Déroulé d’un gai week-end de mobilisations à la frontière

Col de l’Echelle, Montgenèvre, Briançon... Besoins de soutiens

mardi 24 avril 2018, par Auteurs divers.

Contexte : Toute la semaine, la re-militarisation de la frontière a été entamée : sur jeudi, vendredi, samedi, seules 2 personnes ont réussi à passer. Le dispositif de contrôle a été renforcé par au moins 20 militaires (chasseurs alpins en entraînement) présents sur la route pendant la nuit, et 3 motoneiges.

Samedi 21 avril

Samedi, à partir de 9h du matin UNE CENTAINE DE GÉNÉRATIONS IDENTITAIRES (français mais aussi italiens, venus de plusieurs pays d’Europe) SONT MONTÉS AU COL DE L’ECHELLE en raquettes. Le but, indiqué dans les médias, était de faire une action symbolique massive pour « attirer l’attention » sur la frontière franco-italienne et de « bloquer la frontière » pour dissuader les migrant-es de passer.

Les observations des militant·es sur le terrain portent plutôt les effectifs à 80-90 que plus d’une centaine. Ils étaient accompagnés de 2 hélicoptères, qui ont survolé Briançon le dimanche matin, et suivis par des drones, PREUVE QUILS ONT DES FINANCEMENTS IMPORTANTS.

Samedi après-midi, lors du carnaval à Gap, une annonce de la situation à la frontière a été faite ainsi qu’un appel à protéger les lieux. Pendant la nuit, ainsi, 10 à 20 personnes ont pu être présent·es sur chaque lieu.

Les Générations Identitaires ont dormi à l’hôtel à Chanterelle. Des militant·es ont fait des rondes toute la nuit pour observer leurs mouvements, ils ont été mobiles mais rien de particulier n’a été remarqué. Il est néanmoins important de signaler qu’UNE SEULE VOITURE DE GENDARME ÉTAIT PRÉSENTE AU COL DE L’ECHELLE PENDANT TOUTE LA SOIRÉE/NUIT DE SAMEDI, CE QUI CONTRASTE IRONIQUEMENT AVEC LA FORCE DU DISPOSITIF POLICIER UTILISÉ POUR BLOQUER LES ENTRÉES DES CAMARADES EXILÉ-ES.

Samedi soir différents projets pour contrer l’action des Identitaires ont été discutés, dont l’idée d’un passage en groupe de la frontière, débattu à Clavière avec les quarante exilé-es qui y dormaient.

Dimanche 22 avril

Dimanche : Ce 22 avril une mobilisation était prévue par les différents collectifs italiens à Clavière, des cycles de débats et de discussions sur l’histoire de la frontière.

De nombreuses personnes sont donc montées à cette occasion et il a été possible de mettre rapidement en place une action commune. La décision de former un cortège pour accompagner les camarades exilé-es jusqu’à Briançon a été adoptée collectivement et ainsi, DIMANCHE MIDI UNE GROUPE DE PLUS DE 150 PERSONNES EXILÉES ET SOLIDAIRES EST PARTI À PIED DE CLAVIÈRE. LES MANIFESTANT·ES ÉTAIENT 170 EN HAUT DE MONTGENÈVRE QUAND ILLES ONT REJOINT LA ROUTE PRINCIPALE.

Suite à un problème de communication, une camarade grenobloise est passée en voiture, avant le cortège, transportant trois exilés. La voiture été arrêtée en haut de Briançon. Les trois personnes qu’elle transportait ont été, selon la police, descendues à Gap avec les mineurs. LA CAMARADE A ÉTÉ MISE EN GARDE À VUE À LA POLICE NATIONALE ET RELÂCHÉE 8H PLUS TARD. ELLEMOIGNE D’HUMILIATIONSCUES PENDANT SA GARDE-À-VUE.

