On en avait presque perdu l’habitude : la gendarmerie a rendu visite ce jour (2 aout) aux Gilets jaunes du rond-point ... des Gilets jaunes (autrefois connu sous le nom de rond-point de la Croix de Romans). Les pandores semblaient particulièrement intéressés par l’affiche annonçant ces 9 et 10 aout le raout festif des Gilets jaunes à Saillans :
- Qui a collé cette affiche » s’enquiert la maréchaussée ?
- Sais pas
- Vous vous coordonnez ?
- Sais pas
- Quand est-ce que ça va finir ?
- Sais pas
(il est bon dans ces circonstances d’adopter la tactique des Faucheurs volontaires : ne rien savoir, en l’absence d’un avocat, à part sa propre identité.)
Les bleus ont-ils le blues ?
Les gendarmes ont pris soin d’indiquer qu’ils étaient sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur, en précisant que pour leur part ils étaient gentils, mais que d’autres fonctionnaires en bleu pourraient l’être moins (les gendarmes sont des militaires dépendant opérationnellement du Ministère de l’Intérieur).
On s’interroge sur le sens de cette visite et de cette remarque. Les interprétations peuvent être nombreuses : travail routinier de recueil de renseignement, tactique habituelle d’intimidation, ou peut-être message « subliminal » : se pourrait-il que l’unité des forces de gendarmerie soit en train de se fragmenter, comme le montre, côté civil, le syndicat de police VIGI qui s’est démarqué nettement de la politique du tout répressif de l’exécutif. D’autant que E. Macron, en limogeant le général de Villiers, a gravement humilié la Grande Muette, dont la mémoire est longue et l’honneur chatouilleux. Les gendarmes prudents ménageraient-ils l’avenir, au cas où...
Comme le disait Emmanuel Macron – avec lequel, une fois n’est pas coutume, on sera d’accord – le mouvement des Gilets jaunes n’est pas terminé. Il est d’ailleurs douteux qu’il ne le soit jamais si des réponses concrètes et sociales ne sont pas apportées aux revendications de vie digne des Gilets jaunes.
Sans réponses positives, si les autorités continuent à vouloir à tout prix contraindre la France à adopter le chemin mortifère du libéralisme tous azimuts, le pire est à prévoir à terme – quelques semaines, quelques mois, quelques décennies. Occulter la crise des Gilets jaunes, cacher sous la misère sous le tapis ne fera que rendre l’explosion plus brutale et radicale.