L’Afrique sauve l’Europe, qui appauvrit l’Afrique, qui nourrit l’Europe, qui asservit l’Afrique, qui paye l’Europe, qui continue de piller l’Afrique.
- Afrique, la ronde infernale
- L’Afrique toujours pillée
L’ »assainissement » des économies par les politiques d’ajustement structurel (PAS) imposées par les institutions de Washington s’est fait dans la douleur pendant une bonne trentaine d’années. Ces institutions ont brisé l’Afrique. Heureusement, au début des années 2000, la Banque Mondiale a reconnu s’être trompée et a courageusement publié un communiqué de presse d’environ dix lignes qui annonçait l’abandon de ces plans, en soulignait « les effets négatifs », reconnaissait que la situation du développement humain se dégradait en Afrique et s’excusait des désagréments provoqués auprès des populations des pays qui en avaient été victimes. Entre « désagréments » et « ravages », il y a juste une petite différence sémantique. Mais sur le terrain, l’un ou l’autre de ces qualificatifs correspond à un paysage que l’on peut décrire : des centaines de milliers de morts, des millions de personnes dépouillées, paupérisées, des économies détruites, des secteurs entiers du public passés aux mains de multinationales privées.
On est ensuite passé aux « cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté » (CSLP), initiatives des mêmes instances et qui, du point de vue du résultat, n’avaient rien à envier aux PAS.
L’Amérique offre donc à l’Afrique les politiques géniales de la Banque Mondiale et du FMI.
En échange, l’Afrique donne du pétrole et des minerais
L’Europe n’est pas en reste avec avec ses politiques d’aide au développement. « Les accords de partenariats économiques » (APE) est le nom pudique donné à une initiative permettant aux multinationales européennes de mettre la main sur tout ce qui a de la valeur dans les économies africaines. C’est un implacable instrument de la domination occidentale. Total pour le pétrole, Areva pour l’uranium, Sadiola pour les mines d’or et tant d’autres contribuent à la destruction des communautés rurales, de l’environnement.
L’Afrique, pillée pendant des siècles, a offert, malgré elle, toutes les richesses dont elle regorgeait. Quant à l’énorme dette que le monde riche l’a forcée à contracter et que les institutions financières internationales lui réclament, elle l’a déjà remboursée plusieurs fois.
Ces jours ci, se discute, à l’Assemblée nationale, le projet de loi Darmanin sur l’immigration. L’idée, c’est de renvoyer toujours plus brutalement, ficelés comme des saucissons dans des avions quand ce n’est pas dans des linceuls, les migrants qui fuient cette Afrique que l’Europe a ravagé et ravage encore. Il ne faut surtout pas l’oublier.
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