Voici quelques analyses à chaud sur le contre G7, la répression, l’invention d’autres formes de lutte...
Contre sommet - G7 et mat ?
Soyons clairs le compte n’y est pas.
On se doutait bien que face à un appareil d’Etat ultra sécuritaire, seule une coagulation massive pouvait instaurer un réel rapport de force.
On savait qu’en tentant de battre le pavé ( l’herbe ou le sable ) sur leur propre terrain, on prenait le risque d’être totalement baillonnés.
Depuis quelques mois les plates formes « anti G7 » s’étaient constituées et nous observions, dubitatifs, mais attentifs, la possibilité d’une échappée belle, une sorte d’union sacrée entre institutions, collectifs de toutes sortes, écolos, gilets jaunes, etc...
Mais poussive et timorée, la locomotive institutionnelle n’aura pas gagné ce pari, c’est un peu la queue entre les jambes qu’elle annulera en cette fin de contre sommet, toutes les actions qui avaient été prévues.
La menace répressive d’un Etat autoritaire n’avait cependant échappé à personne, quadrillage de région, brouillage de réseaux internets, présence de tous moyens techniques et humains pour transformer trois villes en bunkers.
Un gouvernement qui ne privatise pas que le Fouquet’s mais aussi toute une région, et, non accessoirement, tout un pays, est un gouvernement apeuré, qu’il suffirait en s’organisant, de pousser d’une« pichenette » pour le faire tomber ( cf 1er décembre 2018).
Les formes d’actions sont diverses, mais elles devraient désormais avoir pour seul et unique but, en bloquant l’économie, les entreprises, les rues, de mettre un coup de frein fatal à un système capitaliste toxique pour l’humain.
Il est temps pour les institutions de comprendre que ce faux débat sur la « violence » de certains manifestants est insupportable !
Que leur manière de trier les bons et les mauvais manifestants est une logique qu’elles se sont réappropriées du pouvoir lui même.
C’est précisément ce qui a conduit les gens à s’en éloigner.
Et persister dans ces orientations creusera à coup sûr ce fossé, à l’heure où l’union est plus que jamais nécessaire.
Il est urgent de lutter contre l’institutionnalisation des luttes sociales, arme inégalable des systèmes dominants dont la faim de pouvoir est sans fin.
« Lutter contre les inégalités » O moquerie suprême, c’était bel et bien le thème de cette réunion au « sommet » du machiavélisme politique.
- Détruire le sommet par la base
Il n’est plus possible d’accepter des compromis face à l’urgence de l’action concrète et surtout décisive, car c’est bien de concret dont nous avons le désir ardent !
Il ne suffit plus d’écrire SOS sur une plage..., pour faire disparaitre les inégalités, Il faut des ACTES il faut de la créativité de la stratégie, de la concertation et surtout prendre conscience que la situation est réellement grave.
Les subventions gouvernementales, ou européennes aux organisations diverses, -des syndicats, à l’écologie, en passant par les Droits de l’Homme etc... ,- seront croyons le bien, supprimées, au bon vouloir des puissants, quand ils auront atteint leur but et n’en auront plus besoin.
Chapeau bas à tous les militants sincères qui auront rendu ce contre sommet vivant, qui auront donné de leur temps et de leur argent personnel, pour faire vivre cet évènement et surtout continuer à tisser les liens dont nous aurons besoin dans les mois à venir.
Parce que nous serons présents jusqu’à la victoire.
Ci dessous l’excellent bilan de ce contre sommet de Nantes Révoltée :
G7 : L’ORDRE RÈGNE AU PAYS BASQUE
« Police partout, contre-sommet nulle part » ?
Dimanche 25 août, au milieu de rues désertes du pays Basque. Dans un paysage de mort, un petit cortège avance à travers la ville d’Hendaye et le Centre de Rétention, transformé pour l’occasion en centre de garde à vue géant où sont enfermés les opposants au G7. Le cortège est encerclé, étouffé même, par des centaines et des centaines de policiers de toutes les unités imaginables. Il y a même deux hélicoptère et un drone qui survolent les quelques dizaines de personnes qui improvisent cette marche, pour demander la libération de manifestants arrêtés la veille. Auparavant toute personne sortant du campement des opposants dans le but de se rendre à cette marche a été contrôlée et minutieusement fouillée. Une participante, l’air triste, souffle : « c’est le pire contre-sommet de l’histoire ». Retour sur ces dernières journées aux alentours de Biarritz :
ÉTAT POLICIER. Le dispositif répressif est, comme annoncé depuis des jours dans les médias, complètement délirant. Les mots manquent pour le décrire. Pourtant, la France est déjà un laboratoire du maintien de l’ordre depuis des années. Il y a eu les manifestations interdites. Les dizaines de mutilés. Les morts. Il y a eu ce 1er mai, empêché par un déluge de gaz, et des charges contre les syndicalistes. Du jamais vu. Il y a eu les peines de prison, l’antiterrorisme contre des opposants. Les dizaines de milliers de munitions tirées. Il y a déjà eu tout cela. Mais ce G7 dépasse l’entendement. 20 000 policiers. Des centaines de voltigeurs : ces policiers à moto, qui chassent littéralement les opposants. 5, 6, 10 contrôles simplement pour avancer entre deux rues. Les journalistes retenus, et parfois mis en garde à vue. Le matériel confisqué. Des manifestants en cellule pour des lunettes ou un foulard. Les observateurs de la LDH ou d’Amnesty International arrêtés. Trois jeunes allemands emprisonnés car fichés comme « militants ». Les avocats menacés. Les hélicoptères, les drones, les espions... Les précédents sommets – Hambourg, Gênes, Seattle ... – étaient évidemment déjà des démonstrations sécuritaires. Mais il était encore possible de défiler dans la ville concernée, ou aux abords immédiats. Dans la France de 2019, c’est littéralement impensable. Toute une région sous cloche. Notre pays est arrivée aux confins de ce qu’un régime « démocratique » peut déployer en terme d’Etat policier. Quelle sera la suite ?
