La Trame, derrière la façade

Appel à soutien

mercredi 30 avril 2025, par coucoucestnous.

Derrière la façade de cette association dioise, c’est loin d’être jolijoli. Mais la parole se libère et demande du soutien. L’occasion de penser les possibilités de solidarité.

1- Message adressé initialement à une vingtaine de personnes, rendu publique avec l’accord de son auteur.e :

« Bonjour à tous,

Je vous contacte car j’ai besoin d’aide. L’asso La Trame qui est censée m’accompagner dans ma situation précaire souhaite me mettre dans une position encore plus vulnérable.

Ils m’ont d’ors et déjà coupé les vivres brutalement et sans délai, je suis donc sans revenu depuis début mars, obligé de puiser dans mes économies et grappiller quelques sous ici et là.

De plus, ils veulent m’expulser de mon logement au 30 avril sans solution de relogement.

En bref, ils m’ont exclu de l’asso sans autre recours et sans m’avoir consulté. Les autres personnes suivies par l’asso courent le même risque : se voir couper les ressources de base du jour au lendemain.

Je veux faire de cette date du 30 avril une date symbolique. C’est pour ça que vous êtes tous invités le mercredi 30 avril à 16h, chez moi, au 13b rue du Treuil à Die pour manifester votre désaccord face à ce qu’il se passe à huit clos entre les murs des Petits Fourneaux (restaurant racheté par la trame où ils font travailler des migrants dans des conditions plus que douteuses).

Merci à vous et à bientôt pour plus de musique et joie de vivre j’espère !

Yassine »


2- quelques réactions :

La semaine passée, plusieurs personnes ont contacté l’association pour affirmer leur soutien et exiger de renoncer à ce que l’association appelle un "accompagnement vers la sortie" (sic).
La demande d’un engagement écrit de renoncer à l’expulsion à reçu une réponse négative "compte tenu des délais trop courts" pour prendre une décision formelle en ce sens...

Une lettre de soutien se terminait en affirmant que « nous restons aux côtés de Yassine, de la façon qu’il jugera nécessaire, pour l’aider à faire valoir ses droits. Et y compris à résister à une éventuelle tentative d’expulsion forcée. »


3- Contexte et commentaires :

Les conflits sont récurrents au sein de cette association. Une expulsion manu militari à déjà été mise en pratique il y a plus d’un an. Une menace d’expulsion similaire a déjà eu lieu cet hivers, finalement annulée au dernier moment suite aux réactions des personnes concernées, en même temps que démissionnait la majeure partie du conseil d’administration. Les salariés qui « gèrent » la structure changent peu.

Et de fait, ils en vivent : le budget (prévisionnel 2024) de l’asso, accessible sur son site internet, mentionne (sans chipoter sur les virgules) un total de 300 000 euros, dont 158 000 de "charge de personnel" : 156 000 pour les salariés, la moitié du budget de l’asso leur revient (ceux qui ont les bons papiers donc). Les « compagnons » (qui n’ont pas les bons papiers, et sont censés en être les principaux bénéficiaires) reçoivent 100 euros par semaine pour 30 heures de présence obligatoire, principalement en restauration, cela sans aucun droit, ni recours possible en cas de mésentente, puisque légalement « ce n’est pas du travail » mais du volontariat (à côté de quoi, les 15 ou 20 heures du RSA, c’est le grand luxe !).

Certes on leur concède un toit (renouvelable par trois mois, dixit le site internet). Une chambre chacun.e, certaines sans aucune autre ouverture que la porte, en compagnie de personnes non choisies : le minimum vital.

La réalité de la Trame n’a pas grand chose en commun avec ce qu’elle affiche et que beaucoup veulent croire. Il est temps d’en parler dans la vallée.

NOTE

- Pour information, on a du enlever le dernier paragraphe de ce texte, intitulé "un texte antérieur pour approfondir la question", car il s’agissait d’une publication reprise sans l’autorisation de l’auteure.

Le collectif d’animation de Ricochets

P.-S.

Cet article et les commentaires qu’il contient n’engage que son auteur.e, et non les personnes en dialogue avec l’association.


Forum de l’article

  • La Trame, derrière la façade Le 12 mai à 10:52, par CA de La Trame

    "Monsieur ou Madame Coucou c’est nous, qui ne dit pas son nom, vous avez produit un article à charge qui vise notre association.

