Avoir 20 ans dans la Corrèze

les aventures de pépito

mercredi 25 avril 2018, par michel galy.

Nous avions bien fini par dégotter une ferme qui ne servait plus qu’à stocker du matériel agricole. Le locataire du moment, approché en toute diplomatie et tenue de travail campagnardes, avait consenti moyennant des coups de mains ponctuels, à nous céder le bail. Son montant peu élevé était indexé sur le prix du blé,- une misère-
En plus ce n’était pas trop loin d’une décharge dont nous projetions , recycleurs avant l’heure, d’exploiter les ressources inépuisables.
Pleins de dynamisme nous avons rénové la belle bâtisse aux goûts de l’époque : poutres apparentes et enduits rustiques intérieurs .Ca tombait bien, nous aurions été bien incapables de faire autrement – c’est fou ce que parfois on peut coller à l’air du temps !-.
Pour le jardin nous avons commencé par planter des salades, des choux et des blettes trop serrées.
Nous avons acheté aussi des canards et des poules qui semblaient se détester. Pour être authentiquement ruraux, nous avons adopté des chiens, encore plus asociaux que nous . Nous avions toutefois renoncé définitivement aux lapins qui avaient eu la mauvaise idée de s’intoxiquer en ne triant pas les quelques herbes mauvaises ramassées par ignorance désinvolte .
Notre enthousiasme devait compenser l’inexpérience. Un jardin, de la volaille et une décharge c’était un écosystème parfait, notre subsistance s’en trouverait désormais assurée quoiqu’il arrive !
D’ailleurs la biodiversité reprenait ses droits et une espèce inconnue de grosses coccinelles, rayées jaune et noir, se développait rapidement sur les plants de pommes de terres.

Il nous fallait aussi entretenir une bonne réputation et rassurer la population des alentours, un tantinet méfiante. Nous avions adopté la stratégie qui consistait à nous lever tôt, faire un tour du village, visibles et remarqués grâce au pot d’échappement de la voiture, puis de remonter discrètement par des chemins détournés et nous recoucher . Il faut dire que nous avions une activité militante prenante et que nous tâchions de mettre nos idées en pratique en défendant vaillamment le DROIT A LA PARESSE. La rumeur cantonale prétendait aussi que nous violions des filles derrière un paravent chinois.
Pure calomnie , le paravent était japonais.

Objets de soins aléatoires mais émus et attentionnés, plantes et cheptel ont prospéré maigrement et tant bien que mal. Nous étions heureux de ces premiers résultats et nous apprenions chaque jour : non, les doryphores ne font pas partie des coccinelles, par exemple.
Les canards, enfin, ceux qui ne s’étaient pas noyés d’épuisement dans le bassin au parois un peu hautes, ont mangé dans un élan végétarien, tous les légumes du jardin non clôturé. Les chiens, renouant écologiquement avec l’instinct naturel ont ensuite dévoré la basse-cour.
Nous ,nous sommes morts de faim et de rire. Jeunes et primesautiers, un rien nous mettait en joie à l’époque- !
Bah, le retour à la nature c’est comme le reste : il faut bien lire le mode d’emploi avant de s’y lancer, et faire la fête quoi qu’il advienne


Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft