L’agro-industrie est bonne uniquement pour la survie chaotique du capitalisme, et celle des gros lobbies banquiers, chimiques, robotiques, numériques, machiniques et autres qui vont avec.
(plus bas, communiqué important de la Confédération paysanne)
L’agriculture industrielle, en Drôme et ailleurs, est un crime permanent contre le vivant, contre les agriculteurs, contre les peuples, contre l’eau, contre la vie des sols, contre la souveraineté et la sécurité alimentaire.
Les mégabassines sont un des outils symboliques de l’agro-industrie, le maïs industriel toujours cultivé en grande quantité dans des régions devenant de plus en plus arides comme la Drôme (et notamment la Vallée de la Drôme) en est un autre.
En Vallée la Drôme (mêmes questions ailleurs) , pomper l’eau ultra- polluée du Rhône pour irriguer (avec quelles conséquences sanitaires pour la rivière Drôme, pour la réserve des Ramières et sa biodiversité, pour l’eau potable des nappes avoisinantes dont celle d’Allex, pour notre santé et celle des autres vivants ?! - Et puis le débit du Rhône va diminuer...), multiplier les grosses retenues d’eau, irriguer toujours plus même avec du goutte à goutte, augmenter la démographie et le tourisme... ne sont pas des solutions, mais des impasses qui perpétuent un modèle désastreux qui mène tout le monde à la ruine, à commencer par les agriculteurs, y compris ceux adeptes (et ceux prisonniers plus ou moins involontaires) de ce modèle délétère.
- EAU - Drôme et ailleurs : une rupture agricole rapide et profonde est vitale
- L’eau doit être un commun, pas un simple moyen pour la technocratie et le productivisme
Face à ces enjeux ultra-vitaux autour de l’eau et de l’alimentation, impossible de compter sur les élus et sur l’Etat. Même quand, parfois, ils veulent bien faire, ils sont sous la coupe des diktats de l’agro-industrie et de la technocratie qui va avec, de ses circuits financiers et de ses défenseurs qui souvent sont situés à des postes de pouvoir où ils imposent la continuation criminelle du même système.
C’est donc aux habitants, alliés aux paysans déjà engagés dans cette rupture radicale de modèle agricoile ou prêts à le faire, de lutter avec acharnement pour faire valloir le bon sens et la vie contre les industries et pratiques mortifères liés aux impératifs de rentabilité, de concurrence, de croissance et de puissance qui favorisent des pratiques néfastes par rapport à une agriculture locale vivrière qui respecte le vivant et le terroir.
L’eau doit être principalement réservée à la production alimentaire locale respecteuse des humains et des autres vivants, et pas « exportée » via des produits industriels et des transports gourmands en énergies vers d’autres régions ou pour l’étranger.
D’autant que si s’adapter au réchauffement climatique déjà inévitable est indispensable, le plus important souvent oublié reste de stopper tout ce qui cause ce réchaufffement et aussi qui détruit la biosphère directement. Car on ne pourra pas s’adapter indéfiniment aux désastres si on laisse se perpétuer le système social qui les attise, les accélère et les aggrave sans cesse.
Heureusement, changer radicalement et très rapidement (pas en 2050 !) de modèle agricole permet d’agir sur ces deux tableaux.
On ne va pas attendre d’en être au stade de la Californie, de l’Espagne, du Maroc ou de l’Italie du Nord cette année pour agir sérieusement !
Ce sont aussi les modèles alimentaires et de distribution qui doivent changer.
Depuis le temps qu’on parle de produire et consommer local avant tout, il serait temps de créer pour de bon de réelles conditions matérielles et sociales pour que ce soit possible de manière très large, et pas réservé à une minorité plus ou moins aisée du fait des coûts et de l’insuffisance des produits disponibles. Ces niches profitables sont parfaitement intégrées et conformes au modèle capitaliste de l’exploitation de tous les marchés porteurs, tandis que le modèle dévastateur dominant continue.
