Zone périphérique, rurale, pauvre, aux services publics qui ferment, la vallée de la Drôme est un condensé des raisons de la colère des Gilets jaunes. Et la lutte, explique notre chroniqueuse, n’a pas hésité à nommer les responsables du désastre.
C’est une politicienne, mais malgré tout une des rares qui est à peu près lucide et proche des gens, et qui se bouge.
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Extrait :
Alors, comme ailleurs, le long de la vallée des ronds-points ont été occupés, comme à Crest, un dépôt pétrolier bloqué près de Valence, des Gilets jaunes embarqués. Comme ailleurs, la marche pour le climat du 8 décembre a été interdite, et l’interdiction bravée. J’étais à Marseille pour ces marches, mais Valence — notre « grande » ville au bout de la vallée — a réuni des Gilets jaunes, des lycéens et des militants écolos. Dans ses rues, ils ont nommé des responsables du désastre : Monsanto, Total, Vinci, Eiffage, Intermarché, Carrefour, Auchan, Zara… Un texte a été lu, qui disait : « Les vrais pollueurs sont aussi les vrais exploiteurs. Ceux qui pillent les ressources, de la Terre et des gens, ceux qui exploitent les gisements et les travailleurs, ceux qui détruisent toutes les diversités, qui assèchent les sols et affament les populations. Qui ferment les petites gares non rentables et ne veulent plus qu’on prenne la voiture, qui éloignent les hôpitaux et voudraient qu’on économise sur les trajets en ambulance. »
On y est. L’exploitation capitaliste qui s’exerce sur les êtres humains comme sur les écosystèmes, le pillage généralisé, les politiques libérales et l’austérité, la question de la voiture, de la précarité, la disparition du train et des services publics que les impôts sont censés financer : tout est lié. C’est flagrant dans notre vallée, et il semblerait que ça commence à infuser.