Conférence/débat autour du livre « Egologie, écologie, individualisme et course au bonheur » d’Aude Vidal

lundi 15 janvier 2018, par Stéphane.

Aude Vidal, auteur du livre « Egologie, écologie, individualisme et course au bonheur » (http://www.lemondealenvers.lautre.net/catalogue.html#16) sera présente dans notre région pour une rencontre, le dimanche 21 janvier à 19h au café Andarta de Die et le jeudi 25 janvier à 18h au café associatif l’Oignon à Saillans.

Développement personnel, habitats groupés, jardins partagés... : face au désastre capitaliste, l’écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ».
Mais en considérant la société comme un agrégat d’individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l’écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l’individualisme ?

Voir en ligne : Edition du Monde à l’envers


Forum de l’article

  • Conférence/débat autour du livre « Egologie, écologie, individualisme et course au bonheur » d’Aude Vidal Le 29 janvier 2018 à 11:50, par Etienne

    Je vais apporter ma petite pierre à ce passionnant débat, dont il ne faut pas se cacher qu’il se déroule depuis l’aube de l’humanité, qu’il marque profondément de XXe siècle au travers des utopies que sont le libéralisme, le communisme, et concernent au delà l’ensemble de la palette politique, anarchisme et libertarisme compris : où, entre société et personne, placer le curseur ?

    Il n’y aura probablement jamais de réponse définitive à cette question : l’homme est toujours confronté au tragique de son destin, des réponses à jamais introuvables : « Le danger s’est le un » grommelle l’indien de Clastres, indien dont Clastres nous dit qu’il se trouve écartelé entre la sécurité et la chaleur du groupe, et la surveillance sociale constante.

    Mais voici ma petite pierre. Mon métier - électricien - me permet de rentrer chez les gens et ainsi d’observer leur mode de vie, et de deviner au delà leurs valeurs. Or, je n’ai jamais, oh grand jamais, réduit une installation électrique, bien que ma clientèle soit largement composée d’écolos (plutôt aisée, les écolos pauvres n’ayant pas les moyens).

    Je ne fais jamais qu’accroître les installations électriques. J’ai vu ainsi un logement très grand - et donc demandant beaucoup d’énergie pour son chauffage -, appartenant à un homme riche, c’est à dire pingre, prônant des valeurs de collaboration - pour autant qu’elles lui profitent - et d’écologie.

    Mais sa chambre à coucher ne compte pas moins de douze luminaires ! Pour beaucoup l’écologie se résume à une écologie personnelle, domestique et physique. De dérive en dérive, il paraît normal, même aux écolos, d’avoir 20° partout, même dans les chiottes ! Moi bio, je suis bio, le reste, je m’en lave les mains !

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  • Conférence/débat autour du livre « Egologie, écologie, individualisme et course au bonheur » d’Aude Vidal Le 26 janvier 2018 à 10:48, par Camille Pierrette

    J’ai lu le livre d’Aude Vidal et assisté à sa présentation à Saillans. Ses propos ne sont pas du tout à côté de la plaque, même dans la Vallée.
    Elle ne critique pas l’écologie en soi, mais certaines « dérives ». (peut-être y a-t-il moins de dérives ici qu’ailleurs ?). Comme on est tous imbibée du libéralisme ambiant et son individualisme exacerbé, on peut facilement, si on n’est pas vigilant.e, dériver vers des formes d’engagements et d’alternatives trop centrées sur soi, reproduisant sans forcément le vouloir les diktats de la consommation et des actions non-collectives, ou qui restent enfermées dans certaines classes sociales. D’autant que ces actions sont bien vues et recommandés par certaines ONG bien en cour (soutenue par des multinationales), et même à présent par le gouvernement, ce qui montre bien qu’elles sont récupérables et largement inoffensives.
    On sait bien par exemple que les petits gestes plus ou moins écologiques que l’on va faire chez soi ne permettent pas de changer de société. Ils permettent juste de commencer à s’interroger, à se responsabiliser, à « s’échauffer ». C’est un petit point de départ, mais faudrait vite passer à autre chose, de plus large, plus à la racine et plus collectif.

