Pour la civilisation industrielle et le capitalisme, ce qui compte d’abord c’est la survie du système machinique et l’augmentation du volume d’argent.
Les humains (surtout les non-riches) et la biosphère ne sont que des variables d’ajustement, des moyens, des marchandises jetables et pressurisables à volonté selon les besoins de la mégamachine.
Ainsi, par exemple, les surmortalités dues aux canicules (dont l’intensité et la fréquence sont dues à la civilisation industrielle) et à la destruction volontaire des hôpitaux sont quantités négligeables pour le système en place, des victimes collatérales passées par pertes et profits.
- Canicules et hôpitaux en rade : le capitalisme a tué en masse cet été 2022
⚕️ SURMORTALITÉ CET ÉTÉ : CANICULE ET EFFONDREMENT DES HÔPITAUX
L’INSEE, l’institut national de statistique français, dresse un constat sans appel : une forte augmentation du nombre de morts cet été en France. Cette hausse de la mortalité au mois de juillet serait « vraisemblablement » liée, selon l’institut, à « la vague de chaleur » survenue à cette période. À savoir une série d’épisodes caniculaires inédits en juin et juillet.
138 522 françaises et français sont morts durant l’été 2022, soit une hausse de 5,7% par rapport à 2021. Dans le détail, 1750 personnes ont perdu la vie en moyenne chaque jour en juillet 2022, contre 1610 le mois précédent. Le 19 juillet, un pic de 2098 morts est enregistré, bien supérieur au chiffre maximal relevé en juillet 2021 – 1777 disparitions. Lorsqu’on remonte aux années précédentes, l’écart est encore plus fort : juillet 2022 a été plus meurtrier de 13% par rapport à juillet 2019.
Même en comparaison avec 2003, année de grande canicule, juillet 2022 se démarque. Il y a 19 ans, lors du tristement célèbre été brûlant et particulièrement meurtrier, il y avait eu 133 069 décès, soit 5000 de moins que cette année. Le plus troublant est la totale indifférence politique autour de ces morts, alors que le coup de chaud de 2022 a frappé plus fort que la canicule de 2003. Les décès de la canicule en 2003 avaient provoqué une crise politique majeure qui avait mis en grande difficulté le gouvernement de Jacques Chirac, et coûté son poste au ministre de la santé. Absolument rien de tout ça sous Macron. Aucune remise en cause. Cela n’a même pas été un sujet.
Autre point d’interrogation : pourquoi l’INSEE et les médias dominants qui relaient ces chiffres « oublient » soigneusement une autre cause de surmortalité : l’effondrement du système de santé français ? Tout l’été, des dizaines de services d’urgence ont été fermés. De nombreux soins n’ont pas pu être assurés, ou pas correctement, faute de moyen et de personnel. Le nombre de lits d’hôpitaux disponibles n’a pas cessé de baisser. Une situation de crise inédite des hôpitaux français. Pourquoi occulter la responsabilité politique évidente de la hausse de la mortalité ?
Car le phénomène ne concerne pas que les personnes âgées comme on pourrait l’imaginer. Pour la première fois depuis la guerre, la mortalité infantile – les enfants décédés avant l’age de 1 an – repart à la hausse en France. Cette remontée a lieu depuis 5 années, sous le mandat Macron. La hausse de la mortalité infantile, qui est un marqueur du niveau de soins d’un pays, touche d’ailleurs spécifiquement la France. Notre pays était dans le peloton de tête des pays ayant la plus faible mortalité infantile de l’Union Européenne à 15. Elle est désormais le pire élève des 15. Précisément sur une période où le système de santé a été sacrifié.
Exemple dramatique cet été. Une femme qui devait accoucher au centre hospitalier de Saint-Denis a été envoyée vers l’hôpital Robert-Debré à Paris, qui a refusé de la prendre en charge faute de sages femmes disponibles. Le bébé est décédé en réanimation à l’hôpital Trousseau à Paris. Selon Mediapart « de nombreuses maternités sont confrontées à une pénurie de personnels, et limitent les inscriptions, abandonnent le suivi de grossesse et sont parfois contraintes de refuser des femmes sur le point d’accoucher. » Cela a coûté la vie à ce nouveau-né.
Les politiques néolibérales tuent, du berceau à la maison de retraite. Les canicules provoquées par le capitalisme risquent d’emporter de plus en plus de vies. Et le système de soin public, que les gouvernements s’acharnent à détruire, ne peut plus assurer ses missions de base. La surmortalité de l’été 2022 en est le symptôme. Contre le règne mortifère du capital, il n’y aura pas d’état d’urgence, de grands discours ou de mesures exceptionnelles. En tout cas, pas sans renversement.
- Canicules et hôpitaux en rade : le capitalisme a tué en masse cet été 2022
LA CANICULE A TUE DES MILLIERS DE PERSONNES EN FRANCE
– 10,9% de surmortalité cet été par rapport à la moyenne, indifférence gouvernementale
Cet été, la canicule n’a pas seulement dévasté l’écosystème, induit des incendies gigantesques et tari l’eau potable. Elle a aussi pris des milliers de vies en France. Dans une indifférence gouvernementale sidérante.