Sécurité sociale alimentaire, coopératives et magasins de distribution à but non lucratif, productions alimentaires communales, gestion collective réellement démocratique..., des voies intéressantes sont connues et expérimentées de longue date. Il s’agit à présent de sortir urgemment des expérimentations, des jolis discours et plans sur la comète théoriques que les communes et com com adorent, des nombreuses études qui restent sur le papier au fond des armoires.
L’eau et la terre doivent être des communs, elles doivent donc être hors des griffes du marché capitaliste, de la technocratie étatique, de l’appropriation privée, des intérêts de lobbies, de baronnies locales, ou de cliques politiciennes qui en font leur chose.
Le partage, l’équité, la soutenabilité sociale et environnementale, la démocratie directe locale, le respect des sols et des cycles de l’eau doivent être les règles qui remplacent définitivement celles du libre marché, de la centralisation, du règne de la technocratie et du technologisme solutionniste, du « je fais ce que je veux », du chacun pour soi menant à la ruine finale pour tous.
Pour ça il va falloir se battre contre de nombreux intérêts installés, contre de nombreux élus vissés à leur siège qui veulent que rien ne bouge vraiment dans ces domaines.
Pour commencer, exiger et organiser des débats publics approfondis, viser l’interdiction (ou la très forte réduction) de la production de maïs en Drôme dès 2023, qu’il s’agisse de maïs grain (pour l’élevage) ou semence (...pour la production du maïs grain), car on ne peut pas attendre que l’industrie décide d’elle-même de l’arrêter suite aux chutes inévitables de rentabilité malgré les efforts coûteux (en argent public) de renforcement des réserves et de l’irrigation.
Ensuite, prendre le contrôle du SID (Syndicat d’Irrigation Drômois) ? Transformer les CLE (Commission Locale de l’Eau) en de véritables parlements de l’eau (ce qu’elles ne sont pas actuellement) ? Occuper des terres d’agriculteurs persistants à produire du maïs pour l’élevage industriel et y cultiver des plantes pour l’alimentation vivrière locale ? Manifester contre des élevages industriels ? Occuper des terres agricoles communales vouées à l’urbanisation pour en faire du maraîchage et des jardins vivriers ? Squater des bâtiments vides pour en faire des lieux coopératifs associatifs de distribution alimentaire ?
- Drôme : sécheresse historique et assec précoce de la rivière Drôme aval
- Rivière Drôme desséchée le 11 juillet
« Notre Terre mère, militarisée, clôturée, empoisonnée, témoin de la violation systématique des droits fondamentaux, nous exige d’agir. »
Berta Cáceres, militante écologiste et féministe du Honduras, assassinée en 2016 par la milice d’une entreprise privée alors qu’elle luttait contre un projet de barrage et l’accaparement de l’eau au profit d’une minorité.
(post via Contre Attaque)
Avec la Confédération paysanne, vers un autre modèle agricole
Paysans, nous sommes résolument contre les mégabassines - La lutte contre les mégabassines, une lutte contre les agriculteurs ? Surtout pas, assurent des paysans dans cette tribune. Ils appellent à transformer nos pratiques agricoles pour préserver la nature et non l’exploiter.
Ce texte a été écrit par les confédérations paysannes des départements concernés par les
mégabassines (Vendée, Vienne, Deux-Sèvres, Charente) et la Confédération paysanne nationale. 150 associations et collectifs, dont la Confédération paysanne, appellent à une grande manifestation les 29 et 30 octobre à Sainte-Soline (79) pour stopper un énorme chantier de construction de mégabassine. L’action a été interdite par la préfecture mais des rassemblements, légaux, sont toujours prévus.
(...)
Cette privatisation se fait de plus au détriment de notre souveraineté alimentaire. L’eau pompée dans les nappes phréatiques pour les mégabassines est destinée avant tout à l’irrigation du maïs, inadapté à nos régions et cultivé en partie pour être exporté ou vendu aux producteurs d’aliments industriels. Le tout maïs est l’incarnation d’un système absurde écologiquement et économiquement produisant des céréales en quantité pharaonique pour engraisser des animaux d’élevage en bâtiment, dont la part d’herbe dans l’alimentation a été réduite au minimum. Et même si la part de maïs tend à diminuer parmi les surfaces irriguées, c’est au profit d’autres cultures industrielles ou de cultures qui n’étaient pas irriguées auparavant : céréales à pailles, semis arrosés pour faire lever des cultures de printemps, voire du colza à l’automne…
(...)
