Brésil : l’extrême droite ultra-libérale est au pouvoir ! - Quelques réflexions sur la démocratie et le fascisme -

Bolsonaro veut détruire la forêt amazonienne, les peuples autochtones et toute opposition

lundi 29 octobre 2018, par Camille Pierrette.

Pire encore que Trump et Macron réunis, le « fasciste » Jair Bolsonaro a été élu hier président du Brésil.
Il est nostalgique de la dictature militaire, et veut mener une guerre sans merci aux pauvres, aux LGBTI, aux opposants politiques...
Ce président clairement d’extrême droite est homophobe et misogyne revendiqué.
De plus, il est pour la privatisation de tout, l’ultralibéralisme, la suppression du ministère de l’environnement, l’extractivisme outrancier, le lobby du boeuf et du soja, pour la destruction des forêts amazoniennes et l’anéantissement des peuples autochtones.
Il est allié aux grandes dynastes bourgeoises, aux milieux financiers et aux églises les plus réactionnaires.
Pour triompher, il s’est aidé de propagandes illégales et outrancières via WhatsApp.
Bref, c’est une calamité sans nom qu’ont « choisit » bon nombre de brésiliens, un déséquilibré, un faux remède qui sera bien sûr encore bien pire que le mal qu’ils croient à tord pouvoir repousser.
En effet, la corruption politique et la violence urbaine que Jair Bolsonaro prétend vouloir chasser était plus forte sous la dictature militaire qu’il admire.

Jair Bolsonaro ressemble assez au sanguinaire président Rodrigo Duterte au pouvoir aux Philippines.
On peut toujours espérer qu’une fois au pouvoir il n’appliquera pas toutes ses déclarations tonitruantes et provocatrices calibrées pour se faire élire, et que les résistances seront suffisamment fortes pour le contenir, ou que ses électeurs se rendent vite compte qu’il ne vaut pas grand chose et que le système qu’il défend ne sert à qu’à conforter les plus riches.

Note : je précise que je ne connais pas plus que ça le Brésil, ce texte n’est pas une analyse de la situation sociale complexe du Brésil, mais une réflexion politique sur les mécanismes sous-jacents et universels à la perpétuation ou l’apparition de régimes plus autoritaires, ici ou ailleurs.

En réalité, la non-démocratie et le capitalisme sont la porte ouverte à l’extrême droite et à l’ultra-libéralisme

En france, des politiciens s’inquiètent de la démocratie menacée par Bolsonaro.
Mais c’est justement parce qu’il n’y a PAS de démocratie au Brésil, parce que là-bas (comme ici) règnent les partis et le capitalisme que des fascistes comme Bolsonaro sont possibles, et souhaités hélas par une bonne partie des peuples brésiliens (surtout les plus riches et les plus blancs).

Dans des systèmes étatiques et centralisés, où des oligarchies accaparent tout le pouvoir politique, où la vie sociale et politique est régit par le chacun pour soi et la compétition capitaliste, il n’y a pas de démocratie réelle, juste un simulacre, un théâtre.
Et ce cadre génère toujours de la corruption, des déceptions, des injustices et des violences sociales. Et la plupart des gens se font avoir, restent dans le cadre, et, manipulés par les médias capitalistes, recherchent éperdument à chaque élection l’illusoire « sauveur providentiel » paternaliste (peu importe les inepties qu’il débite) qui promet d’être différent et de mieux s’occuper d’eux.

Au fond, les vrais responsables de ce désastre sont les partis politiques et les syndicats qui ne veulent pas arrêter le capitalisme, qui ne font pas tout pour créer une démocratie réelle, directe, locale, bâtie par les habitant.e.s eux-mêmes, pour encourager une éducation populaire et d’émancipation, pour démanteler l’Etat et la bureaucratie au profit de petites régions autogérées et reliées solidairement.
En considérant les peuples comme de la chair à élection, des masses à contrôler, en ne faisant pas tout pour stopper le capitalisme, ces dirigeants politiques dits de gauche, ces dirigeants qui parfois se distribuent des postes et des avantages, ces intellectuels libéraux, ces entrepreneurs dits modernes et ces syndicalistes qui se couchent toujours font le lit du fascisme, de l’extrême droite, des cliques ultra-libérales qui feront pire encore qu’eux.