    Pourtant, il semble que nous partageons le même point de vue de départ et le même constat dramatique sur les politiques actuelles qui défont les droits humains et les possibilités d’insertion pour les personnes étrangères.

    Dans la vallée de la Drôme, plusieurs associations s’engagent activement et œuvrent quotidiennement pour proposer un soutien à ces personnes exilées là où souvent il y a carence de l’État. On peut se réjouir de cet élan local même si les besoins dépassent largement ce que nous tous faisons.

    Dans ce contexte, l’association La Trame a été créé il y a trois ans, à Die, avec l’objectif d’offrir des solutions d’accueil pérennes et viser un horizon d’intégration pour les personnes précaires notamment exilées. Depuis lors, un collectif étroit mais très investi a œuvré pour proposer un accompagnement le plus digne possible à des personnes accueillies sur la base d’un engagement réciproque qui peut durer plusieurs années. Actuellement 8 compagnon.ne.s sont présents dans l’association. Nous continuons ponctuellement à soutenir certain.ne.s qui ont fait partie un moment de l’association et ont construit des solutions d’insertion mais qui ont parfois besoin d’un conseil, un appui.

    Les leviers publics sont inexistants. Il y a zéro financement d’État pour ce public « sans-papiers » qui est supposé rester invisible ou ne pas exister. L’association dispose certes de l’agrément OACAS délivré par la DEETS (et non la préfecture, tâchez de mieux vous informer, car le reste de l’article est aussi farci d’erreurs !) mais nous avons l’injonction de trouver nos ressources propres pour accompagner les personnes. L’intérêt de cet agrément est qu’il propose une place et un parcours d’insertion à ces personnes "sans papiers". En fait, c’est même le seul cadre légal qui reconnait ces personnes. En outre, au bout de trois ans dans la structure, les personnes peuvent demander un titre de séjour, c’est-à-dire une régularisation, soumise à l’approbation discrétionnaire du préfet.

    L’agrément OACAS repose sur trois piliers que fournit l’association actuellement : un hébergement digne (chambre en appartement de trois places), un accompagnement (social et juridique), et des activités solidaires (restauration et espace vert). Il est clair que la définition de l’OACAS dans l’article de loi porte en elle-même ses limites : l’ambivalence est posée ; proposer une activité/un travail qui ne dépend pas du code du travail. Nous nous débattons chaque jour avec cela ; pour construire en interne un cadre décent et sécurisant pour les personnes.

    Une indemnité d’appartenance à l’organisme peut aussi être versée. C’est ce que nous proposons, sur la base des fonds que nous levons.

    On pourrait détailler dans une rencontre dédiée sur l’OACAS, ses atouts et ses limites, et le fonctionnement de notre association.

    Aussi à la lecture de votre article, nous sommes tout à fait interloqués et choqués.

    Pourquoi ne pas nous avoir questionner et avoir choisi d’essayer de torpiller le projet d’accueil de l’association avec des propos diffamatoires ? Il suffirait de venir nous rencontrer pour avoir réponse aux questions posées. Mais personne ne nous a contacté.

    En outre cela nuit directement aux personnes accueillies : L’énergie perdu dans ces échanges n’est pas disponible pour les personnes concernées.

    Vous laissez entendre en creux que nous cherchons à nuire par malveillance : c’est une allégation grave. C’est même un peu effrayant d’instrumentaliser la situation individuelle que vous évoquez pour s’attaquer à une association qui s’engage quotidiennement pour soutenir et accompagner pas à pas les personnes précaires dans un chemin de dignité.

    Allons, essayons de rester digne nous aussi et de nous élever un peu.

    Il serait vraiment plus pertinent et percutant de réfléchir ensemble à comment s’organiser pour proposer des solutions intéressantes et décentes aux personnes qui vivent ces situations d’exil et de vulnérabilité. Et c’est ce à quoi nous travaillons. Si vous avez de l’énergie à dépenser, vous pouvez vous impliquer dans l’association et améliorer son action. Nous serons ravis de partager des échanges et de profiter de votre participation pour avancer ensemble sur des propositions concrètes pour les personnes concernées.

    Ainsi on vous invite à venir nous rencontrer, nous questionner, et participer pourquoi pas. Nos coordonnées sont accessibles sur notre site internet. Notre porte est ouverte pour échanger en transparence. Mais prenons rendez-vous ; nos emplois du temps débordent et nous avons peu d’heures perdues ; nous privilégions notre temps auprès du public accueilli.

    A bientôt alors,

    Le CA de La Trame

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