Les crises économiques sont en général prévisibles, annoncées par de multiples indicateurs, comme par exemple une décorrélation entre la valeur de l’action – le prix qu’un acheteur est prêt à payer pour acquérir une partie de la propriété de l’entreprise – et la valeur réelle des actifs : immeubles, terrains, usines, stocks, brevets. Pourtant, bien que prévisibles, les crises économiques se produisent bel et bien. Comment cela est-il possible ? Je posai cette question à l’un de mes professeurs, un énarque : « Par pur panurgisme. Pour ne pas être à la traîne des collègues traders qui pourraient faire mieux que vous. La chute est probable : mais peu importe ; l’essentiel est de chuter tous ensemble ».
La Chine, mère de toutes les peurs
Telle est, à peu de choses près, l’attitude d’Emmanuel Macron, comme celle de la piétaille qui le suit. Accordons-leur toutefois le bénéfice de la sincérité de leurs motifs. Dans les écoles telles l’Ena, on apprend comme un refrain que l’indépendance d’un pays ne peut se garantir que par son autonomie économique et financière. Sans quoi, il est à la merci de ses créditeurs. Cela est juste.
Cela taraude les Macroniens, inquiets de la perte d’indépendance de la France. Certains estiment toutefois que l’intérêt de la France et de son peuple ont peu de chose à voir avec cette préoccupation : au fond, derrière le discours de façade, sont en jeu la position des oligarchies nationales en lutte avec d’autres oligarchies à travers le monde. L’intérêt des peuples a là dedans peu à voir.
La Chine, dans ce contexte, est la mère de toutes les peurs, dont l’oligarchie – les milliardaires du PCC – poursuit une politique d’hégémonie planétaires aux forts relents nationalistes. Pour éviter trop de cauchemars, il est préférable de ne pas trop savoir ce qui se passe en Chine. Cauchemar, car nous sommes objectivement économiquement enfoncés : la Chine construit désormais ses propres avions, hélicoptères ; cultive à grande échelle à grands coups d’OGM, présente sur la toile ses fermes de mille vaches, développe à grands pas les technologies de « l’intelligence » artificielle…Mais cauchemar d’une autre sorte lorsque l’on se plonge par esprit dans le présent, et pire, futur de la Chine : caméras omniprésentes, autorisant la reconnaissance faciale à travers tout le pays, voitures pucées de telles sorte que tous vos déplacements sont connus, note « citoyenne » donnée par des algorithmes, qui prolongent le laogai (camp de rééducation) jusque dans les moindre recoins de la vie.
Tout cela basé sur l’intelligence artificielle, dont la matière première sont le big data, les trillions et trillions d’information collectées sur tout un chacun dans tous les aspects de la vie. L’IA qui n’est guère autre chose que le chemin de fer ou le nucléaire du XXIe siècle, des choix convenant aux oligarchies, dont les positions se trouvent renforcées, mais dont les bénéfices collectifs sont plus que douteux (l’IA permet ainsi de soigner ceux qu’elle rend …massivement malades).
Or, comme le soulignait Cédric Villani, député LREM et mathématicien décoré, la France et l’UE, ne pourront rivaliser que si elles accroissent la collecte de données jusqu’à la taille critique minimale. Autrement dit, pour lutter avec la Chine, il nous faut détruire la démocratie. Pour sauver notre indépendance – ou plutôt celle de nos élites - il faut tuer la planète, exterminer la vie. Sombrer, oui, mais pas tout seuls. Viva la muerte ! -
Voilà le piège dans lequel s’est enfermé Emmanuel Macron, héritier de toutes les tares de l’énarchie, dépourvu d’idées, archaïque en plein jeunesse. Courir après la Chine, c’est courir après le mouton de Panurge. Chuter dans le gouffre, mais pas tout seul, et si possible en tête ! .
La Chine, prototype de la catastrophe
Il existe ainsi une sorte de course de vitesse entre les diverses oligarchies mondiales, souhaitant absolument maintenir leurs positions et profits grâce à l’intelligence artificielle, au big data, aux algorithmes, et d’autre part les peuples et la démocratie, abêties par ces mêmes moyens et le contrôle oligopolistique de la formation de l’opinion et des goûts (médias).
Le monde qui préservera le statut des élites demande que soit supprimée la démocratie, réduite à un artifice formel, et que soit stupéfié le citoyen. Qu’il soit abêti suffisamment rapidement et profondément afin qu’il ne s’oppose pas à ce projet où nulle part n’est représenté sont intérêt.
Singer la Chine pour ne pas mourir n’est pourtant qu’un leurre. Depuis des décennies, le pouvoir chinois repose sur un contrat tacite : grâce à nous, vous vous enrichissez. En contrepartie, vous vous taisez.
