agricole puisse perdurer et continuer à nourrir la population.
On voit un panel intéressant de « stratégies » diverses : économies d’eau, goutte à goute, dispositifs de capteurs technologiques, cultures sur sols vivants sans labour, plantations de haies riches en biodiversité, déplacements fréquents de troupeaux, hydrologie régénérative, plantations d’arbres et agroforesterie, changements de culture, lutte contre les coups de gel, etc.

Les difficultés très importantes ne sont pas occultées. Les responsabilités des lobbys et autres bénéficiaires de l’agro-industrie productiviste sont évoquées.

Il est aussi utilement évoqué « l’erreur » ancestrale, qui perdure, des méthodes « habituelles » d’agriculture (qui, en résumé, détruisent les sols et leur vie), qui avaient transformé il y a longtemps déjà le « croissant fertile » en zone infertile.
Et à l’inverse, c’est bien de montrer que la biodiversité et la vie des sols peuvent revenir assez vite si on change vraiment les pratiques et techniques avant que tout soit dévasté.

La possibilité d’une forme d’autonomie alimentaire locale à l’aide d’une diversité de pratiques complémentaires, aidée par une diminution de la consommation de viande et de produits laitiers, est bien exposée. C’est bien vu de rappeler qu’ici en vallée de la Drôme, malgré tout, on est pas du tout autonome en nourriture (avec 85% de ce qu’on mange qui est importé si je me souviens bien).

Le film a raison d’insister sur le fait que les agriculteurs et agricultrices ne pourront pas s’en sortir et bifurquer seul.e.s, une grosse part de la population devrait s’impliquer aussi.

Pour tout ça, et malgré mes remarques critiques du paragraphe suivant, le film est un bon support pour la réflexion et le débat, notamment pour les personnes peu ou pas au courant de ces sujets.

La théorie du boxeur : quelques remarques sur ce film documentaire drômois sur l’agriculture
Adapter l’agriculture sans stopper les causes du réchauffement climatique et sans lutter pour stopper la civilisation industrielle ?

Limites et manques du film documentaire « La théorie du boxeur »

Je pense que ce film a des aspects critiquable sur plusieurs points ayant des liens entre eux.

- 1. Ce documentaire veut montrer la gravité des catastrophes en cours, mais il n’en montre en réalité pas suffisamment l’ampleur future (surtout si rien ne change sur le fond, si la civilisation industrielle perdure), pourtant décrite par plusieurs auteurs et scientifiques (voir tout simplement les courbes du GIEC selon divers scénarios).
Le film dit à raison que des réchauffements climatiques seront là de toute façon, même si on arrêtait demain toutes les émissions de gaz à effets de serre, vu l’inertie du climat.

Mais le film n’ose pas dire que si on se retrouve à +4° (ou pire encore si le système en place continue), l’agriculture actuelle est complètement balayée/dévastée. D’autant qu’il faut distinguer l’élévation moyenne de température terrestre de l’élévation sur les continents. +3° de moyenne signifie +4° ou +5° par ici (et pire encore à d’autres endroits).
Avec de telles élévations et aussi rapidement, il ne s’agit plus d’adaptations agricoles comme répété abondamment, mais plutôt d’agriculture extrême, d’agriculture de survie très très difficile. Voire d’une désertification accélérée réduisant fortement les possibilités même de production alimentaire.

Des transformations locales rapides, étendues et profondes, inscrites principalement dans la permaculture et l’hydrologie régénérative, pourraient retarder ces processus par rapport à d’autres régions qui continueraient comme avant. Mais à terme les effets du réchauffement climatiques sont globaux, et n’épargnent aucune zone. Et on est actuellement loin des niveaux de transformations locales requises.

Même si l’érosion qui détruit les sols est évoquée, d’autres problèmes très graves ne sont pas traités dans le film : L’indispensable écosystème des sols menacé par les sécheresses - Les microbes présents dans le sol sont garants de sa fertilité et de la résistance de ses cultures. Les sécheresses intenses de plus en plus fréquentes menacent de détruire ces écosystèmes fragiles.

Comme les sols et leur richesse vivante sont la base de la fertilité et donc la base de toute production alimentaire, c’est tout de même un point crucial !
Peut-être que ces études sont trop récentes pour que ce documentaire et ses intervenants ait pu en parler ?
Là aussi, des méthodes de permaculture et de cultures sur sols vivants permettraient de mieux amortir les dégâts sur la vie des sols lors des fortes sécheresses récurentes, ...jusqu’à un certain point.