VILLES FANTOMATIQUES. Jusqu’à présent, les puissants se contentaient de boucler quelques quartiers d’une grande ville pour se réunir. Ce G7 en France les surpasse : Macron privatise non pas une, ni deux, mais bien trois villes. Biarritz, Bayonne, Anglet sont totalement militarisées. Trois villes où les libertés fondamentales sont suspendues. Les alentours le sont presque autant. Le paysage y est post-apocalyptique. Les rues sont désertes, les quartiers fantomatiques. Seulement peuplés d’uniformes divers. Et, parfois, quelques opposants apeurés. Presque surpris d’être là, qui se croisent du regard en cherchant un point de rassemblement. Les commerces sont fermés. Recouverts de plaques. Ambiance de désastre sur des kilomètres. Du jamais vu.
MOBILISATIONS. Jeudi et vendredi, des initiatives s’improvisent depuis le camp anti-G7. Une marche féministe. Une charpente qui se déplace. Une manifestation sauvage, qui est violemment réprimée. Le camping gazé, mais la police repoussée. Il y a de la vie, même si les conditions sont rudes. Le temps fort du weekend doit être la manifestation à Hendaye, le samedi matin. 15 000 personnes marchent dans une zone quasiment déserte, à plusieurs dizaines de kilomètres de l’endroit où se réunissent les puissants. L’ambiance ressemble vaguement aux contre-sommets altermondialistes des années 2000, aux kermesses d’il y a 20 ans. Sauf que le nombre de participants est 10 fois moindre. Le défilé s’arrête rapidement. Quelques discours, et c’est fini. Des personnes, parfois venues de loin, sont étonnées, déçues.
Certains décident de manifester à Bayonne l’après-midi. Quelques centaines de manifestants se faufilent, dans une atmosphère terrorisante. Beaucoup ont été contrôlés, fouillés, dépouillés, parfois arrêtés. Former un petit cortège relève de l’exploit miraculeux. Les gaz ne tardent pas. Des grenades explosives font sursauter la foule, où personne n’a la moindre protection. Quelques tensions auront lieu, au milieu d’une grande nasse et de journalistes. Il ne sera possible de sortir que plusieurs heures plus tard, après de longues et nombreuses fouilles.
- G7 : les seuls casseurs sont en costard !!!
IMPUISSANCE. Face à cet état de siège, cette violence brute, ces libertés ouvertement bafouées, quelle est la réaction des organisateurs du « contre-sommet » ? L’annulation des actions prévues le dimanche. Un communiqué tombe le samedi soir, se félicitant de la « réussite » de la mobilisation, et annonçant la « suspension » des prochains rendez-vous. Plus tôt, ces « organisateurs » avaient mis un service d’ordre pour protéger les banques, les policiers et le commissariat.
La « plateforme » a préféré défendre les vitrines que les libertés fondamentales. La planète brule, les États se militarisent, le désastre est partout. Mais les modes d’actions altermondialistes n’auront jamais été aussi ridicules, inoffensifs, dérisoires. Si décalés vis à vis de la situation. Malgré tout, des portraits de Macron, pris dans des mairies, seront exhibés devant des dizaines de journalistes le dimanche matin.
Beaucoup ne comprennent pas. Le « consensus non violent » prôné par les organisateurs n’aura finalement été ni consensuel, ni même « non violent », puisqu’il a laissé libre court à la violence d’État sans réagir. En organisant un défilé parfaitement inoffensif concerté avec les autorités à plusieurs dizaines de kilomètres du sommet, en ne réagissant pas à l’attaque policière injustifiable du campement anti-G7, en annulant les actions prévues, la « plateforme anti-G7 » aura assuré une part du maintien de l’ordre. Le plus grave ? Face aux capitulations répétées, le gouvernement peut se féliciter. Prétendre que son dispositif a fonctionné. Qu’il peut être réutilisé pour mater d’autres contestations. Ces reniements n’ont n’a pas seulement organisé l’impuissance, ils auront légitimé la répression.
IMAGINATION. Qu’est-ce qui a fait défaut ? Sans doute l’imagination. Foncer dans les pièges tendus par les autorités a-t-il encore un sens vu la force de la répression ? Les contre sommets, surtout quand ils n’ont pas l’ambition de déranger les puissants, ont-ils un intérêt ? Le triomphe de la force brute lors de ce G7 ne doit pas nourrir d’amertume, mais amener à réinventer d’autres formes de lutte. Les structures classiques n’ont plus d’imagination depuis longtemps, mais les Gilets Jaunes ont montré que l’intelligence collective pouvait tout changer.
Soyons créatifs, insaisissables, réactifs, joyeux, malins. Soyons là où personne ne s’y attend.
Photos : Pierre Olivier, Rouen dans la rue, Expansive.info, Estelle Ruiz, Stéphane Burlot, Cerveaux non disponibles ...
Et aussi l’article, G7 - EZ Acte 4 : Police Partout, contre-sommet t’es où ? - Où il est question d’altermondialisme, de consensus autoritaire, du bouclage de Bayonne, de désespoir et de confusion.
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