Pendant ce temps, un barrage de police attendait le cortège à la sortie du tunnel de Montgenèvre, mais les forces de l’ordre étaient clairement en sous-effectifs (moins d’une cinquantaine, avec deux lignes de quelques dizaines de policiers formant un barrage corporel). Sans doute alarmés par les slogans des manifestant·es qui résonnaient joyeusement et avec force dans le tunnel, les policiers ont manifesté des signes de peur en voyant arriver le cortège, notamment en reculant. Ils n’ont fait usage d’aucun moyen de dispersion, aucune sommation de dispersion n’a même été émise, aucun tir de gaz n’a été fait. Le terrain fait qu’ils ne pouvaient pas arrêter l’ensemble des manifestant·es et les camarades exilé·es ont pu contourner le barrage sans difficulté.

Le cortège a continué sa longue marche sous le soleil, le long de la route, pendant les 19 kilomètres qui séparent Clavière de Briançon.
L’hélicoptère du PGHM survolait la scène de très près, sans doute pour filmer ou compter les personnes rassemblées, et la police suivait le cortège sans essayer de bloquer la route. Une voiture d’Identitaires inconscients a traversé le cortège en filmant la scène, ce qui a conduit à l’égratignure d’un de leurs véhicules.

Pendant ce temps, tout au long de l’après-midi, des renforts de gendarmerie sont montés depuis la vallée à grand cris de sirènes. Démunis, ils se sont postés au Champ de Mars et devant certains endroits de Briançon, plutôt dans l’optique de protéger des lieux importants (poste, gendarmerie, gare) que d’attaquer le
cortège, qu’ils ont laissé passer.

A l’arrivée, le cortège est passée par la ville de Briançon pour augmenter sa visibilité, les manifestant·es galvanisées par la force collective qui leur avait permis de passer sereinement la frontière. Des visages sympathiques et des soutiens ont été manifestés par des passants au long de la route et ainsi, EN ARRIVANT AU REFUGE SOLIDAIRE, LE CONVOI AVAIT AUGMENTÉ JUSQU’À ÊTRE COMPOSÉ DE 250 PERSONNES.

Le cortège est arrivé 17h30-18h dans l’effervescence et la joie et les camarades exilé·es ont pu être mis·es à l’abri au Refuge. Tout le monde est resté rassemblé sur le parking de la MJC, pour délibérer, discuter, se reposer de la marche.

Vers 18h30 la décision a été prise de se rendre à la police nationale pour demander la libération de nos camarades arrêté-es plus tôt dans l’après-midi. Dans ce mouvement, deux ou trois militantes italien·nes ont été arrêtéfes alors que le cortège passait devant la gendarmerie. ACTUELLEMENT PERSONNE N’A DE LEURS NOUVELLES. ILLES SONT SANS DOUTE ENCORE EN GARDE-À-VUE.

Une fois arrivé à la police nationale, dans l’incertitude de savoir si les camarades étaient détenu·es dans ces locaux, le cortège est retourné devant le Refuge Solidaire.

Vers 19h - Un militant briançonnais a été interpellé alors qu’il buvait tranquillement une bière à la gare. Les gendarmes ont contrôlé son identité sans raison, et il a manifesté une résistance. ILS SE SONT JETÉS À 6 SUR LUI, POUR LE METTRE AU SOL, IL A ÉTÉ MENOTTÉ. ALORS QUIL SEBATTAIT IL A REÇU DES COUPS DE GENOUX DANS LE DOS, DES COUPS DE PIED SUR LATE. Pour les militant·es briançonnais·es, il s’agit d’une tentative de VENGEANCE PAR INTERPELLATION ciblée contre un individu connu par les autorités locales et qui relève d’un odieux règlement de compte couvert par la force de l’État.

Alors que tout le monde se trouvait devant le Refuge Solidaire, un groupe est allé à son secours. Ces militant·es ont été violemment gazé·es au poivre ; illes ont réussi à extraire le camarade des coups des gendarmes et à s’abriter au Refuge solidaire, les visages brûlés par les gaz. LE CAMARADE, DÉFIGURÉ, AURAITSE RENDRE IMMÉDIATEMENT À L’HÔPITAL, MAIS IL A PRÉFÉRÉ RESTER CACHÉ PENDANT LA NUIT PAR PEUR D’ÊTRE ARRÊTÉ. LA POLICETIENT SES PAPIERS ET SON TÉLÉPHONE.