- 2. Corrolaire du point 1. Il est vital est de stopper au plus vite ce qui cause le réchauffement climatique. C’est beaucoup plus important que les mesures d’adaptation aux dégâts déjà là. Et, même si son sujet principal est l’adaptation du monde agricole, le film ne le met pas assez en avant je trouve. (en revanche il est vrai qu’il met en avant l’urgence à stopper ce qui détruit la biodiversité : l’urbanisation et les autres destructions d’habitats notamment)

- 3. Le film n’aborde pas du tout certaines clefs importantes du problème, et de ce fait les « solutions » envisagées apparaissent comme « hors sol » et restent « impuissantes ».

Le film laisse croire que les problèmes d’adaptations sont principalement des questions de changements de choix individuels de « techniques agricoles ». Il occulte que les possibilités de changements de techniques culturales à grande échelle sont étroitement liées aux contraintes et impératifs du modèle économique (le capitalisme) et du modèle politique (l’Etat et le centralisme oligarchique anti-démocratique) en vigueur.
Les contraintes très fortes du capitalisme, du productivisme et de la quête de puissance pesant sur le monde agricole (comme sur tout le reste) ne sont pas traitées (ce qui aurait été possible en 5 minutes), seuls sont évoqués de manière trop vague les lobbys et les bénéficiaires de l’industrialisation agricole.

Sans parler du capitalisme et de ses mécanismes de fonctionnement (quête de la Valeur, accumulation du capital, concurrence, course à la productivité et à la baisse des prix des produits...) il est difficile voire impossible de comprendre et de résoudre les problèmes du prix élevé des terres et bâtiments agricoles, de la faible rémunération de la plupart des agriculteurs, de la difficulté de résister à la concurrence, de la course au machinisme, de la concentration des terres et du remembrement du 20e siècle, de l’« obligation » de privilégier des cultures les plus rentables, de la spécialisation des productions par régions, des monocultures intensives...

Les mentalités attachées aux « progrès » par les machines et à la délivrance des taches de subsistances ne suffisent pas à expliquer le développement de l’agro-industrie, la destruction des paysans, le productivisme et ses désastres écologiques/climatiques.
Car les agriculteurs, les choix de production et de distribution, sont, comme partout, soumis aux diktats de l’économie de marché et aux besoins de l’étatisme.
Par exemple, la production de maïs industriel est souvent la plus lucrative (avec en plus les aides de la PAC, elles mêmes impulsées en partie par les règles capitalistes), et c’est pour ça qu’elle est choisie, malgré les dégâts et impasses.

Ainsi, les productions agricoles et les modes de distributions ne sont pas tellement choisis pour la satisfaction des besoins réels (qui seraient à creuser et définir collectivement), pour le respect des écosystèmes et des cycles de l’eau, mais pour les possibilités de gagner ou pas de l’argent.

Le bio, l’agroforesterie, la permaculture, l’hydrologie régénérative, la paysanneie..., au sein du système capitaliste/productiviste/étatiste/industriel, ne peuvent pas décoller vraiment. Malgré leur intérêt et leur pertinence, ça restera des marchés de niche, des pratiques minoritaires. Ces "philosophies" et techniques sont trop éloignées des besoins fondamentaux de production d’argent et de puissance du système en place, qui imposera un "bio" industriel au rabais, et développe une agro-industrie sans paysans vers l’agri-tech, avec force drones, numérique, capteurs, robots, OGM, chimie...

Les niches de "bonnes pratiques" ne sont pas généralisables au sein de la civilisation industrielle, il faut donc lutter pour en sortir et changer de modèle de société, voir point 4.

- Articles complémentaires vus sur Ricochets :

- 4. Ce film documentaire laisse croire que la multiplication d’alternatives agricoles écologiques et de bonnes pratiques portées par des volontaires isolés ou en petits collectifs suffiraient à changer la donne. On a vu plus haut que ce n’était pas possible.
Il manque donc un passage qui insisterait sur l’indispensable complémentarité et les liens forts entre les luttes (les mouvements sociaux forts, les révoltes, les basculements révolutionnaires...) et les alternatives/expérimentations concrètes immédiates.
Tant qu’on reste dans le modèle social en place, les changements individuels de production et de consommation ne suffiront jamais à étendre à une échelle suffisante des pratiques écologiques et sociales vertueuses.
Ce film peut donc entretenir des illusions et impasses cuisantes.

