(un post sur FB :) Les réactions suscitées par l’incendie ayant détruit une bonne partie du mondialement célèbre monument parisien de Notre-Dame-de-Paris révèlent relativement bien le caractère anthropocentrique de notre culture.
Dans une perspective biocentriste, Paul Watson comparait en 2015, dans Earth Force, les séquoias californiens – menacés d’abattage et effectivement abattus en masse – à des cathédrales. Le rapport que nous avons à leur destruction est alors tout autre, et celui que nous pouvons avoir à celui des monuments de la culture anthropocentrique l’est tout autant. Une refondation de ce qui est sacré pour nous et de ce qui ne l’est pas, de notre place au sein du monde vivant et de celle au sein de la société industrielle est nécessaire pour penser, agir, vivre différemment. Plutôt que de rebâtir ce monument il serait plus urgent de construire un autre rapport au monde et les sociétés qui en découlent, objectif qui passe nécessairement par rendre obsolète ce qui est.
- Séquoia cathédrale
Voici le passage en question, que vous pouvez trouver en audio dans la conférence « Écologie : maintenant il faut se battre » organisée par Repoterre en 2018.
« La culture anthropocentrique a appris à la plupart d’entre nous à considérer ses propres croyances comme sacrées. Ainsi, on considère comme blasphématoire de cracher sur la Pierre noire de La Mecque, de détruire le mur des Lamentations à Jérusalem, ou encore de dégrader une statue au Vatican. Si quelqu’un venait à commettre l’une de ces choses, son sort serait rapidement et violemment réglé, et une partie de la société anthropocentrique applaudirait sa punition.
Pourtant, lorsque des bûcherons s’attaquent au caractère sacré de ce qu’il reste des forêts de séquoias en Californie, lorsqu’ils dégradent les cathédrales du monde naturel, les mouvements écologistes ne peuvent réagir qu’en lançant des pétitions, en écrivant des lettres ou en envoyant des signes de protestation.
Si, selon nous, les forêts de séquoias sont sacrées, alors nous devons considérer leur destruction comme blasphématoire, et le cas des destructeurs doit être tout aussi rapidement et violemment réglé.
Pour un éco-guerrier, un séquoia est plus sacré qu’une icône religieuse, une espèce d’oiseau ou de papillon est plus précieuse que les bijoux de la couronne d’une nation, et la survie d’une espèce de cactus est plus importante que la conservation de monuments conçus par l’homme, tels que les pyramides. La rage inspirée par ceux qui violent ou attaquent ce qui est sacré doit être canalisée par l’éco-guerrier au travers de la discipline.
Les ennemis de la Terre peuvent uniquement être vaincus par une opposition qui emploie des stratégies et des tactiques plus efficaces. Grâce à ces dernières, la supériorité numérique et la technologie peuvent toujours être battues.
Dans la société anthropocentrique, ceux qui réclament la destruction des créations humaines ou les détruisent sont toujours jugés très durement. Si vous utilisez la technique du sabotage écologique sur un bulldozer, on vous traitera de vandale. Cloutez un arbre, on vous appellera terroriste. Libérez un coyote d’un piège, on vous qualifiera de voleur.
Pourtant, si des humains détruisent les merveilles de la création, la beauté du monde naturel, la société anthropocentrique appelle ces personnes des bûcherons, des mineurs, des promoteurs immobiliers, des ingénieurs et des hommes d’affaires. »