Pas question de reconnaître le moindre mérite dans la moindre action venant en ce moment de la puissance désinhibée qui se situe de l’autre côté de l’Atlantique. Pas question donc de tenir ces discours ambigus qui glissent de la fausse critique sous couvert de « sidération » à un aveu final pour une certaine « fascination ».
Hier, c’était les 80 ans du crime d’Hiroshima. 80 ans pour oublier l’horrible et repartir dans une course aux nucléaires, militaires comme civils. Autrement dit, 80 ans pour passer de la sidération à la fascination. 80 ans pour dépasser et tenter d’étouffer la « honte prométhéenne » (Günther Anders) - celle de ne pas se sentir à la hauteur des productions inhumaines du « monde de la croissance » - et s’engloutir dans les délires du transhumanisme, de l’IA, qui ne sont que d’autres noms pour désigner « l’obsolescence de l’homme » (Günther Anders).
Car il n’y a vraiment rien de fascinant :
Dans le spectacle et l’usage de la brutalité à l’encontre du faible (le migrant, l’animal, le vivant, la femme, le pauvre...) ;
Dans ces rhétoriques qui systématiquement et sans aucune vergogne pratiquent l’art du renversement moral : les bourreaux pourraient se justifier du droit des victimes, toute résistance serait du terrorisme, l’émancipation serait une ruse de la domination, les agresseurs ne feraient que se défendre ou anticiper une future attaque...
Dans la guerre menée contre la nature et contre tous ceux qui contribuent par leurs pratiques militantes et leurs recherches scientifiques à la respecter ;
Dans le désarroi de tous les commentateurs économiques qui en sont à répéter leur aveu d’ignorance ; car aucun n’est capable de dire ce qui se passe et encore moins ce qui se passera. Et l’économie apparaît dans sa nudité : elle n’est pas une science, juste une politique.
Mais faut-il vraiment s’étonner si à l’époque de la camelote (c’est-à-dire celle de l’obsolescence), ce sont les camelots qui occupent tout le devant de la scène ? Car aujourd’hui, les camelots sont devenus rois pour traiter les citoyens comme des gogos. C’est maltraitance à tous les étages de la politique : dans les rues, aux frontières, dans les entreprises, aux parlements..