Evidemment, s’occuper d’alternatives semble plus facile et mieux « valorisé » qu’instaurer des rapports de force collectifs puissants face à l’Etat et au capitalisme. Les alternatives, les changements de conscience individuels, la spiritualité sont mieux vus par certaines classes sociales, les médias et les pouvoirs que les luttes politiques, les bouleversements révolutionnaires et les ruptures radicales. Les alternatives et évolutions de conscience prétendent changer la donne sans bouleverser l’ordre social en place, ce qui plait bien aux classes sociales plus ou moins installées, bourgeoises, entrepreneuses, propriétaires, qui ne souffrent pas trop et veulent conserver certains privilèges et pouvoirs.
Ces classes dévalorisent alors les conflits, les « luttes contre », les rebellions collectives et valorisent seulement, ou principalement, les « actions pour », les évolutions individuelles de conscience, de pratique et de philosophie. Ce qui ne suffit pas à changer vraiment le cours des choses, surtout dans un délai bref.

- 5. Comme souvent, ce documentaire laisse croire qu’on serait en démocratie et qu’il suffirait que les « citoyens » se bougent pour que des changements de politique suivent. Ce qui omet les verrouillages féroces des oligarchies, locales comme nationales, comme du capitalisme, qui ne veulent pas du tout que les « citoyens » puissent réellement pratiquer la démocratie réelle (donc directe) et défendent l’existant sans pitié à coup de grenades et d’emprisonnements.
Pour de vrais changements politiques, il faudrait donc des transformations radicales, des formes de révolutions, de mouvements sociaux très forts. Le film nous laisse sur ce point très éloigné de la nécessité des révoltes et bouleversements collectifs à mener en compléments des pratiques écologistes alternatives individuelles.

Conclusions


Ce film est un peu bancal. D’un côté on a l’impression qu’il vise un « grand public » peu informé, mais alors pourquoi occulter des questions cruciales et rester dans l’omission, le vague, le manque, que seules des minorités de personnes informées/curieuses peuvent combler ?

Le processus de réflexion et d’analyse est donc tronqué, incomplet. Ce documentaire ne permet pas aux spectateurs de beaucoup avancer sur la voie des nécessaires et urgentes transformations collectives politiques et économiques, complémentaires aux actes individuels pionniers et souvent exemplaires.

Vu l’urgence et la gravité extrêmes de la situation, il est dommage que le film reste trop en surface et omette (sciemment ?) des points imporants. En voulant peut-être rester soi-disant "neutre" et "non clivant", des points cruciaux manquent et donc le film n’aide pas des réflexions pouvant mener à des actions permettant de changer la donne à une échelle suffisamment large et dans une, nécessaire, temporalité rapide.

On a donc au final l’impression que ce film vise surtout à "rassurer" une certaine catégorie de la population
 : les agriculteurs existants qui fournissent de la nourriture localement et la petite partie des habitants de la Vallée de la Drôme qui s’en nourrit. En mettant en avant des "solutions" à "portée de main", il fait croire que ces publics là pourraient s’en tirer sans transformations collectives profondes, rapides et radicales du modèle social/politique/économique.
C’est un film dépolitisant, surtout technique, qui s’inscrit dans la tradition souvent présente du solutionnisme par les petits gestes individuels (consommation, plantations, pratiques exemplaires...), les alternatives individuelles et de micro-collectifs.
Les dimensions structurelles, politiques et collectives sont bien trop survolées ou même carrément occultées.
Ce qui est dommage car ça ôte de la force, de la portée et de la pertinence à un film traitant courageusement de sujets vitaux.

Perspectives

Vu l’ampleur des catastrophes en cours, et les verrouillages induits par le modèle politico-économique en place, les actions individuelles vertueuses sont nettement insuffisantes pour créer les nécessaires changements rapides, profonds et généralisés.
Comme l’indique L’Atelier paysan dans son livre essentiel "Reprendre la terre aux machines", il faudrait arriver à conjuguer alternatives locales écologiques et volontaires avec de puissants mouvements sociaux et rapports de force, et des formes d’éducation populaire. Instaurer des formes de démocratie directe à la place des oligarchies autoritaires en place est également incontournable.

- Pour élargir la réflexion et les pistes d’actions :