Entre juin et août 2022, le pays a connu « un excès de décès, très vraisemblablement dû en partie à la canicule » selon l’Insee. Si l’on compare avec 2019, 11124 personnes de plus ont perdu la vie l’été dernier. Une hécatombe qui rappelle la dramatique canicule de 2003.
Dans le détail explique Médiapart, 138522 personnes sont mortes entre le 1er juin et le 22 août 2022, un nombre en augmentation de 5,2% par rapport à 2021, +7,3% par rapport à 2020 et +10,9% par rapport à la moyenne 2015-2019. Le journal relève, à l’aide de courbes statistiques, que les trois vagues de chaleur de l’été 2022 sont liées à des pics de mortalité.
Un point aveugle de ces chiffres accablants est la question de l’hôpital public. Tout le monde semble « oublier » le rôle de l’effondrement du système de santé français dans cette surmortalité. Tout l’été, des dizaines de services d’urgence ont été fermés. De nombreux soins n’ont pas pu être assurés, ou pas correctement, faute de moyens et de personnel. Le nombre de lits d’hôpitaux disponibles n’a pas cessé de baisser. Une situation de crise inédite des hôpitaux français, en peine canicule, et après une pandémie. Pourquoi occulter la responsabilité politique évidente de la hausse de la mortalité ?
Le plus spectaculaire est l’absence totale de réaction du gouvernement. 11000 décès supplémentaires cet été et c’est comme s’il ne s’était rien passé. Pas de grands discours. Pas « d’état d’urgence ». Pas de grandes mesures pour protéger les victimes du dérèglement climatique. Pas de moyens supplémentaires. Aucune réaction. Pourtant, même en comparaison avec 2003, année de grande canicule, juillet 2022 se démarque. Il y a 19 ans, lors de l’été qui fut particulièrement meurtrier, il y avait eu 133069 décès, soit 5000 de moins que cette année. Pour rappel, les décès de la canicule en 2003 avaient provoqué une crise politique majeure qui avait mis en grande difficulté le gouvernement de Jacques Chirac et coûté son poste au ministre de la santé. Cela avait également coûté une journée de salaire aux actifs : la journée de solidarité mise en place en 2004, où tout le monde bosse gratuitement pour financer des opérations de solidarité avec les personnes âgées que le gouvernement ne veut pas prendre en charge directement. Absolument rien de tout ça sous Macron. Aucune remise en cause. Cela n’a même pas été un sujet.
Les morts et les dégâts provoqués par le chaos climatique semblent négligeables pour les gouvernants. Ils n’ont aucune intention d’agir contre les ravages du capitalisme sur notre environnement et nos vies. La stratégie est donc de faire comme si tout cela n’existait pas, en faisant semblant de ne pas voir arriver les prochaines crises : canicules, incendies, crises alimentaires et inondations. Qui voleront d’autres vies humaines et animales.
(posts de Contre Attaque)
et aussi :
- La canicule « vraisemblablement » à l’origine de plus de 11 000 décès supplémentaires en France cet été - L’Insee estime que cette surmortalité peut s’expliquer « par la vague de chaleur survenue à la mi-juillet, après un premier épisode de canicule dès la mi-juin ».
- 1er septembre : Strasbourg : un patient décède aux urgences après avoir attendu une vingtaine d’heures sur un brancard
Le capitalisme est un système social abstrait qui se moque des réalités concrètes et besoins essentiels
Le capitalisme est un système social abstrait qui n’est pas du tout basé sur la prise en compte des ressources naturelles finies, sur le bien être des terriens humains et non-humains, sur les décisions démocratiques et collectives des orientations fondamentales. La civilisation industrielle et son productivisme technologisé est basé sur la croissance infinie, sur l’extractivisme forcené. Elle ne peut donc pas fonctionner autrement qu’en accentuant les inégalités, les ravages sociaux, climatiques et environnementaux.
Son prétendu "progrès" n’est qu’un leurre temporaire pour une petite partie de l’humanité dopée au pétrole, obtenu au prix de nombreux ravages et en créant les conditions de catastrophes pires encore pour toute la biosphère.
La civilisation industrielle et le capitalisme sont irrationnels et criminels par nature.
Les morts prématurées et violentes, les catastrophes et les crises ne peuvent donc que s’accentuer tant que la plupart des gens refusent de faire ce qu’il faut pour stopper la civilisation industrielle et se contentent de laisser faire, de compter sur les politiciens/experts ou les quelques activistes trop peu nombreux, ou de souscrire aux illusions de la rendre éthique/verte/soutenable/démocratique par quelque moyen que ce soit.
Ainsi, toutes les personnes qui s’efforcent malgré l’évidence de faire croire que la civilisation industrielle pourrait devenir éthique/verte/soutenable/démocratique sont de dangereux criminels irresponsables et irrationnels.
Idem pour les personnes qui empêchent d’une manière ou d’une autre les vitales actions pour démanteler la civilisation industrielle.
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