Emmanuel Macron promet au peuple des gilets jaunes un grand débat. D’un côté, il insulte le peuple dans la rue – illettrés, incapables (il suffit de traverser la rue), sexistes, racistes ; de l’autre il propose de débattre.
Ce genre de débat, on en a vu d’autres. Celui sur les nanotechnologies, par exemple, où ne se montraient guère que des partisans de la chose, plus ou moins en mission. Le collectif Pièces et main d’œuvre de Grenoble a heureusement fait échouer cette mascarade, qui n’était qu’une entreprise factice de participation.
Avez-vous remarqué que sur France Inter, ce sont toujours les auditeurs qui posent les questions, tandis que derrière la micro, un invité spécialiste « décrypte », donne les bonnes réponses, dit ce qu’il faut en penser ? Ne devrait-ce pas être le contraire ? Ceux qui savent, par exemple, sont ceux sur les ronds-points, pas les savants qui ne voient les choses que de loin, et qui, bizarrement, se ressemblent tous.
Quelle différence devrait-il exister entre plébiscite et le référendum ?
Napoléon le petit a fait plébisciter son coup d’Etat du 2 décembre 1850 par un corps électoral non représentatif, censitaire, masculin, et vote par corps pour les militaires. Autant dire que ce genre de consultation, venue du haute de la pyramide pour justifier un crime n’a aucune légitimité ni valeur démocratique.
Le référendum devrait être une question posée par le peuple seulement, à son initiative. Mais c’est un tout petit pas, qui comporte des risques de manipulations populistes par les puissants.
Petit pas parce qu’il demande beaucoup d’énergie. Quand on fait partie des « élites » - ce fut mon cas- en un coup de fil, on fait autant que des milliers de militantes y consacrant beaucoup de leur énergie. Pourquoi y aurait-il dissymétrie entre les rares riches et puissants et la masse des citoyens normaux ?
Ecoutez les sur les radios, voyez les qui tirent les ficelles de la télé et de la presse, ils accaparent les places et le temps de parole, se laissent avec vice entraîner à la manipulation mentale avec la publicité.
Le référendum est nécessairement d’initiative populaire. Sinon, c’est un plébiscite. Le référendum reste un tout petit pas démocratique (voyez avec quelle célérité les élites l’adoptent). Un pas faible et qui ne permet rien au fond.
Débattre : oui, mais sur notre terrain
Débattre : oui, mais sur notre terrain. Non pas en des lieux à la légitimité contestée : mairies, préfectures. Débattre : mais sur notre agenda. Débattre, oui, mais avec notre décorum, nos règles.
Pourquoi aurions-nous besoin de quiconque pour organiser des débats ? C’est à nous, entre nous, entre citoyennes et citoyens insatisfaits du cours que prend le pays, de nous construire entre nous.
La question fondamentale est celle de la légitimité : or, la construction et l’équilibre des pouvoirs, telle qu’elle résulte de la constitution de 1958, ne conviennent plus aux conditions du temps, du territoire, d’une économie pérenne, et encore moins à l’évolution des mentalités. Il faut changer. Comment ?
Changer d’assemblée ? Dissoudre ? Gare ! L’histoire montre que les assemblées électives issues de troubles révolutionnaires sont trop souvent réactionnaires. Comment pourrait-il en être autrement ?
Leur recette, l’élection, est justement ce qui vicie la démocratie.
L’élection n’est pas un moyen démocratique
L’élection n’est pas un moyen démocratique. On n’est pas libre seul dans l’isoloir. On ne choisit pas les candidats : on nous les propose. On choisit que dans le cadre conceptuel que l’on propage industriellement par les média de masse qui contrôlent la formation de nos représentations et de nos illusoires besoins.
Comment changer ? Par le rapport politique, qui est d’abord un rapport de force. En exigeant, lors des débats auto-organisés à venir, la convocation d’une Constituante. Mon souhait est que le cœur métaphysique, politique et pratique soit le tirage au sort. J’y reviendrai.
N’exigeons rien de plus, ne demandons rien de moins : une constituante.
N’exigeons rien de plus, ne demandons rien de moins : une constituante.
L’assemblée générale des Gilets jaunes à Crest ce jeudi 10 décembre, à Crest, salle des Acacias, sera je l’espère l’occasion de préciser notre commun désir.
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