Mais nombre de brésiliens sont bien sûr responsables également, ils continuent de courir comme des serfs après les mirages destructeurs de la soi-disant « prospérité économique », de la Croissance, du capitalisme, du progrès et de sa civilisation industrielle. Au lieu de suivre les sirènes mortifères de la consommation, de l’avoir et de la compétition, ils feraient mieux de s’inspirer du respect de la Terre et de la simplicité des peuples autochtones que la plupart méprisent et considèrent comme de vulgaires sauvages attardés.

Le système de la fausse démocratie et du capitalisme est une sorte de « fascisme » (disons, plus précisément, un système totalitaire, violent, écocidaire et oligarchique), il n’est donc pas étonnant que parfois des régimes plus ouvertement fascistes arrivent au pouvoir par les urnes.
Fascistes déclarés et (fausses) démocraties libérales grenouillent dans les mêmes eaux grises. Rien d’étonnant à ce que de la boue noire et puante sorte épisodiquement de cette gueule pourrie aux dents acérées.
Ce monstre toujours immonde a le ventre toujours fécond.

Capitalisme et démocratie réelle sont totalement incompatibles

Le capitalisme, quelle que soit sa couleur, entretient et accentue la guerre de tous contre tous, la valorisation des intérêts particuliers contre les intérêts communs, les inégalités sociales, le pouvoir aux propriétaires et aux riches, l’asservissement pour certain.e.s et la « haute » culture pour d’autres.
Il est donc impossible de faire de la démocratie, des décisions communes apaisées dans l’intérêt commun, du partage de pouvoir et de richesses, dans un cadre capitaliste qui impose toujours, idéologiquement et matériellement, l’inverse.
Le capitalisme est donc contre la démocratie, il rendra toujours la démocratie impossible.
J’invite donc les mouvements dits participatifs (La Belle Démocratie) et de démocratie réelle à prendre sérieusement en compte ces éléments au lieu de rester dans le champ trop détaché du réel d’une sorte d’apolitisme, de la démocratie « pure » qui ne se mêle pas de l’économie ni d’abolir les classes sociales. Sinon, là aussi ce sera l’échec, la déception, et le retour d’une forme ou une autre de fascisme au final.

Ici, dans la Drôme, comme partout, on voit des entrepreneurs (« verts » et/ou de l’économie « sociale et solidaire »), des bourgeois, des patrons, des notables, des petits auto-entrepreneurs peser pour que le capitalisme continue (sous une forme dite moderne, plus « cool », « collaborative »), pour que le pouvoir politique reste dans leurs mains si éclairées, pour que toujours les pauvres et les rebelles, si mal élevés et irrespectueux, si ignares et incontrôlables, soient toujours ignorés, écartés et dévalorisés.
Sans forcément s’en rendre compte pour certain.e.s, ils défendent surtout leurs intérêts de classe (sociale et/ou culturelle) et la perpétuation d’un système qui détruit le monde vivant et maintient les inégalités et les exploitations.
Ils espèrent bien rester au sommet de la pyramide sociale et toujours bénéficier, de manière cool et collaborative, de l’exploitation, de la misère et des destructions qui se font ici et ailleurs.
Et eux aussi, comme au Brésil, favorisent des vagues de pauvres et de classes moyennes inférieures aigries et en colère, qui, comme le système leur a appris pour se perpétuer même quand il est décrié, se tourneront vers un illusoire « sauveur providentiel », fut-il d’extrême droite.
Toutes ces personnes sont, parfois sans s’en rendre compte, complices de la barbarie, du totalitarisme mondialisé et de la préparation de nouveaux « fascismes ».

Rappelons-nous que le capitalisme et ses agents préfèrent toujours le fascisme à la démocratie réelle et aux peuples qui voudraient sortir de l’économie de marché.

A l’heure où le capitalisme et la civilisation industrielle détruisent tout le vivant et tendent à rendre la planète invivable par une guerre impitoyable, il serait grand temps, dans leur propre intérêt d’ailleurs, que les divers soutiens des capitalistes désertent le Marché et rejoignent la résistance.


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