Face au réchauffement climatique et à la dégradation des conditions de vie sur Terre, nous devons réfléchir à transformer nos pratiques agricoles pour préserver les paysages, l’eau et la nature au lieu de les exploiter jusqu’à épuisement. L’utilisation de l’eau doit être repensée de façon ciblée sur des productions nourricières et locales pourvoyeuses d’emploi, comme le maraîchage. Tout comme la production industrielle de viande : nous devons réorienter nos élevages vers des systèmes vertueux herbagers moins dépendants de l’apport en céréales. En accord avec les capacités de la ressource, le stockage de l’eau pour l’irrigation est possible avec, par exemple, de petites retenues remplies uniquement par ruissellement des eaux de pluie ou à partir des eaux de surface et des rivières en période de crue.
L’argent public doit servir à favoriser ce changement de pratiques et non à sauver un modèle insoutenable.
L’accaparement de l’eau et le type d’exploitation qu’il promeut renforcent encore les processus déjà à l’œuvre d’accaparement des terres et de disparition des petites fermes. Alors qu’il est plus que jamais urgent que les alternatives paysannes se développent, les politiques agricoles ne cessent de favoriser l’agrandissement d’exploitations non transmissibles à des nouveaux installés. À qui vont aller des infrastructures devenues démesurées et inaccessibles financièrement sinon à des industriels ou des investisseurs ?
Les mégabassines ne sont pas un combat entre écologistes, d’un côté, et agriculteurs, de l’autre, mais bien le symbole d’un choix à effectuer entre deux visions de l’agriculture, entre deux futurs possibles pour nos territoires. Notre part dans ce combat, nous la prenons déjà au quotidien par notre pratique paysanne, mais nous savons que le tournant nécessaire ne surviendra pas sans mobilisations larges et déterminées de la société civile.
Voir aussi
- Stop aux mégabassines, l’eau est un commun à défendre - Les mégabassines se multiplient, au grand dam des écologistes qui dénoncent l’accaparement d’un bien commun : l’eau. Les auteurs de cette tribune, élus et collectifs, s’insurgent contre ces cadeaux à l’agro-industrie.
- Mort de Rémi Fraisse : huit ans après, le conflit sur l’eau continue - À Sivens, la contestation contre un projet de barrage n’a pas faibli, depuis la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014. Dans toute la France, ces projets de retenue d’eau sont controversés.
- Si on continue, le monde se réchauffera de 2,8 °C d’ici la fin du siècle, alerte l’ONU
- La bassine de trop - Une invitation à perturber la construction de la plus grande des méga-bassines - 29-30 octobre - Sainte-Soline - Voilà plusieurs semaines que les organisateurs des Soulèvements de la Terre surveillent attentivement le site de construction d’une nouvelle méga-bassine.
Cette fois, et malgré un été aride et rythmé par les incendies, le gouvernement, en bonne entente avec les acteurs de l’agro-industrie, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère : la méga-bassine de Sainte-Soline pèsera 720 000m3, ce qui en fera la plus grande de l’hexagone.
Mais voilà : un chantier, ça peut tout à fait s’arrêter. Si vous avez une dent contre l’accaparement des terres, l’Etat, les conglomérats de l’agro-industrie, ou bien que vous ressentez simplement l’envie de vous mesurer à leurs tractopelles, cette invitation pourrait vous plaire. Nous en tout cas, on essaiera d’y être. - Crest : coupure d’eau intempestive aux Jardins familiaux vivriers de Crest depuis le 8 juillet ! - Ces jardins ont été privés d’arrosage en pleine production par le SID (Syndicat d’Irrigation Drômois)
- L’eau vitale, la liberté et la nature OU la perfusion marchande du techno-monde capitaliste poison ? - Drôme et ailleurs : forte chaleur et sécheresse installée, manque d’eau chronique
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