POURQUOI LA SERVITUDE VOLONTAIRE ?!...

Pensées vagabondes...

jeudi 9 janvier 2020, par Vladimir.

Ou pourquoi lisons-nous et entendons-nous « révolution » partout et ne la voyons nulle part ?

Pourquoi ?

Pourquoi acceptons-nous secrètement et malgré nous l’état des choses ?

Pourquoi ne mettons-nous pas en oeuvre ce qui serait nécessaire à un réel, radical changement ? (car « le changement, c’est maintenant », ou jamais... sacré blagueur ce François !...)

2 problématiques me semblent importantes :

1. Notre incapacité individuelle à subvenir à nos besoins et à ceux de notre éventuelle progéniture.

2. Notre usage de la technique (vue là au sens le plus large possible, genre grossièrement comme l’usage de la matière nous environnant).

Aucune réponse ici, mais de confuses bribes de réflexion, qui se verraient heureuses de trouver relais chez qui voudra :

« Il est des esprits timorés qui espèrent vaguement dans une transformation des choses, et qui néanmoins, par un sentiment de peur instinctive, presque physique, veulent, au moins de leur vivant, éviter toute révolution. »
Elisée Reclus.

Commentaire perso :

« des esprits timorés » :

Qui pense sérieusement et honnêtement ne pas en faire partie ?

Qui peut imaginer vivre sans électricité ? Sans pétrole ?...
(ok, révolution n’est pas nécessairement retour aux cavernes - d’autant qu’on n’est jamais sortis de celle de Platon...- mais la question concrète : que veut-on ? que jette-t-on ? que garde-t-on ? que transforme-t-on ? devra bien se poser, si l’on espère un changement radical, non ?!... autrement dit : révolutionner quoi ?!?)

« peur instinctive » :

Quels pourraient-être les fondements de cette peur ?

Me plaisant à croire pertinent de revenir toujours aux réalités de la condition reptilienne de l’homme, je pose la question :

Cette peur actuelle du changement ne viendrait-elle point de ce que nous savons tous, chacun, intimement, que nous sommes aujourd’hui absolument incapables individuellement de subvenir à nos besoins primaires...

[Besoins primaires : disons grossièrement :
- manger
- se vêtir (pour les climats capables de températures trop basses pour la survie d’un corps nu)
- s’abriter (donc organiser son abri, la matière qui le compose et l’entoure)]

...sans grande surface (bouffe), sans les usines chinoises (textile), et sans Leroy Merlin (construction) ?

La technique nous a-t-elle échappé ? dépassés ? aliénés ?

A quel moment, à quelle limite son usage la pervertit-il ?

Pourquoi ?

Il me semble bien que la technique, son usage s’éloignant toujours de nous (vers les usines*, ou « multinationales » actuellement...), finit toujours par trahir son intention première et louable : apporter un mieux-vivre à l’homo (erectus, habilis, ou sapiens) qui en a marre de souffrir, d’avoir froid, faim, de se blesser les pieds, les mains, et qui préférerait bien rester vautré dans son canap’ avec pizza, bière, et éventuellement un petit Surya Namaskar de temps en temps pour purifier tout ça...

Le désir légitime et universel de tout être sensible d’échapper à la souffrance
ne mène-t-il pas l’homo sapiens à sa perte, par son caractère aporétique ?

Notre non-acceptation de la dimension douloureuse de la vie (naissance, maladie, mort...) ne serait-elle pas une des causes et explications fondamentales de notre fuite en avant dans l’impasse de nos consciences, et l’explication du tournage en rond hebdomadaire des GJ et autres révolutionnaires, dont je me revendique volontiers ?

(attention : je ne suis pas en train de dire qu’il faudrait supporter toutes les souffrances en fermant sa gueule. Mais que notre peur viscérale des souffrances intrinsèques à l’existence, auxquelles nous croyons pouvoir échapper par la technique, nous empêche peut-être de remettre sérieusement en cause le système, qui nous protège, nous rassure, nous permet de croire qu’on peut échapper à notre condition d’être sensible, donc sujet à la souffrance...).

Cette peur des souffrances intrinsèques à la vie n’expliquerait-elle pas que notre impotence ne puisse que tirer vers son paroxysme, à savoir la débilité totale (débilité dans tous ses sens possibles : adynamie, asthénie, extrême faiblesse, incapacité, insuffisance, idiotie, ineptie) ?...

*usines : un des premiers effets du 2e article de la merveilleuse saloperie qu’est « la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 », le Droit de Propriété.
C’est-à-dire le droit pour certains de posséder l’outil technique (tautologie, probablement...) d’autres. Autrement dit : le vol, l’appropriation du pouvoir issu de la technique. Qui peut quoi sans machine aujourd’hui ? Qui possède intégralement son outil de travail, sa voiture, son exosquelette ? Qui peut manger, s’habiller et s’abriter avec ses seuls outils de production ?...

Pour un peu de légèreté, relire et repenser la question-titre Pourquoi j’ai mangé mon père, Roy Lewis.

Voir aussi :

H-D. THOREAU : Walden ou la vie dans les bois

René DUMONT : L’Utopie ou la Mort, juste pour se rendre compte que l’on voit le mur depuis un petit moment... c’est mignon !