Cela tiendra-t-il sur le long terme ? Il y a trente ans, les étudiants chinois qu’on envoyait à l’étranger étaient de pures grosses têtes acharnées au travail. Vingt ans plus tard, on a vu arriver une classe de jeunes chinois intéressé…par la douceur de vivre. Aujourd’hui, il y a même en Chine quelques baba-cool et mêmes des décroissants ! Quant au 996, il soulève de vives critiques parmi les travailleurs. 996 ? Bosser de 9 heures du matin à 9 heures du soir, 6 jours sur 7. La pratique est légalement interdite, mais largement pratiquée, notamment par les sociétés de l’information et des technologies. Le PDG de Badoo (le Google chinois) estimait dans une récente conférence de presse que tel était le prix à payer pour aller vers le futur rayonnant qu’il entrevoit. Mais rayonnant pour qui ? Car les ingénieurs et développeurs chinois n’en peuvent plus : no sleep, no sex, explique l’un d’eux dans les colonnes du South China morning post (Hong kong) ! Les effondrements psychologiques (burnout) sont légion. Une étude chiffre même le coût en termes de santé de ce stakhanovisme high-tech.
Pour couronner le tout, la population chinoise est vieillissante, les taux de croissance ne cessent de s’écraser, et la compétitivité nationale ne cesse de s’éroder. Bientôt le régime ne pourra plus assurer le contrat social. Les jeunes générations – désormais élevées dans un individualisme à l’occidental – se lasseront d’attendre les lendemains qui chantent pour les exiger ici et maintenant ;
Quant à la soutenabilité à long terme des pratiques économiques et écologiques chinoises, elles sont proche de zéro. On a de ce côté du continent peu d’idées de ce peut-être la pollution chinoise, l’empoisonnement des sols, la dégradation des patrimoines génétiques liée à l’utilisation massive d’organismes génétiquement modifiés, la baisse de la fertilité masculine, la transmission transgénérationnelle des tares génétiques chimiquement induites, etc.
Dans quelques années, les jeunes générations chinoises n’en pourront plus de « manger de l’amer », de souffrir en silence. La formation même de la personne est aujourd’hui radicalement différente. Le contraste est extrême entre le chinois des années 80/90 et celui d’aujourd’hui, jusque dans les comportements fins, le sourire, la liberté des gestes et attitudes, la sexualisation générale, qui contrastent si fortement avec la timidité, la passivité, la pruderie traditionnellement valorisées par la sociabilité chinoise.
Vers le gouffre, mais en tête
Face à cette catastrophe en gésine, que nous propose notre président ? De singer la Chine ! De basculer dans le gouffre avec le reste de la planète, ensemble !
Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur des enjeux du présent ni du futur. Comment pourrait-il l’être, lui qui a choisi l’ENA,
Avons-nous besoin d’un second couteau ? Second couteau, E. Macron l’est indéniablement. Car s’il avait d’emblée compris les menaces et enjeux à venir – dès 1975, René Dumont alertait sur la catastrophe à venir - il n’aurait pas en premier lieu choisi l’ENA, école de la médiocrité intellectuelle, du formatage technocratique, de l’indigence philosophique et morale, de l’ambition narcissique. Eût-il été chinois, E. Macron aurait intégré l’Ecole du Parti, exacte contrepartie de l’Ena. Ou bien encore l’université Qinghai, les X Ponts orientaux. Faillite générale des « élites » planétaires, dont l’état auquel ils ont mené le monde, en quelques décennies à peine, est la plus éclatante et terrible preuve. Témoin également de cette médiocrité et de de cet aveuglement, le Conseil de défense environnemental, machin sans moyen ni ambition ni vision établi lors de la récente conférence de presse du président en réponse à la crise – toujours virulent et pas près de s’éteindre – des Gilets jaunes.
Bref, LREM, c’est le progrès…vers le gouffre.
Il convient au surplus de noter la contradiction entre la préoccupation d’autonomie nationale – dont la guerre économique serait la clé – et les discours libéraux extrémistes sur la globalisation économiques, qui rend les économies nationales si étroitement intriquées que la signification même du terme « autonomie nationale » perd tout sens. Globalisation capitaliste qui a vidé de tout sens l’action politique, reléguant les dirigeants politiques au simple rang d’intendants des forces de la finance. Le commerce mondialisé, généralisé serait la racine de la paix. Telle est la doxa, le credo qui règne, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il est temps de changer de registre. La globalisation, désormais, nous mène droit à la troisième guerre mondiale. Partout sur la planète, les budgets militaires sont en hausse.
Dès lors une question se pose : un pays, une nation, un peuple peuvent-ils encore choisir et mener une politique indépendante, choisir leur destin ? La réponse est malheureusement non. A l’exception d’un seul pays, qui au prix de la famine, de l’oppression, maintient, seul face à la dictature financière mondiale et mortifère, sa fierté et son indépendance. A ce simple titre, comme représentant unique d’une espèce disparue – une nation libre de son destin malgré l’adversité – ce petit pays mérite le respect. Car nous, citoyens français, ne sommes plus que des vassaux, et Macron, face aux forces de l’argent, un simple valet !
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