Tours. L’assemblée générale des Gilets jaunes appelle à la grève générale

Grève générale ou généralisation de la grève ?

mardi 15 janvier 2019

L’Assemblée générale des Gilets Jaunes du 37 du 11/01/2019 appellent les organisations syndicales du département :

  • à se joindre aux actions des Gilets jaunes,
  • à organiser une grève générale dans les entreprises privées et les services publics,
  • afin de bloquer l’économie et de faire céder Macron et son gouvernement sur ces revendications sociales et démocratiques.

- Source : Tours. L’assemblée générale des Gilets jaunes appelle à la grève générale

En complément sur le sujet, voir ce très bon article : La grève pour respirer - Pas la grève générale des directions syndicales, la généralisation de la grève ! - Une réponse à l’article « Toulouse implose »

Extraits :

Ce qui ne fonctionne plus, ou moins, c’est plutôt la grève générale comme mot d’ordre venu des centrales syndicales et comme mythe moteur au sein de la classe ouvrière. Surtout, la grève générale est aujourd’hui le paradigme de la « bonne intention », de ce que l’on voudrait voir venir pour qu’enfin tout change, et par le bas. Et les bonnes intentions ne suffisent pas ; pire : elles condamnent souvent à l’aveuglement et à un certain retard sur le mouvement réel. Comme ce fut le cas pour une grande partie de la gauche par rapport aux Gilets Jaunes. Déjà, pendant Nuit Debout, une commission « grève générale » avait œuvré pendant des semaines à son déclenchement, en vain.

Reste que cet article propose une version plutôt inédite de la grève - non pas la grève générale mais la généralisation de la grève - selon laquelle « faire grève », au fond, consiste à déserter sa fonction et son identité sociale. Par exemple, chez les lycéens ; « Pour tenir leur mouvement, comment font-ils ? Les lycéens décident de ne plus être lycéens. Ils décident de ne plus se rendre dans les espaces assignés à leur statut de lycéen. [...] Ces lycéens, ils font précisément la grève, ils tiennent des piquets pour empêcher le bahut de tourner et prennent la rue pour aller débrayer les autres lycées et bordéliser le quotidien. »

Tout part de la façon dont ils produisent l’index de l’ancien et du nouveau. Opposer blocage à grève générale n’a pas de sens. Soyons clairs. Nous ne sommes pas attachés à ce mantra démobilisateur de « grève générale ». La « grève générale » appelée par les représentants syndicaux et politiques, c’est la dépossession de notre lutte. Mais comprenez bien que la grève générale pour la CGT, c’est justement le blocage des secteurs clés, énergie et transport. En cela, on peut remarquer que la stratégie des gilets jaunes n’est pas bien différente de celle de la CGT en 2016, elle est par contre plus déterminée, la minorité est plus dense. Au temps premier du mouvement, les blocages sont intervenus sur de multiples lieux, rond point de centre commercial, de péage, de départemental etc. On voyait là une généralisation du blocage plutôt qu’un « blocage général » décidé d’en haut. Après le coup d’éclat du week-end du 17 novembre, les groupes en gilets jaunes ont décidé de se concentrer sur les points « stratégiques », c’est à dire de rationaliser l’activité de blocage, une rationalisation qui prenait le nom de tactique dans le cadre d’une bataille. Cette tactique, c’était ne pas céder le terrain gagner durant la première offensive, et faire le pont avec le samedi suivant.

Ce problème de présence n’est a priori pas lié à une hostilité envers le mouvement. Tout le monde kiffe sauf les gros patrons, les politicards et les journalistes. Mais pour quelles raisons les gens ne viennent pas ? On appelle ça la dépossession de nos capacités d’engagement par le travail. La plupart des gens sur les ronds points font des allers-retours entre chez eux, le boulot, le rond-point. La vie n’est déjà pas facile en temps normal, elle se complique en temps de lutte. Parce qu’il s’agit là d’une lutte séparée. Une lutte qui ne permet pas à ses participants de s’y consacrer corps et flammes. Certains ont trouvé la parade, ils ont posé une semaine de congé, d’autres ont réussi à chopper un arrêt maladie. Mais contrairement à la grève, ces alternatives ne tiennent qu’un temps. Et ils arrivent seuls au rond point. Pourtant, des discussions au boulot, il n’y a que ça. Sur les galères quotidiennes, sur les problèmes de début et de fin de mois, sur la sombre perspective des prochaines années. Mais les auteurs préfèrent laisser le travail dans l’angle mort. Même la contestation de ce travail est vouée aux gémonies.

Parce que ce qu’il se joue en ce moment, c’est précisément la mort par épuisement. Si un mouvement ne grandit pas, il meurt, il est récupéré, il stagne, l’eau se glace et les calculs politiciens cristallisent l’attention. Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule. Si ce n’est pas trop tard, c’est bien de la grève dont il faut parler, seule pratique à faire d’une pierre deux coups : bloquer l’économie et nous libérer du travail ! Pas la grève générale des directions syndicales, la généralisation de la grève !


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