Ni blanche ni noir

lundi 8 janvier 2018, par David Myriam.

Ni un homme, ni un fils, je cherche à être humain.
Ni une femme, ni une fille, je veux avoir le monde pour parents.
Ni une femme ni un homme, je veux être une fleur éphémère, un bouquet parfumé qui renaît chaque jour et dresse ses sexes entremêlés vers le ciel.
Je ne serai pas un homme, de ceux qui piétinent les autres, de ceux qui refusent d’être une femme.
Ni une femme ni un homme, je veux courir comme un fou sous la pluie et le soir danser nue sous la lune.
Sensuelle et rebelle à la fois, je ne veux pas de cases pour m’enfermer avec vous, pas de phrases pour m’empêcher d’être folle.
Ni un homme, ni de ceux qui éventrent et assassinent.
Ni une femme, ni de celles qui mentent et emprisonnent.
Ni esclave ni maître, je ne porterai pas vos chaînes et je ne fermerai pas les cadenas.
Ni victime ni bourreau, je ne brandirai pas vos haches et je ne tendrai pas ma gorge.
Je baiserai et pisserai debout, je serai dessus et dessous.
Mon sexe ne sera pas une épée ni le trou noir de vos perversions.
Mes mains et mes cuisses ne serviront pas à étouffer, mais à faire respirer la vie. Mes seins nourriront le monde et mes lèvres répandront l’amour.
Mon corps est à moi et aux étoiles, je ne vous laisserai pas le couper en deux pour être aussi malades que vous, perdus dans la nuit après avoir masqué toutes les lumières.
Ni femme ni homme, je suis l’eau qui court, de la source pure au torrent en furie, de la rivière qui ondule entre les saules au puissant fleuve sauvage qui inonde les plaines, de la mer chaude et colorée à l’océan glacial qui se creuse sous les rafales.
Pas de barrages, par la ruse ou la force je les ferai tous exploser.
Pas d’uniformes, pas d’injonctions, pas d’interdictions, ni blanche ni noir, je passerai à travers toutes les prisons.
Pas de sang sur mes mains, je veux me laver de nos crimes conjoints.
Pas de bêtes égorgées ni de chairs cuisinées au coin du feu.
Ni troufion ni bonniche, je n’exécuterai pas vos basses besognes.
Je ne serai pas une femme, de celles qui absolvent tous les crimes et refusent d’être un homme.
Ni un homme ni une femme, je serai les deux, étrangère exilée au pays des monstres de foire, ressuscité parmi des êtres en perdition.
Pas d’opération ni de transformation, je suis déjà mutée dans une autre dimension.
Ni blanc ni noire, je serai à facettes multicolores pour éclairer tous les recoins obscurs.
Entière, je ne passerai plus mon temps à tenter de recoller les morceaux.
Ni blanche ni noir, je mélangerai le jour et la nuit pour recréer le monde en couleur.

David Myriam - 2004


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