- Appel à constituer des greniers des Soulèvements
C’est en lisant le texte du comité caennais des Soulèvements de la Terre "Reprendre, Démanteler, Communiser" que nous, membres du Réseau de ravitaillement des luttes du pays rennais et du comité rennais des SDT, avons eu envie de poursuivre les propositions sur la subsistance qui semblent traverser les comités des SDT nouvellement créés.
Comme le soulignent les camarades de Caen, la structuration de l’économie capitaliste coupe une majorité de la population de tout moyen d’autosubsistance et son fonctionnement sous sa forme actuelle pousse 8 millions de personnes à dépendre de l’aide alimentaire. Nous pensons qu’il faut continuer à dire et à défendre que l’idéologie bourgeoise repose sur une dépossession. Les populations ont été dépossédées avec le temps des moyens et des savoir-faire qui leur permettaient d’assurer des formes d’autonomie matérielle. C’est cette idéologie qui les oblige, pour survivre, à vendre leur temps et leur énergie sur le marché du travail. Plus cette dépendance au marché est grande et les moyens d’autonomie des populations sont faibles, plus les conditions de l’accumulation capitaliste et le désir de contrôle des classes dirigeantes et possédantes sont satisfaits.
Or, notre attachement aux biens matériels produits par l’économie capitaliste rend difficile la construction d’une opposition sérieuse à cette perte d’autonomie. Cette situation complexe est résumée par Aurélien Berlan, dans son livre Terre et Liberté :
«  l’impasse socio-écologique dans laquelle nous nous enfonçons tient au fait que nous sommes devenus vitalement dépendants d’un système qui sape à terme les conditions de vie de la plupart des êtres vivants [...] nous en sommes prisonniers, matériellement et mentalement, individuellement et collectivement. »
(...)
« un isolement des différentes initiatives de résistance, leur morcellement, qui les vouent à l’impuissance : les luttes syndicales paysannes empêtrées dans une forme de corporatisme sectoriel ; les marches pour le climat confrontées à l’impuissance sans horizon des manifestations, même massives, réduites à interpeller les gouvernant.e.s pour qu’ils agissent contre leurs intérêts ; l’inconséquence libérale-libertaire des modes d’action « autonomes » égarés par leur propre dispersion et leur absence de stratégie coordonnée ; les collectifs d’habitant·e·s de territoires en lutte qui mènent des batailles locales contre des projets industriels écocidaires, sans avoir — trop souvent — les moyens de vaincre. »
(...)

- Publications de la coopérative L’Atelier paysan :

- Livre essentiel : Reprendre la terre aux machines. Manifeste de la coopérative L’Atelier paysan - Bonnes feuilles – Comment s’attaquer à l’hégémonie du complexe agro-industriel et enrayer sa logique productiviste ? L’Atelier-Paysan propose diagnostics et stratégies pour construire l’autonomie paysanne et alimentaire. L’introduction du livre précise les enjeux et objectifs du projet, dont l’ambition est de rendre possible l’installation d’un million de paysannes.

- Observations sur les technologies agricoles, notre premier rapport d’observatoire
Dans le prolongement de sa stratégie de transformation sociale, l’Atelier Paysan publie un deuxième livre, enrichissant et complétant les réflexions politiques développées dans l’essai " Reprendre la terre aux machines " (Le Seuil, mai 2021). Voici le premier rapport d’ « Observations sur les technologies agricoles », préparé depuis un an avec un groupe de sociétaires, rassemblées au sein d’un Observatoire, nouvelle instance de notre coopérative
(...)
Le rapport montre, sur la base des informations agrégées depuis 1988 par le Réseau d’information comptable agricole (RICA), que l’aberration est aussi économique pour les paysans. Nous y mettons en lumière un véritable cul-de-sac, puisqu’en dépit des promesses d’économies d’échelles qui accompagnent l’injonction à toujours s’agrandir en avalant les fermes voisines, les coûts liés à la machine, aux bâtiments et aux intrants qui accompagnent le déploiement de technologies agricoles croissent bien plus vite que le revenu par paysan. Pire, ces coûts, rapportés à l’unité de surface, augmentent : cela signifie que plus les fermes se sont étendues en taille, plus le revenu généré par économie d’échelle a enrichi les industries de l’amont (agrofourniture, machinisme, etc.) et de l’aval, au détriment des paysans.

Les deux autres articles du rapport sont davantage des récits de deux dynamiques qui expliquent les origines de cette disparition des paysans : les politiques dites « publiques » et le secteur industriel de la machine agricole. Le premier montre ainsi ce qu’ont été, depuis plus de 70 ans, les politiques agricoles en matière de machinisme, depuis le premier plan quinquennal (au sortir de la Seconde guerre mondiale) jusqu’au « plan de relance » annoncé en 2020 par Emmanuel Macron : la disparition des paysans n’est pas un dommage collatéral involontaire mais un but recherché, hier par les politiques de restructuration, aujourd’hui par la robotisation. Que l’objectif soit désormais moins ouvertement assumé ne le rend pas moins glaçant.
(...)

Impasse : agriculture alternative et magasins bio sont noyés dans le système agro-industriel dominant
L’agriculture industrielle capitaliste réclame toujours plus de technologie, de productivité

- Pour aller plus loin sur la critique du capitalisme et de l’Economie :


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