- Artificialisation : un tableau de David Myriam - 50x65cm
Vue l’actualité présente, ce poème de 2017 mérite d’être republié :
Dans la rue si animéesur les plages si bondéesdans les bouchons routiersdans la fête si agitéecomme dans un film catastropheles vivants sont à nules victimes en sursiset tous ils s’entêtentcomme dans un film catastropheje vois ici des ruineslà les tempêteset même des ouraganscomme dans un film catastropheje devine les mortsles vautours à la fêteet aussi des survivantscomme dans un film catastropheje lance l’alerte avec les fousje hurle contre les loupsje fulmine dans l’indifférencecomme dans un film catastrophetout continue comme avanton danse au bord du néanton ignore la colère des océanscomme dans un film catastrophele tsunami détruira les mursla pluie noiera les tourset la chaleur tuera la nuitcomme dans un film catastropheles masses seront affoléesles gouvernements faussement désoléset les médias feront la curéecomme dans un film catastropheles affreux méchants seront châtiésles bébés roses seront sauvéset la vérité toujours étoufféecomme dans un film catastropheon sait à l’avance ce qui va mal se passeron continue dans la mauvaise directionon pense que le monde est une simple fictioncomme dans un film catastropheon veut juste s’adapteron veut pas s’attaquer aux causeset les tsunamis grossissentcomme dans un film catastrophele scénario est téléphonéles acteurs sont plutôt mauvaiset pourtant ça marchecomme dans un film catastropheon regarde les écranson recompte l’argentet les murs se rapprochentmais on n’est pas dans un filmpas de héros pour sauver la misepas de goodies à téléchargeret les ruines seront inhabitablesmais on n’est pas dans un filmla chute finale sera bien pire en réalitésauf si on quitte la salle avant la FINsauf si on impose un autre scénario.
David Myriam - 2 septembre 2017
(mai 2022 : nouvelle version, j’ai fait quelques modifications, et ajouté trois strophes vers la fin...)
On est en mai 2022, tout a empiré partout, la France subit une sécheresse après tant d’autres pays, et la plupart regardent le scénario se dérouler comme s’ils n’étaient pas concernés, ou demandent gentiment aux producteurs et financiers (intéressés à ce que le film continue) de modifier quelques lignes du script, de changer un ou deux acteurs, ou quelques tournures de phrases et éléments de vocabulaire.
Mais il faudrait plutôt stopper le film, virer les producteurs, détruire les pellicules et les machines qui le produisent, démonter les projecteurs et les écrans, sortir de la salle obscure, et écrire/vivre d’autres histoires, dehors, à l’air libre.
- CO2 overdose : un tableau de David Myriam