    Bref, lisez le livre, ça vaut le coup. Pour être plus conscient des risques, et ainsi mieux les éviter.

    Ces risques de dérives individualistes et de reproduction du modèle en place ne sont pas spécifiques à l’écologie, on les retrouve dans tous les courants de pensée. Même si l’écologie peut en être plus facilement imprégnée du fait qu’elle intègre (à raison) plus que d’autres courants les dimensions personnelles, de souci de soi.

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  • Conférence/débat autour du livre « Egologie, écologie, individualisme et course au bonheur » d’Aude Vidal Le 18 janvier 2018 à 13:46, par Paul Breynat

    « Développement personnel, habitats groupés, jardins partagés… : face au désastre capitaliste, l’écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ». Mais en considérant la société comme un agrégat d’individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l’écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l’individualisme ? »
    Voila posées ces vieilles guenilles d’une pensée que l’on pensait aux oubliettes de l’histoire…mais non Aude Vidal ressort cette rengaine de l’individualisme égotique comme fondement de l’Ecologie. En plus d’être fadasse cette rengaine surannée de l’écologie solitaire ne tient pas une seconde à l’analyse tant des démarches collectives sur les territoires (Travail sur les rivières, les décherrries-TRI, les matériauthèques, etc…) que des mouvements écologique actuels ( Notre Dame des Landes, Roybon, Bure, etc…). Ce discours de Aude Vidal emboîte le pas de tous les réactionnaires qui préfèrent dénoncer les copains qui mouillent la chemise au quotidien plutôt que d’attaquer les trusts capitalistes qui détruisent la planète. Facilité et platitudes. Si la démarche individuelle existe elle vient se conforter aux démarches collectives très complémentaires. Et Marie qui fait du Yoga le lundi, stocke du matos pour la ZAD des Chambarans le mardi, fait du Tai-chi le mercredi et part pour Notre Dame des Landes ce jeudi le camion plein de bois, échelles et outils… Sans parler de Vincent qui partant des jardins collectifs et sociaux de l’Aube, fait de la Biodanza avec de magnifiques filles tous les mardis, va au Procès des voleurs de chaises pour dénoncer les paradis fiscaux, marche en solitaire car le Diois est magnifique, et se retrouve dans la Roya afin d’aider les réfugiés qui traversent les Alpes. Et en plus, le comble ils mangent bio, pour leur santé, les paysans du coin et se ravitaillent à la Carline la coopérative locale, éthique et solidaire qui faute depuis 25 ans. L’écologie est bien porteuse de Projets Collectifs, mieux elle est même la seule porteuse d’alternatives collectives. Le discours sur l’individualisme ainsi touche surtout celle qui écrit ce fascicule négationniste, comme une projection de ses propres errances. Heureusement que les pratiques visibles démentent ses allégations obsolètes. Si le capitalisme distille depuis des années ses injonctions consommation–compétition–individualisation, les coller sur les alternatives relève au mieux d’une analyse scabreuse, rudimentaire et grossière, au pire de la mauvaise fois. Ce jour les initiatives écologistes sont si nombreuses que nous pourrions refaire le « catalogue des Roussources » en 4 tomes rien que sur la Biovallée ( encore une démarche collective ). La pessimiste de service Aude Vidal devrait s’interroger sur ses propres capacités à s’engager dans du collectif plutôt que d’écrire des pamphlets contres les militants–mutants qui changent le monde ( les coopérateurs ludiques comme les appelle Patrick Viveret ) . Nous verrons encore au Forum Social Mondial en mars au Brésil si les alternatives sont individuelles ou collectives. Si le monde se dégrade, toujours à grande vitesse, identifions les vrais responsables. Tous les peuples du monde ont des luttes collectives : sauvegarde de la foret en Amazonie, de la pêche au Sénégal, des semences en Inde, des terres mapuches aux coraux australiens…toutes les luttes sont collectives. D’ ailleurs 135 écologistes ont été tués cette année en défendant le planète. Loin du confort des Café aux ennuyeuses certitudes de Grenoble, du Trièves ou de Die. Et demain plutôt que depuis ces 70 ans de destruction inlassable du capitalisme (et du communisme ) où les pseudo révolutions n’ont engendré que des monstres, toutes les initiatives devront marier le plaisir et les luttes. La révolution est quotidienne (Résister c’est créer de Miguel Benasayag) et les partisans du grand soir en seront encore pour leurs petits matins amers et tristes. Dans les mouvements sociaux, les luttes écologiques, les transformation personnelles ou transformation collectives, comme en pédagogie, l’exemple donne envie. Il n’est pas le meilleur moyen de transformer les choses ; il est le seul moyen. Aude Vidal voulait donner une leçon de morale… Elle est, dans la Biovallée, tombée à coté de la plaque. Hors-sol et démentie par tous les alternatives qui fleurissent ici et là… et comme le titre trop bien le festival de Die ce 24 janvier 2018 : « Mieux vivre ensemble …Osons la fraternité ! ». Comme démarche individualiste on peut faire mieux.
    Paul Breynat
    châteauravel chez gmail.com

