A présent, il est bien connu qu’il est toujours mieux dire toute la vérité aux enfants, même si ça doit les déranger, plutôt que de leur mentir ou de cacher des choses.
Ce qui vaut pour des questions familiales ou personnelles vaut aussi pour les questions collectives, sociales, environnementales, politiques, etc.
Les enfants sentent les problèmes, les choses qui traînent dans l’air, dans les médias, et ils seront moins angoissés s’ils peuvent commencer à nommer et à comprendre tout ça que si ça reste flou, mystérieux, fantasmatique.
Les adultes, les parents, les enseignants doivent donc expliquer aux enfants tout ce qui concerne les changements climatiques catastrophiques, l’effondrement probable de cette civilisation industrielle, ainsi que leurs causes, conséquences et les possibles voies de changements ou d’atténuation/adaptation.
Et ce dès le plus jeune âge, à apprécier selon les situations et les enfants.
Les enfants sont capables d’encaisser, plus que nous, les angoisses et les questionnements que ça peut engendrer, d’intégrer ces éléments incontournables de notre présent et de leur futur pour peut être agir et réagir de manière plus adéquate que les générations précédentes.
Il est vain, hypocrite et néfaste de vouloir en faire de petites poupées en sucre qu’on voudrait préserver le plus longtemps possible de la réalité du monde qu’on a fabriqué « pour » eux.
Leur dire les faits connus permettrait peut-être que, une fois adulte :
- ils en veuillent moins aux générations précédentes
- ils soient mieux préparés à ce qui les attend
- ils puissent très tôt agir en conséquence et influencer positivement « le monde des adultes »
Heureusement, de nos jours la réalité du changement climatique catastrophique est davantage expliquée un peu partout, mais comment et dans quel cadre de pensée ?
Ne pas se contenter des discours officiels et des « éco-gestes » individuels
Dire la vérité aux enfants et ados, leur expliquer les faits, les voies de secours, c’est bien, mais lesquels ?
C’est là que ça se complique, car les adultes risquent de répéter des discours trop « timorés », limités par leurs propres peurs/méconnaissances et par les propagandes des Etats, multinationales et médias de masse.
Le risque c’est de leur inculquer, comme ça se fait dans les manuels « jeunesse » standards qu’il suffirait de multiplier les éco-gestes individuels pour s’en tirer : éteindre la lumière, prendre le vélo, débrancher les prises la nuit, fermer le robinet quand on se brosse les dents, etc.
Si ces gestes sont utiles et permettent de s’entraîner, ils sont très très loin de suffire, et la plupart des discours, même ceux destinés aux adultes, ne disent pas les nécessaires et rapides transformations radicales et collectives nécessaires, ne parlent pas de la nécessité d’un changement complet de paradigme et de société, n’évoquent pas les voies de la décroissance volontaire joyeuse et de l’abolition du capitalisme et de son monde.
Ce sont les bases même de cette société qui posent problème et qui nous mènent dans le mur (Croissance infinie dans un monde fini, consommation et marchandisation de tout, course au profit, concurrence, compétition...), ce n’est pas avec quelques économies d’énergie individuelles qu’on va changer ça !
Le capitalisme a besoin de la surconsommation et du gaspillage, la surconsommation et le gaspillage « verdis » restent toujours nuisibles.
Ces éco-gestes servent surtout à se donner bonne conscience et permettent au modèle destructeur en place, expert en greenwashing et en capitalisme « vert », de continuer en nous vendant avec de gros profits des voitures électriques, du « bio » industriel pour les pauvres, du bio local plein air pour les plus riches, des séjours « natures », etc.
Voir articles sur ces thèmes sur Ricochets, et vous en trouverez de nombreux autres ailleurs.
Même si tout le monde n’est pas d’accord avec ça, il serait bon d’exposer aux enfants et aux jeunes les différentes analyses et perspectives existantes, pour ne pas les enfermer dans une seule interprétation de la situation et dans des « solutions » illusoires qui feront mal quand ils constateront que les choses continuent d’empirer malgré ces « éco-gestes ».
Il faut expliquer aux enfants et aux jeunes que cette civilisation industrielle va probablement s’effondrer (avant 2030 évoquent certains), qu’ils ne connaîtront pas le même monde que leurs parents, que les espèces vivantes disparaissent à vitesse grand V, que les animaux qu’ils apprécient dans leurs bouquins et leurs documentaires animaliers n’existeront peut-être plus à la fin du siècle, humains compris, si on continue sur la voie actuelle, etc.
S’ils veulent s’en tirer pas trop mal, il faudrait, comme nous tous, qu’ils envisagent de construire une autre société/économie au lieu de s’abîmer dans la course aux emplois, au pouvoir d’achat, aux possessions matérielles, aux signes extérieurs de « richesse » monétaire, à la propriété privée d’une maison individuelle, à la consommation compensatoire, etc.
Voilà tout ce que pourraient faire/dire des adultes, parents, enseignants responsables s’ils se préoccupent vraiment de l’avenir des plus jeunes.
Au lieu de les maintenir dans l’idéologie du système qui détruit le vivant et des éco-gestes rassurants qui évitent de se poser les vraies questions sociales, économiques et politiques, dites-leur les faits, toutes les vérités, toutes les analyses plausibles. Ils auront vite les moyens de faire le tri et de voir ce qui leur paraît le plus juste.