Après les injures antisémites déversées contre M. Finkelkraut, il est question de faire de l’anti-sionisme un délit. Autant dire qu’il ne resterait plus rien de la démocratie française. Plus rien de la liberté d’opinion.
L’antisémitisme est un racisme : à ce titre inacceptable. L’anti-sionisme est une position politique. Son expression est libre et garantie par la constitution. L’hébraïsme est une religion. Le sionisme, une orientation politique. Question : il existe des Juifs anti-sionistes. Faudra-t-il les condamner ? Faudra-t-il les déporter ?
Autre question : les Français s’étant engagés aux côtés de Daech sont à juste raison poursuivis. Mais alors, faut-il aussi poursuivre les Juifs de France pratiquant l’allia (retour en Israël). En s’installant sur les rives du Jourdain, ils contribuent à nourrir le conflit israélo-palestinien et au-delà à entretenir l’instabilité moyen orientale et par contrecoup le terrorisme.
Aujourd’hui, les medias de Panurge s’en donnent à cœur joie : les Gilets jaunes seraient anti-sémites. Ca bêle en masse et à tout va sur les radios et les chaînes d’information, sans le moindre recul, dans un écœurant confusionnisme d’amalgames et d’approximations indignes du journalisme. Médias à la solde d’intérêts privés qui confirment une fois de plus qu’ils constituent, à part quelques salubres exceptions, un danger pour la démocratie,
Il est douteux que nombre de nos compatriotes de religion hébraïque voit d’un œil réjoui cette volonté de mélanger religion, « race », et opinions politiques. Ils sont d’abord, avant toute considération religieuse, nos compatriotes. Ceux-là auront tout à souffrir des conséquences de l’hystérie médiatique et de l’assimilation autoritaire de leur foi à une position politique. Plutôt que de jeter de l’huile sur le feu, plutôt que de faire le jeu d’une poignée d’extrémistes racistes et anti-sémites – qui ne demandaient pas tant de publicité - les autorités feraient bien mieux de traiter la question au fond. Les extrémistes croissent sur le terreau de la misère, du chômage et du délaissement. A moins que, conseillé par Machiavel, on préfère laisser pourrir la situation et désigner des boucs émissaires fort utiles pour détourner l’opinion des enjeux réels et questions véritables.
Boucs émissaires qui bizarrement seraient les Gilets jaunes plus que les racistes anti-sémites. Mais il est à craindre que par retour de flamme, la communauté juive de France devienne un bouc émissaire collatéral. Combien il est dangereux et irresponsable de désigner nos compatriotes juifs comme sémites ou sionistes d’abord, quand ils sont avant tout français, dans un pays qui a su, après d’amers combats, instaurer une laïcité permettant la cohabitation pacifique de toutes les religions ou agnosticimes. Assimiler antisionisme et antisémitisme, c’est à terme mettre en danger la communauté juive de France.
Plus il vient, plus ce gouvernement apparaît dangereux pour la démocratie. Sa crispation est liée à son incapacité à répondre positivement aux besoins du pays, aux illusions qu’il nourrit quant à la désirabilité de son projet. De cette incapacité, il faut donc craindre dans les mois à venir, un raidissement accru du pouvoir, de plus en plus acculé. Raidissement dont les minorités feront les frais.
Faudra-t-il encore que les Justes se lèvent pour protéger nos compatriotes juifs des excès suscités par des médias irresponsables et des autorités jouant le pire ?
Partout, méfions nous des extrémistes !
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