Pendant ce temps, un groupe de gens (une petite dizaine) identifiés comme des militants d’extrême droite regardaient la scène, debout sur le trottoir de la gare, aux côtés des policiers.

20h00 – Une dame du Refuge Solidaire a fait une annonce : La police aurait prévenu une voisine qu’un groupe de gens armés de cocktails Molotov étaient amassés au coin de la rue, prêts à attaquer d’ici quelques minutes. Elle voulait demander à la police d’intervenir pour protéger le Refuge, mais la police aurait refusé d’agir (s’agissait-il d’une supposition de sa part ou d’une vraie déclaration de la police ?) tandis que les « antifascites » étaient présents sur les lieux.

Dans la précipitation et face au risque d’une mise en danger du Refuge, un groupe est parti protéger le squat de Briançon et les camarades italien·nes ont organisé un départ expéditif en convoi de voitures, par l’arrière du Refuge.

Le soir :

  • Une soixantaine de personnes sont remontées à Clavière pour tenir le lieu ; une veille a été assurée à l’autre lieu de Briançon. Dans ces deux lieux, rien à signaler.
  • Pendant ce temps, seul·es trois bénévoles sont resté·es au Refuge toute la nuit pour s’assurer de la sécurité des sans-papiers sur le lieu. Les rondes des voitures de gendarmerie montraient que la police jetait un œil régulier mais elle n’était pas présente devant le Refuge pour protéger ses habitant·es.

Dimanche après-midi, dans la presse, les membres de Génération Identitaire ont annoncé qu’ils s’en allaient mais qu’un groupe resterait toute la semaine dans le Briançonnais pour patrouiller sur « les différentes routes qu’utilisent les migrant·es pour venir en France ». Satisfaits de la « phase 1 » de leur « mission », ILS
ANNONCENT UNE « PHASE 2 » À VENIR DONT ON N’A AUCUNE IDÉE DE CE À QUOI ELLE RESSEMBLERA.

Le soir, notre ami Collomb a annoncé dans un communiqué qu’il "condamne avec la plus grande fermeté l’ensemble des provocations, gesticulations et incidents qui ont marqué ce week-end dans les Hautes-Alpes et dont des groupes d’activistes d’ultra droite et d’ultra gauche sont respectivement à l’origine". Il « rappelle la volonté de l’Etat de combattre ceux qui souhaitent faire échec aux contrôles des frontières comme ceux qui prétendent se substituer aux forces de l’ordre dans ces missions ».

ILPROFITE DONC DE CETTE OCCASION POUR nous faire la faveur de DÉCRÉTER IMMÉDIATEMENT LE RENFORCEMENT INTENSIF DES CONTRÔLES À LA FRONTIÈRE, AVEC DES ARRIVÉES MASSIVES DE TOUTE LAGION.

Ce lundi matin, partout dans Briançon, la gendarmerie mobile et des CRS patrouillaient, ce qui empêche les exilé·es vivant à Briançon de se déplacer en sécurité dans la ville. Un barrage a été installé à la Vachette.

Des dizaines d’autres cars de CRS ont été vus en train de monter depuis la vallée. On peut aller jusqu’à estimer le nombre de policiers et gendarmes actuellement présents à 200.

LA SITUATION EST CRITIQUE. LA PLUPART DES SOUTIENS MILITANTES EXTÉRIEURS, DONT LA PRÉSENCE A ÉTÉ INDISPENSABLE POURALISER UNE FORTE ACTION DE SOLIDARITÉ CE WEEK-END, VONT PARTIR DANS LES JOURS QUI VIENNENT.

BESOIN DE SOUTIENS POUR FAIRE DES PIEDS-DE-NEZ AUX MILITAIRES ET PIÉTINER À NOUVEAU, TOU·TE·S ENSEMBLE, CETTE FRONTIÈRE !

Des copines de Briançon


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