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    • Conférence/débat autour du livre « Egologie, écologie, individualisme et course au bonheur » d’Aude Vidal Le 18 janvier 2018 à 16:44, par Camille Pierrette

      Je n’ai pas lu le livre de Aude Vidal (je comptais le faire, ou venir à une de ses rencontres), alors je ne peux pas dire si elle déraille, exagère, ou pas.
      On a l’impression qu’elle critique un certain type d’écologie, mais pas tous les courants écologistes ? faut vraiment que je lise le livre ;-)

      En tout cas je constate autour de moi (région de Crest) qu’il existe bien un certain nombre de personnes, se réclamant plus ou moins de l’écologie, qui sont bien davantage préoccupées par leur santé et leur bien être que par de quelconques changements collectifs (surtout les changements collectifs qui pourraient remettre en cause le régime des classes sociales et tout ce qui va avec), et qui ne font rien, ou pas grand chose, dans ce sens là.
      Peut-être que c’est différent dans le Diois, je sais pas, je n’y vis pas.

      Après, quelle est la proportion de cette sorte d’individualisme « écologiste », je sais pas, espérons qu’il reste minoritaire, mais il existe.
      Je remarque aussi qu’il est encouragé par la plupart des discours institutionnels, qui poussent de plus en plus aux petits éco-gestes, mais qui jamais ne parlent des enjeux situés plus à la racine et pouvant un impact nettement plus tangible : choix et modes de productions, démocratie, modes de distribution, Croissance et capitalisme, etc.
      Et du coup, cet sorte d’« individualisme écologique » qui se donne bonne conscience par quelques petits éco-gestes dûment tamponnés par le système en place tend peut-être à se répandre non ?
      Et c’est assez embêtant au regard des catastrophes écologiques et autres qui elles demanderaient plutôt des gros éco-gestes, et des grosses actions collectives diverses.

      Je dirais aussi que ce problème d’individualisme exacerbé, de replis sur soi n’est pas nouveau ni propre au champ écologiste. Ca se voit dans tous les milieux et courants. Et ça a été accentué par la culture dominante du libéralisme et de la consommation qui a tout imprégné depuis des décennies.
      Heureusement, il y a aussi de plus en plus de résistances, comme en miroir à l’accentuation de la pression du moule ultra-capitaliste promu par les gouvernements et les gros médias commerciaux.

      en tout cas, je trouve toujours stimulant de réfléchir à cette question cruciale.

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