Contribution à l’Atelier/discussion sur la legitime/illegalite violence/non-violence pacifisme/actions collectives

https://www.ricochets.cc/Atelier-discussion-legitime-illegalite-violence-non-violence-pacifisme-actions-collectives.html

mercredi 8 mai 2019, par janek.

Texte de Jean Claude Besson Girard

Qu’est-ce que la violence ?

Définition la plus simple : La violence est un acte de destruction physique ou psychique qui peut être dirigé vers des personnes ou vers des choses. Elle a pour but de détruire l’humain et/ou les liens d’humanité entre des êtres. Toute personne qui se sent niée, détruite, chosifiée... par une attitude, une conduite, une parole provenant d’un individu, d’un groupe ou d’une institution est soumise à un acte de violence. La violence, dont les manifestations sont diverses, peut se présenter sous deux formes différentes : 1) les violences symboliques qui détériorent les liens psychiques qui existent entre les êtres humains. Ces liens ne sont pas visibles car ils sont tissés par les rencontres, les échanges et la parole. Ils permettent de se ressentir chacun comme faisant partie de la même espèce humaine et de reconnaître l’autre, à la fois comme semblable à soi et comme différent de soi. 2) les violences qui relèvent des codes juridiques, notamment les violences physiques.
S’interroger sur « les origines de la violence » implique donc un questionnement conjoint à deux niveaux : individuel et général, celui de l’humanité.

Il semble qu’au niveau général des sociétés humaines en évolution, de l’humanité, le lent processus d’humanisation ait été régi par ce que de nombreux anthropologues nomment le principe de réciprocité, compris, entre autres, comme base de la réflexion sur la violence.

En fait il existerait trois formes de réciprocité. Schématiquement , on peut dire que le principe de réciprocité c’est ce qui permet de produire de l’humain : Le principe de réciprocité est à l’origine de la conscience humaine. Il met en jeu le rapport à l’autre, à la fois différent et semblable.

Rappel de définitions générales du concept de conscience :
Du latin conscientia : connaissance partagée avec autrui
Sens psychologique : connaissance, intuition ou sentiment qu’un sujet possède de lui-même, de ses états et de ses actes.
Sens moral : capacité de formuler des jugements moraux sur le bien et le mal.
Le principe de réciprocité peut se décliner en trois formes ou modalités : positive, négative et symétrique, l’une qui va produire l’amitié, l’autre l’inimitié, et une troisième qui relève de la bonne distance avec autrui et de l’équilibre des deux autres et doit logiquement produire le respect mutuel. Mais alors, comment se fait-il que depuis toujours toutes les sociétés à un moment donné s’adonnent à des formes extrêmes de la violence et à des guerres impitoyables,
Je me risque de répondre à cette question relative à un moment donné, à quel moment ? :
Quand l’état d’effondrement de la conscience individuelle permet à une institution, habitée par la réciprocité négative, d’exercer sa domination sans contrôle. Que cette institution relève d’une réciprocité centralisée (de type religieux, voir les guerres de religions) dans laquelle l’intermédiaire commun possède l’autorité et est seul responsable de la justice, où bien qu’elle relève, comme dans la réciprocité généralisée, d’une majorité politique qui, à travers une succession de délégations de pouvoir, s’en remet à des instances de décision tout aussi incontrôlables, la violence extrême et la guerre de tous contre tous n’est pas loin.
Dans toutes les sociétés et sous des formes différentes la violence a existé et existe encore. Historiquement, et grâce à « la culture de la connaissance » qui inclut sans les opposer la raison et la sensibilité, l’émotion, l’art, nombreux sont les peuples (sociétés) qui ont dominé la violence en remplaçant la réciprocité négative par la réciprocité positive. Il y a donc une évolution possible et non pas une fatalité de la violence.

Ceci dit, et pour revenir à notre époque, trois phénomènes sont à prendre en compte et à analyser pour tenter de comprendre les nouveaux visages de la violence :

L’hyper capitalisme, la révolution numérique/quantique, l’Anthropocène.

Le premier est l’absence de réciprocité qui est plutôt le système antagoniste de la réciprocité négative, qui étend ses destructions sur la terre sous prétexte de " rationalité " économique. Ce système mondialisé qu’est l’échange capitaliste, se définit par l’absence de réciprocité ou la réciprocité minimale. L’échange capitaliste aboutit à la guerre économique, il est la guerre économique et il produit la guerre moderne.

Lié au premier, le second phénomène, dont la violence et les ravages en cours sont encore loin d’être considérés pour ce qu’ils sont et entraînent, c’est la révolution numérique/quantique.

Le troisième c’est l’Anthropocène, comparable dans sa consonance même à une nouvelle ère géologique dans laquelle les activités humaines ne cessent de menacer la biosphère sur notre petite planète encore habitable pour notre espèce, mais à quel prix ?
Comme je refuse toute fatalité, je terminerai en disant que s’il y a une issue à notre impasse anthropologique actuelle, je la vois dans les luttes pour l’autonomisation territoriale à de petites et moyennes échelle dans lesquelles tout ce qui nous fait humain peut exister, être défendu et se développer sans contraintes imposées de l’extérieur, car, comme l’a écrit Lucien Ernest Juin, plus connu sous le nom d’Ernest Armand (1872- 1962), ouvrier typographe, « anarchiste individualiste » fondateur en 1945 de la revue L’Unique, et défenseur acharné de la liberté sexuelle.
« Faire violence, c’est faire autorité. Il n’y a pas à sortir de là. Un milieu sans autorité ne peut exister que s’il est accepté volontairement et de bon cœur par ceux qui le constituent ; dès qu’il y a contrainte et obligation il n’y a pas d’anarchie. »

JCBG – 14/09/2016


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