Jacquouille la Fripouille

Ca m’en touche une sans faire bouger l’autre

mardi 1er octobre 2019, par Etienne.

Transformer le pet d’un pinçon en grondement de tonnerre : les medias de masse en ont le pouvoir. Ces jours derniers, ils déversèrent jusqu’à plus soif des hectolitres de dithyrambes courtisanes à la mémoire de Jacques Chirac et au déshonneur de l’éthique journalistique..

Causait-on dans la rue, chez le coiffeur, au café du châtelain de Bity ? Parlait-on de d’un engouement populaire ou juste de l’amplification de quelques interviews choisies ? Aux terrasses, dans la rue, nada, que tchic : personne ne cause de Chirac.

Seule la boboïtude médiatique parisienne s’imagine que les gens pleurent Jacquouille la fripouille. Les deux mondes se fréquentent, il est vrai que : Ali Baddou, de France Inter, ne fut-il pas le petit ami de Mazarine Pingeot ? Les exemples sont légion.

Jacques Chirac, mal élu, accueillit avec le plus grand mépris cette large partie du peuple français qui l’avait désigné par défaut pour éviter le pire. Il ne tint aucun compte de leur avis, n’infléchit nullement sa politique.
Chirac était un homme sans vision, peu porté sur le travail, doué de qualités humaines remarquables. Maquignon de souche, il savait que les paroles importent plus que les actes. Il excella dans un système politique intrinsèquement populiste, la Ve république, où la sanction populaire est rare et sans portée.

Grand écart

« La maison brûle et nous regardons ailleurs »… « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ». Il nous laisse - avec nos sous - un musée des Arts premiers. Chacun son truc : qui une pyramide, qui un Versailles, qui une Très grande bibliothèque, qui un EHPAD, l’autre un centre aquatique.
Nos impôts, notre sueur qui ont construit ce musée, auront-elles au moins été bien employées ?

A deux pas le Musée de l’Homme, créé par l’anthropologue André Leroi Gourhan, véritable livre d’éducation populaire scientifique, aurait pu être refondé, rénové, actualisé.
Jacques a préféré un musée d’objets, un grand cabinet de curiosités, rassemblant les plus beaux et rares objets que proposent les enchères de prestige de par le monde. Un monde de choses, sans contexte, sans arrière plan humain, comme s’ils n’avaient pas été fabriqués par des mains et des esprits vivants. Juste des objets morts, des trophées coloniaux. Aimer les arts premiers, est-ce aimer les peuples premiers ?

Pour la cause de moi

Lors de la course électorale de 2002, Jacques Chirac offrit à toutes les familles natives des jungles de Guyane un poste de télévision, avec l’équipement qui va avec, relais, lignes électriques et toutim (le Canard Enchaîné).

Mesure populiste, non comptée dans les comptes de campagne, mais pire : la télévision, c’est le missionnaire, le prédicateur, le commissaire politique multiplés par dix. Une société et sa culture n’y résiste pas, qui abandonne instantanément des soirées collectives à chanter, raconter, papoter, jouer, graver, ravauder, rapetasser, pour voir capturés par les écrans le regard, l’esprit, les conversations, les mains de chacun par l’écran de tous, ruinant la relation aux autres, à soi, au monde. ,

Une telle rupture est une catastrophe. Nul doute qu’en donnant la télé au peuples aborigènes de Guyane, Jacques Chirac se sera rendu responsable, à quelques années de cela, de suicides, alcoolismes, actes de délinquance : telle est la ribambelle des maux qui accablent usuellement les peuples minoritaires.

Pour quelle cause supérieure Jacques Chirac a-t-il bien pu sacrifier aux frais des Français la culture des peuples premiers de Guyane ? Sinon pour un bénéfice personnel, narcissique, égotique, dans la course à la présidence ?.
Si une seconde, Jacques Chirac avait aimé les peuples premiers plus que les objets premiers, aurait-il admis la disparition de leurs cultures et la misère des survivants ?

Jacques Chirac a déjà un héritier politique, Emmanuel Macron, pas emballé de renoncer à la Montagne d’or, mais qui se découvre jeune et emboite le pas de Greta Thunberg., alors que se précisent, semble-t-il, les projets de construction de deux nouveaux EPR en Normandie.
Ca m’en touche une sans faire bouger l’autre.


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