James C. SCOTT : Homo Domesticus - Une histoire profonde des premiers Etats

Quel sens, cher Camille Pierrette, à tes injonctions tenaces à la Révolution ?
Comment ?
Qui ?
Quel monde ?
Jusqu’où ?

Tes idées sont intéressantes... voir l’idée relayée par Lordon comme quoi les idées n’ont aucun pouvoir intrinsèque (on peut supporter l’idée que « tuer c’est mal » et tranquillement voter pour Hitler, Macron, ou payer quotidiennement sa TVA - impôt direct - qui va dans les poches d’un pouvoir criminel... ce que nous faisons absolument TOUS !), pouvoir qui passerait plutôt par le jeu infini et perpétuel des affects.

Un « merci » perso à Etienne Maillet... un peu de subtilité fait du bien !

V.


Forum de l’article

|

  • POURQUOI LA SERVITUDE VOLONTAIRE ?!... Le 9 janvier 2020 à 21:20, par Vladimir

    ERRATUM, MEA CULPA, TUTTI QUANTI...

    OUPS ! Probablement maladresse(s) de ma part : mon intention n’était absolument pas de casser bêtement du sucre sur M. Pierrette. J’apprécie aussi « ses dénonciations pugnaces des maux qui nous assaillent ». Je me questionnais plutôt sur la capacité de « l’autre », du « collectif », moi compris, de faire fructifier son travail... donc merci aussi M.Pierrette pour ledit travail.

    Etienne : je ne crois absolument pas à une constance suffisante de l’ « effort collectif » pour pouvoir « changer le monde ». J’aimerais beaucoup que ta vision soit bien plus valide que la mienne ! Mais pour ma part (et je pense ne pas être le seul), il n’y a plus de temps ni d’énergie pour errer de désillusion en désillusion !

    Simon :
    Peux-tu expliquer pourquoi l’article défini est de rigueur à propos de LA révolution ?
    En tout cas, je préfère de très loin nourrir ma pensée de questionnements que de réponses définitives, de rigueur.
    Ne peut-on imaginer une révolution (désolé pour le manque de rigueur...) qui ne subirait pas les effets pervers habituels ?
    Évidemment j’oublie une infinité de choses, pas vous ?!...
    En effet le terme de besoins « primaires » était mal choisi, et le besoin de reproduction de l’espèce devrait y apparaître, je pensais plutôt besoins « vitaux », en fait...
    Je serais intéressé d’en savoir plus à propos des « peuples pour qui le désir de révolution n’est pas à l’ordre du jour »... j’imagine bien qu’il y en a une infinité... si tant est que le concept de peuple se réfère à une quelconque réalité... de quoi parlez-vous ?...
    Enfin, si chacun d’entre nous est capable d’intransigeance, d’intolérance et de psychorigidité, celles éventuelles de notre ami Camille me semblent bien candides à coté de celles qui font travailler les gens à coups de fouet, obéir à coups de matraques et crever à coups de médocs.
    Je participe(rais) volontiers à un mouvement social où chaque membre en serait un membre influent... avec Camille, Etienne, Simon, et les 8 milliards autres bêtes étranges qu’on appelle « humains »... il est à inventer, nous pourrions l’appeler « démocratie »... joli mot, non ?!...

    Répondre à ce message

  • POURQUOI LA SERVITUDE VOLONTAIRE ?!... Le 9 janvier 2020 à 20:17, par simon_1

    faire LA révolution .... l’article défini est de rigueur, on ne dit pas « je veux faire UNE révolution. La révolution marxiste-léniniste était destinée à mettre fin à (l’horreur) de l’histoire ; c’est pour cela qu’elle avait une valeur universaliste - tout comme celle de 1789, ou si l’on plonge plus loin, l’apocalypse et la résurrection des corps pour le christianisme. On peut toujours rêver en attendant » les révolutions dévorent leurs enfants" et mènent dans les faits a plus ou moins de dictature -voir Staline - Mao - Pol pot et tant d’autres en Afrique ou ailleurs. Y a de quoi se méfier !!
    Vous semblez en outre oublier les dizaines de peuples pour qui le « désir de révolution » n’est pas à l’ordre du jour. ( ne serait-ce que parce qu’il pratiquent des croyances et des rites qui leur permettent régulièrement « un retour à l’origine » symbolique.
    Pour ce qui est des besoins primitifs vous oubliez celui de se reproduire - l’appropriation voire l’accaparement des ressources a toujours été source de conflits - a part chez de rares chasseurs cueilleurs-
    Sinon , je ne participerais certes pas à un mouvement social qui aurait Camille Pierrette comme membre influent car il est , d’après ses écrits, une personne d’une intransigeance, d’une intolérance et d’une psychorigidité inouïes

    Répondre à ce message

  • POURQUOI LA SERVITUDE VOLONTAIRE ?!... Le 9 janvier 2020 à 11:28, par Etienne

    Bonjour Vladimir,

    Merci de ton compliment. J’apprécie beaucoup Camille Pierrette et ses dénonciations pugnaces des maux qui nous assaillent. Ensuite, chacun ses défaut, chacun ses qualités. Changer le monde ne peut-être une aventure personnelle. Ce ne peut-être qu’un effort collectif. En ce sens, merci de ta contribution.

    Répondre à ce message

|

Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft