Gilets jaunes Paris 24 novembre, un très bon reportage objectif et militant du collectif La Meute

Gilets jaunes : et maintenant, c’est qui les casseurs ?

lundi 26 novembre 2018, par Camille Pierrette.

Voici un excellent reportage publié par le collectif de photographes La Meute sur leur page Facebook concernant la manifestation Gilets jaunes à Paris le samedi 24 novembre 2018. (voir aussi leur site web)

Eteignons nos télés, publions sur les médias libres et/ou amis ou publions nous mêmes via « nos » propres médias.

- Extraits :

Fort·es de leur succès, les « Gilets Jaunes » ont aussitôt appelé à une journée de mobilisation le samedi suivant, tuant dans l’oeuf toute idée d’un mouvement éphémère. Durant toute la semaine qui a suivi, du petit matin au bout de la nuit, sans relâche, des barricades ont tenu aux quatre coins du pays. La mobilisation prenant un accent plus prononcé politiquement, causant par endroits une pénurie de carburant à des fins de blocage économique, ou à l’image des nombreuses fédérations syndicales locales se mettant massivement en grève aux côtés des « Gilets Jaunes ». On peut citer l’exemple relayé et couvert par les camarades d’A l’Ouest à Tourville, près de Rouen.
Certains secteurs ouvriers, comme les dockers à Marseille ou à Saint-Nazaire, sont d’ailleurs bien connus pour leurs aspirations à une révolution sociale effective. Leur impact sur les « Gilets Jaunes » est notoire, à l’image de cet appel de Saint-Nazaire à occuper les lieux du pouvoir exécutif pour y organiser des assemblées.

Photo de La Meute, Paris 24 novembre, gilets jaunes

la chose la plus frappante sur ce qui s’est passé sur les Champs, c’est le décalage entre le chiffre annoncé - 5000 personnes, puis 8000 - et la réalité observée. Comment un secteur censé être bouclé - car interdit, puisque la manifestation devait se dérouler sur le Champ de Mars aux pieds de la Tour Eiffel - a pu être envahi de cette façon s’il n’y avait que 8000 personnes ?
Car les faits sont là, si les Champs-Élysées étaient bien noir et jaune de monde, que dire des rues adjacentes ? Perpendiculaires ? Parallèles ? Que dire des abords de la Madeleine ? Et pourquoi la fermeture de 13 stations de métro n’a pas suffi à endiguer l’afflux massif de « Gilets Jaunes » ? Parce que, sans aucune contestation de ce fait possible, il y avait plus de monde que la fois dernière.

Premièrement, il y avait finalement très peu de Parisien·nes, voire de Francilien·nes lorsque l’on compare à la journée du 17. Et la catégorie sociale de celleux-ci a fini de confirmer ce que nous avancions déjà la semaine dernière. Celles et ceux de Région Parisienne qui sont venu·es sur les Champs étaient essentiellement des travailleur·euses précaires, des gens des quartiers populaires périphériques, smicard·es ou chômeur·euses. Beaucoup de personnes racisé·es, ayant répondu à l’appel à former un « Front Antiraciste des Gilets Jaunes ». Sur toutes les lèvres, un refus catégorique d’être assimilé·es à « l’ultradroite » que Castaner venait d’instrumentaliser sur BFMTV. Pour ces personnes-là, la question de la violence n’était absolument pas problématique, elle se posait légitimement, et s’exécutait en toute logique.

La plupart de l’extrême-droite observée s’amassait autour des caméras de télévision, cherchant à s’exprimer au nom du mouvement. Il y avait également des petits groupes clairement identifiés, mais qui ne participaient pas au gros de la révolte sur l’Avenue des Champs-Élysées, mais restaient en retrait dans les rues parallèles. Au contraire, il faut se rendre à l’évidence que les éléments plus apparentés « gauchistes » ont eu bien plus de facilités à s’assumer tel quel et à l’afficher (drapeaux anarchistes, guévaristes, références à mai 68 qui n’est certainement pas le domaine de l’extrême-droite, tags anticapitalistes etc…).
Quant à la répétition à outrance de la Marseillaise, la critique aveugle de nos milieux envers les « Gilets Jaunes » est définitivement déconnectée de certaines réalités. Les chercheur·euses en Histoire Sociale et des Mouvements Sociaux, de Michelle Zancarini-Fournel à Danièle Tartakowsky, ont assez démontré la place de cet hymne dans les imaginaires révolutionnaires et progressistes. La Marseillaise, que ça nous plaise ou non, évoque tant la barricade que la destitution d’un pouvoir usurpé pour celles et ceux qui n’ont plus la culture syndicale ou partisane d’il y a 50 ans.

Photo de La Meute, Paris 24 novembre, gilets jaunes

La stratégie des « Gilets Jaunes », cherchant à se rapprocher de l’Élysée encerclé par la police, aura été d’édifier d’immenses barricades allant d’1m50 à 2m et d’y mettre le feu, pour forcer la police à venir l’éteindre avec ses 2 camions à eau. Les camions à eau n’avançant jamais sans la mobilisation d’une compagnie pour les protéger sur leurs flancs, toute une partie de la police était forcée de s’avancer sur l’avenue, du bas vers le haut d’un côté, du haut vers le bas de l’autre. Toute synchronisation des opérations de police était rendue impossible par la combativité des « Gilets Jaunes » qui, à des degrés divers, cherchaient à défendre ces barricades. Allant jusqu’à charger elleux-mêmes la police.

Nous devons nous prémunir de la mauvaise foi opposant les manifestations des luttes sociales comme l’antisexisme, l’antiracisme, la lutte contre la LGBT-phobie, et l’expression du « ras-le-bol généralisé » des « Gilets Jaunes ». Cela relève d’une compétition malsaine dont les médias dominants sont tributaires, qui consiste en la confrontation des chiffres des différentes préfectures pour dire qu’il y avait plus de monde à telle manifestation, plutôt qu’à celle-ci. Depuis quand nous soucions-nous des chiffres ? Et plus encore, depuis quand leur accordons-nous un tel crédit ? Et si nous nous réjouissions plutôt du fait que, pour une fois, on parle dans les médias de la question sociale, de l’extrême précarité, de l’antisexisme radical et intersectionnel, contrairement au « terrorisme » et à « l’immigration clandestine » réchauffés tous les soirs au JT de 20H ?

Et si une solution envisageable aux problèmes récurrents dans le mouvement des « Gilets Jaunes » résidait dans notre capacité, le 1er décembre, à multiplier les manifestations, les points de tension, les discours et les fronts, qu’ils soient prétendument « apolitiques », syndicaux ou autonomes ?

- L’article en entier avec photos sur facebook La Meute


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